Un pti plongeon ?

10h - 12h

Lorsqu'Août s'approche d'elle et prend son menton entre ses doigts, elle sent le danger venir. Il ne va quand même pas la prendre au sérieux ?

"Qui te dit que j'ai jamais embrassé de crevette hm ?"

Oh oh... Elle sait ce qu'il va faire. Le redoute et l'attend. Quand il se contente d'effleurer ses lèvres avant de l'embrasser sur la joue, elle reste frustrée.

"Convaincu ? Ou tu aurais sans doute préféré que j'aille plus loin ?"

Ok. 1 point pour toi bad boy. Joke sourit en entendant Xéna qui prétend que les crevettes peuvent mordre. Elle n'est pas sûr que ce soit vrai mais au pire, elle sera une super crevette. Elle se tourne vers la jeune femme, lui lance un regard entendu. Elle adresse un petit sourire en coin à Août et passe devant lui sans un mot pour aller récupérer son fouet près de l'arbre et sa balle de jonglage qu'elle remet nonchalamment dans sa sacoche.

Du coin de l'oeil, elle a vu Apple refermer ses bras sur du vide. Lorsque le garçon passe sa main dans ses cheveux d'un air gêné elle s'approche de lui, pose la main sur son avant-bras et lui lance un sourire timide. Elle aussi elle aimerait bien retrouver sa rouquine. Alors elle comprend.

"En route pour le lac alors !"

Elle part devant, toujours appuyée sur ses béquilles. Elle pense un peu plus à Août qu'elle ne le voudrait. Elle aurait pu l'embrasser fougueusement pour le voir pris à son propre piège. Mais c'est bien trop facile. Il veut jouer ? Ça tombe bien, elle adore ça. Et son instinct lui souffle qu'elle ne doit pas être mauvaise dans ce domaine.

Elle s'arrête devant le lac. Le soleil miroite sur l'eau calme et sa lumière l'éblouit. Cet endroit et magnifique. Elle ne regarde même pas derrière elle. Elle pose sa sacoche, son fouet et ses béquilles au sol. Lentement, elle retire ses ballerines et défait le noeud dans son dos. Sa robe tombe au sol et elle se retrouve en sous-vêtement. Elle retire son élastique et ses cheveux tombent dans son cou, libres.

T'es folle... Mais non, j'ai envie de me baigner. Elle s'approche de l'eau qui lèche ses pieds. Elle est fraîche. C'est agréable. Elle mouille sa nuque, ses épaules et plonge. Son corps est saisi par le froid et elle tremble un peu en remontant à la surface. Pas grave. Elle brasse un peu et se retourne vers ses amis.

"Vous venez ? Elle est froide mais ça fait un bien fou !"

Elle sourit. Lance un clin d'oeil à Août, accompagné de ce petit sourire en coin qui la caractérise. Tout est dit. Tu vas pas te dégonfler, hein bad boy ?

Suite à ma proposition, nous nous sommes dirigé en direction du lac, Apple ayant rejoint notre...groupe ? On peut appelé ça un groupe, on se quitte pas, un peu comme une petite famille. Joke serait comme ma petite sœur... même si elle est sans doute plus âgé que moi. Une fois en face de l'étendu d'eau, j'observe les gestes de la rousse qui se... déshabille ?! Je tente de cacher mes rougeurs alors que la jeune femme était occupé à entrer dans le lac. Mais elle est inconsciente ou quoi ?! J'allais l'en empêcher, l'engueuler, mais elle s'éloigne déjà de la rive.

Elle me lance un regard emplit de défi, je soupire avant de me résigner, je vais devoir aller la chercher moi même... Je retire ma veste pour avoir un vêtement sec, hors de question de me déshabiller pour cette crevette. Je réprime un frisson en entrant dans l'eau, fraîche ? Mais elle est glacée cette putain de flotte ! Je soupire, continuant d'avancer en frissonnant légèrement à cause du froid caressant ma peau dans une douce torture.

- Joke, sort de là, c'est dangereux, tu le sais... On a plus pied ici, si une créature sous marine nous attaque, on pourra pas se défendre !

Je soupire, la regardant sans émotion particulière. Je passe ma main dans ses cheveux mouillés.

- J'ai pas envie que tu crèves maintenant, je tiens quand même à toi.

