10h-12h

A quoi m’attendais-je ? A une douce mélodie, composée de ces notes aux envolées libres et douces, aux nuances agréables et modulées ? Sans doute. Un réveil tout en douceur, normal, au milieu de draps et d’un environnement familier. Je suppose.
Parce que je ne sais plus. C’est la première certitude qui me vient quand je rouvre légèrement les yeux. Je ne me souviens plus. Si, je me souviens de m’être endormie, cette fois. Candide. Dieu. Violon. Orgue. Mais sinon ? Je ne sais toujours plus qui je peux être ; la mélodie me reste inconnue. Comme ces chansons où l’on ne fait que fredonner car les paroles nous échappent incontestablement.
Je repousse les draps fins, et un rien poussiéreux, sous lesquels je m’étais glissée dans mon sommeil. Combien de temps avait-il duré d’ailleurs ? Je regarde ma montre argentée et délicate dans un réflexe passé ; fronce les sourcils. Soixante-et-une heure ? Pourquoi ?
Je secoue doucement la tête, faisant virevolter légèrement mes cheveux dorés. Je ne comprends pas, et je me sens soudain encorde plus perdue qu’avant. Et pas qu’à cause de cette montre étrange. Je comprends pourquoi quelques secondes plus tard. La solitude. Je ne veux pas être seule.
Je rejoins la porte de la chambre, et m’avance dans le couloir sans un bruit. Ma voix aux inflexions aérée résonnent dans le couloir vide.

« Candide ? Dieu ? »

Le seul souffle à me répondre dans une mélancolique mélodie est ma propre voix. Je serre légèrement le poing. Je n’aime pas être seule.
Je commence à parcourir le manoir, ouvrant les portes au hasard. Les unes après les autres. Rien que l’idée d’avoir à nouveau affaire à un monstre semblable à celui d’avant que je ne m’endorme –car ce n’était pas un rêve, ça j’en suis malheureusement certaine- me donne la chair de poule. Je ne veux même pas réfléchir à tout ça. A où je suis, comment j’y suis arrivée, cette Ville, tout. Non. Je ne veux pas, je sais que je ne comprendrais pas. Je ne veux pas y réfléchir car sinon je pourrai finir par m’effrayer avec des réflexions dérangées par les évènements précédents. Je ne dois plus être seule. Alors, je pourrai essayer de trouver le courage d’affronter tout ça. De tout tenter.
Comme en réponse à ma mélodie ébréchée, je me retrouve devant une porte solitaire. Que j’ouvre après un nouveau doux soupir.

HJ:

Doucement la porte se referme derrière la jeune femme laissant place à l'obscurité de la pièce. Petit à petit le décor change, toujours dans le noir, Symphonie peut ressentir l'herbe qui lui chatouille les pieds et l'air humide qui fait voler ses cheveux doucement. Il fait plus froid que dans la salle mais tout est encore noir. Petit à petit les couleurs reviennent. Le ciel bleu, l'herbe vert et l'eau bleu et limpide. Et trois petits personnages pas loin.

Spoiler: