Vamos a la playa ~

 16h-18h

Un filet de bave le long de son menton réveilla la belle brune. La position était inconfortable, les membres endoloris ne demandaient qu’à s’étirer de tout leur long. Mais quelque chose la gênait devant, et ce vent frais qui caressait sa joue était tellement agréable comparé à la chaleur ambiante qu’elle n’osait pas bouger.  Elle rêvait d’un voyage, elle rêvait de vacances, elle rêvait de vacances au bord de la mer. Où n’importe où tant qu’il y avait une piscine ou de l’eau à proximité. La position était décidément trop inconfortable, elle ramena son bras vers la bave encore présente pour l’essuyer puis se redressa dans son siège à moitié cassé sans ouvrir les yeux. Cassé ? CASSE ? Elle ouvrit les yeux, que faisait-elle sur un siège cassé ?

Brusquement, elle se redressa et ne manqua pas de tomber à la renverse, son sac à mains avec elle. Dépitée, elle réussit finalement à se relever avant de regarder ses affaires par terre. Il n’y avait pas grand-chose d’ailleurs : une pochette de maquillage, indispensable bien sûr.  Des clés et un guide de voyage… Sur ? Sur quoi ? Elle se pencha vers le livre :

« LES CARAAAAAIBES ! Je suis dans les caraïbes ! Non attend… Y a un souci. »

L’étrangeté des lieux ne payait pas de mines. Un avion… Un avion écrasé ? Plus bizarre encore, ou était les gens ? Même s’ils s’étaient écrasés, même si elle était seule il devait y avoir au moins des cadavres… Elle partait dans les caraïbes mais son avion s’est écrasé sans faire aucun mort ? Et en plus ils l’auraient laissé crevé là, toute seule. Bon en première classe certes, mais quand même !

Elle se rapprocha du siège duquel elle venait de tomber après avoir remis toute ses affaires dans son sac. Elle aperçut un compteur. Le même que sur le siège d’à côté d’ailleurs, et l’autre d’après ! C’était quoi ce délire ? Une mauvaise blague ? Pourquoi y avait-il encore de l’électricité alors que l’avion était quand même…. Non il faut le dire : dans un sale état ! Mais pire que tout : comment allait-elle aller aux caraïbes maintenant ? D’autant plus que le voyage avait dû lui revenir très cher. La poisse. A moins qu’elle se soit écrasé sur les des îles. Elle se dirigea vers une porte de sortie quand un cri résonna dans tout l’aérodrome :

« AIIIIIIEEEEEEEEEEUUUUUUUUUUUHHHHHHHHHHHHHHH ! »

Un bout de métal lui entra dans le pied. Elle était pied nue et elle ne l’avait même pas remarqué. Bon le bout de ferraille n’était pas bien gros, mais quand même ça fait mal ! Elle ne put que s’asseoir et regarder dans sa trousse à maquillage. Et yes, une pince à épiler. Avec un doigté fin, elle sortit le bout de verre du pied dans un ENORME bain de sang. Bon ok, c’était qu’une goutte ou deux. Mais on ne sait jamais, le tétanos ou maladie pouvait se réfugier là, dans ce bout de métal ! De nouveau sur pieds, boitillant un peu, elle se dirigea donc vers la deuxième classe pour trouver une âme qui vive. N’importe qui. Et la sortie de l'avion par la même occasion.

Elle n’avait qu’à peine commencé à traverser l’avion qu’elle tomba sur une personne : une belle femme, une belle femme chaleureuse et douce. Dans ses gestes, dans sa manière de parler. Elle prit le mouchoir que la jeune femme lui avait tendu avant de se poser sur un siège à côté d’elle pour essayer de se bander la plaie elle-même. Elle la gratifia d’un sourire ne sachant pas trop quoi demander. Un merci pourrait suffire, mais elle ne pouvait que continuer à sourire sans trop réussir à se bander correctement le pied. Elle fit un petit nœud qui n’avait l’air de pas bien tenir avant de reposer son pied à terre et de prendre enfin la parole.

« Je… »

Révélation, elle voulait se présenter mais ne se souvenait plus de son prénom. La découverte lui arrivait comme une claque à la figure. Le choc l’avait-elle rendu amnésique ? Mais elle devrait saigner, avoir des hématomes, et tout lui était limpide sauf ce qui la concerné. D’autant plus qu’à part cette blessure au pied, elle n’avait pas la moindre égratigner dû à une chute. Elle observait mieux son environnement et les plantes grimpantes indiquaient bien que l’avion était là depuis bien plus longtemps qu’elles. Malgré la gentillesse de la femme, et la gratitude que Caraïbes avait pour elle, elle ne put s’empêcher d’être plus direct sans passer par la politesse :

« Où sommes-nous ? »

Aucune autre question ne lui venait à l’esprit, juste celle-là compter. La mémoire elle en était sûre, lui reviendrait au fur et à mesure. Mais les derniers instants de sa vie avant d’avoir atterrit ici allait être plus difficile à récupérer. Elle se redressa mais continuer à boiter un peu sur son pied légèrement blessé. Elle regardait ses deux pieds nues, il lui faillait des chaussures. Ça se trouve, la jeune femme était comme elle, perdue, sans souvenir. Et dans ses cas-là, il fallait sortir de cet avion pour connaître la réponse.