Même si je le laisse pas transparaître. Je nage sur place, frissonnant encore sous le froid.

- Passe devant, je te suis.

Apple sort complètement perdu de son souvenir mais au moins il n’a pas l’air traumatisé, juste… troublé. Le fait que le brun nous accompagne me tire un sourire en même temps que cela me contrarie. Contradiction totale certes avec ce que je viens de lui dire mais il sera toujours une personne de plus à qui je risque de m’attacher. Attachement signifie protéger, souffrir et perdre. Du moins c’est ce que j’ai l’impression de penser depuis mon arrivée dans cette ville, sans pouvoir toutefois me résoudre à vraiment rester seule, parce qu’avouons-le, je tiens déjà beaucoup trop au roux blasé et à la petite crevette.

Laquelle me lance un regard appuyé juste après la provocation d’Août. Oula, elle, elle a une idée derrière la tête et je ne suis pas si sûre que c’en soit une très bonne. Au moins, frapper le rouquin aurait été clair et expéditif. Au lieu de ça elle part vers le lac. Maintenant on est sûrs que nous sommes tous les quatre d’accord sur ce point… Je fronce les sourcils. Pourquoi commence-t-elle à se déshabiller ? Elle ne va tout de même pas… ? Et ben si, il faut croire. Joke plonge dans l’eau. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est idiot, non, l’endroit est idyllique, le lac ressemble à la surface polie d’un miroir, bref, tout à fait l’endroit où faire trempette est tentant. Je crie à la crevette :

-Tu devrais sortir de ce lac. Juste histoire d’éviter de te faire croquer les orteils dans le cas où il y aurait aussi un monstre là-dessous.
Août est allé la chercher. Et voilà que monsieur se la joue chevalier servant maintenant. Je n’entends pas sa première réplique tandis que je m’avance jusqu’au lac mais ne manque pas une miette de la deuxième :

- J'ai pas envie que tu crèves maintenant, je tiens quand même à toi.

Le roi des glaçons en personne admettant enfin face à l’indomptable pile sur ressort que sa mort lui ferait de la peine. Le scoop de l’année. Je secoue la tête en m’asseyant au bord de l’eau, prête à nager vers eux s’il se passe quoi que ce soit de dangereux. Moi non plus je ne veux pas la perdre, je la considère déjà comme une amie précieuse – un peu imprévisible et intenable, certes – alors que nous nous connaissons au bas mot depuis trois ou quatre heures. Tout comme j’aurais du mal à imaginer continuer sans Août, sa fierté et son machisme – encore qu’il se soit calmé. Cet endroit n’est pas si mal, finalement. J’aimerai juste qu’ils se dépêchent de revenir sur terre, parce que je commence à m’inquiéter. Juste un peu.

-Dépêchez-vous, je n’ai pas confiance en ce lac. Et Joke, quoi que tu aies prévu pour te venger, je t’aiderai, mais pas ici…

Voilà, maintenant j’ai une boule au ventre. C’est tellement désagréable d’avoir peur pour rien. Comme d’habitude… Et cela ne risque pas de s’arranger dans cette ville. Entre les souvenirs flippants, les gens sur qui veiller et les monstres qui risquent de les croquer, on ne peut pas dire que cet endroit soie une promenade de santé.

Apple fut rapidement doublé par les autres sur le chemin du lac et esquissa un doux sourire. Les trois s'entendaient véritablement à merveille et ca lui faisait plaisir de voir cela. A leur façon, ils avaient réussi créer un lien entre eux, quelque chose qui les faisait se sentir moins seul dans ce monde inconnu. Car au fond, avec l'absence de leur mémoire, la solitude les envahissait indéniablement. Qui suis-je ? Où suis-je ? Que de questions sans réponse. Enfin, les petites sphères volantes semblaient porter des réponses à la première interrogation. Elles en apportaient cependant tout autant mais Apple décida de rejeter cela, d'arrêter de trop réfléchir pour simplement profiter de ce moment près du lac. Rapidement la rouquine se jeta dans l'eau, suivi de Août. Le brun se contenta de s'assoir à coté de Xéna, observant les deux baigneurs. Il devait admettre que si se prélasser un peu au soleil en laissant les autres nager dans le lac lui plaisait grandement comme idée, il ne pouvait oublier les dangers de cette ville. Un loup dans une gare était suffisamment étonnant et effrayant pour ne pas s'inquiéter du reste de l'endroit.

"Oui si vous pouviez éviter de réveiller le Kraken, ça serait pas mal."

Il ne savait pas d'où il connaissait ce nom mais il lui était très familier. Il était même capable de dire qu'il s'agissait d'un monstre marin. A croire que certains petits détails demeuraient dans le cerveau. Ou alors, peut-être utilisait-il ce mot souvent ? A moins qu'il ne voue une véritable fascination à cette créature ? Encore des questions sans réponse. Il ne put retenir un léger soupir.

Le monstre est déjà occupé à essayer de chasser ces humains gênant. Et voilà que d’autres viennent remuer l’eau de son lac. Après une impulsion, elle s'élève vers la surface et regarde les petites formes qui se débattent. Sa tête sort subitement de l’eau à quelques mètres de Joke et Août. Elle les regarde, lassée. Veulent-ils traverser ?

Oh non elle ne va pas sortir de là. Pas alors qu'il vient de la rejoindre. Elle a envie de rassurer Xéna mais elle n'en a pas le temps car il se met déjà à parler. Ben s'il y a un monstre marin on fera connaissance, arrête de flipper... Son regard est vide de toute expression. Elle ne le comprend pas, cherche une réponse.

"J'ai pas envie que tu crèves maintenant, je tiens quand même à toi."

Quand même ? Ça veut dire quoi ça ? Que même si je suis une gamine chiante et impulsive tu me supportes c'est ça ? Il ne joue plus. Joke est blessée. Elle baisse les yeux tandis que son sourire s'efface. Après tout c'est vrai qu'elle n'est pas comme lui. Pas comme eux. Elle avait oublié.

"Dépêchez-vous, je n’ai pas confiance en ce lac. Et Joke, quoi que tu aies prévu pour te venger, je t’aiderai, mais pas ici…"

Quoi ?! Même Xéna la lâche. Ça ne regardait qu'elles deux ça... Pourquoi est-ce qu'elle est comme ça ? Pourquoi n'a t-elle pas peur ? Elle voulait juste profiter d'un moment avec eux. Les paroles d'Apple la font sortir de ses pensées. Le Kraken ? Connaît pas, c'est quoi ça ?

La réponse apparaît, évidente. Sous la forme d'une gigantesque tête qui émerge du lac, tout près d'elle. Oh oh... Elle n'a toujours pas peur. Après tout, son regard n'est pas méchant, ça se voit. Mais bon, elle ira vérifier ça toute seule.

"Balisez pas, je vais voir si on peut communiquer !"

Elle tend le bras et ses doigts effleurent le bras d'Août qui tremble légèrement à cause du froid. Une moue triste se dessine sur son visage. Parce qu'il ne comprendra pas. Tant pis.

"Rejoins la rive, j'ai pas besoin de toi. L'enquiquinante crevette survoltée va faire ami-ami avec le Kraken. Une bêtise que tu pourras ajouter à son palmarès."

Elle ne le regarde pas. Elle aurait bien aimé qu'il voit ça comme une aventure à vivre ensemble. Mais si elle l'écoute elle devra fuir. Tout ce qu'elle veut elle, c'est en savoir plus sur cette créature. Elle plonge sous l'eau et se met à nager pour se rapprocher d'elle rapidement. Lorsqu'elle se retrouve juste devant, elle pose sa main près de sa gueule et la caresse doucement.

"Bonjour ! Je m'appelle Joke ! Et toi, c'est quoi ton pti nom ?"

Elle est folle ou elle le fait exprès ? Xéna se range de mon côté, elle aussi a un mauvais présentiment concernant ce lac. Apple parle à son tour de monstre sous-marin, mentionnant un possible Kraken dans l'étendu d'eau. Je frissonne contre moi en imaginant une bestiole immense qui nous entraînerait sous l'eau pour nous noyer. Des vagues se forment à la surface, signalant un mauvais présage. Des vagues dans un lac, ça n'existe pas, donc quelque chose les créent...

Ce "quelque chose" ne tarde pas à montrer sa tête, un long cou s'élève hors de l'eau, de grand yeux sont posés sur nous. Joke parle, encore et encore, pourtant elle est différente de tout à l'heure. Elle semble plus... triste et distante ? Elle me parle, sans un regard ni même un sourire. Elle me dit qu'elle n'a pas besoin de moi, une demande indirecte pour que je la laisse seule dans ce lac face au monstre. Hors de question !

Je n'ai pas le temps de protester, elle s'est déjà élancé dans sa direction. Putain ! Je nage à sa suite alors qu'elle pose déjà une main sur la peau de la créature. Je m'arrête à ses côtés, passant un bras autour de sa taille pour la rapprocher de mon torse, je me maintiens à la surface en battant des jambes, d'une bras je tenais Joke, de l'autre mon couteau suisse dans ma main, prêt à crever un œil à la créature au moindre signe d'une attaque.

- Tu comptes servir de repas à cette chose si elle n'est pas disposée à faire ami-ami avec toi ?

Je reste calme, à croire qu'elle se vexe quand je lui parle froidement. Je me contente de la serrer plus fort contre moi, calmant mes tremblements de froid par la même occasion. J'ai promis de la protéger, j'aurais l'air de quoi moi, si elle se fait bouffer par cette chose ? Elle n'a pas l'air de se rendre compte que je me suis attaché malgré tout à elle. Comment ? Je l'ignore, mais je n'ai pas envie de la perdre, sa mort ne serait pas aussi insignifiante que celle du mec que j'ai buté dans mon souvenir.

Ce n'est pas le moment, non, vraiment pas le moment et pourtant c'est bien une boule lumineuse, un souvenir, qui s'arrête paisiblement, comme si de rien n'était, au côté d'Août.

Spoiler:

Joke n’écoute ni Août ni moi ce qui ne m’étonne absolument pas ; elle n’est pas du genre à écouter la voix de la raison, encore moins si c’est le roux qui lui fait la morale. Son sourire s’efface au moment où une tête apparaît non loin d’elle dans le lac. Il y a vraiment un monstre dans ce lac ! Pour l’instant, il n’a pas l’air de vouloir attaquer mais je me redresse d’un bond, prête à sauter à l’eau s’il le faut pour aller aider Août et Joke.

"Balisez pas, je vais voir si on peut communiquer !"

Et voilà, c’est reparti pour un tour… Communiquer avec une espèce de dinosaure marin ne me semble pas très judicieux. La crevette envoie le roux balader, de toute évidence vexée par notre manque de compréhension. Faire ami-ami avec le Kraken. Non… Le Kraken est une pieuvre, cette bestiole-là se rapproche plus du monstre du Loch Ness… Je cligne des yeux, comme à chaque fois que je connais une information tout en ignorant d’où elle vient. Joke se met à nager et rejoint le monstre en un clin d’œil. Je n’entends pas ce qu’elle dit, trop éloignée… Août la rattrape et la tient serrée contre lui en brandissant son couteau suisse. Avec un rat, passe encore, mais pas avec ce truc qui dépassait de l’eau.

Peut-être que je n’aurais pas dû réagir comme ça avec Joke. Ce n’est pas pour rien que d’ordinaire je passe trois heures avant de faire quelque chose. Trop d’idées, trop de possibilités qui mènent à chaque fois sur des chemins différents. Je ne peux pas revenir en arrière, alors autant assumer et aller les rejoindre.

-Bon, je suppose que je n’ai pas trop le choix… Incapables de rester sérieux deux minutes, ces deux-là… Faire mumuse avec un monstre marin, je vous jure, on aura tout vu. Apple, je crois qu’il va falloir faire trempette si on ne veut pas les perdre.

Je jette un coup d’œil à la sacoche de Joke, à son fouet posé et à côté ainsi qu’à sa robe. Elle était vraiment obligée de se déshabiller ?! Je ramasse le tout avec un soupir, ce sera trempé dès que j’irai dans l’eau mais au moins elle aura encore quelque chose à se mettre et une arme pour se défendre dans le cas où le monstre marin décide de faire des siennes. Tant pis pour le manteau d’Août, le roux pourra se débrouiller sans, je suis assez chargée. Je mets la sacoche en bandoulière, y place la robe roulée en boule en prenant garde de ne rien déplacer de l’attirail de jonglage qui se trouve à l’intérieur et garde le fouet à la main.

Je me jette à l’eau, glacée, évidemment et nage jusqu’à mes deux amis. C’est une mauvaise idée, mais au moins je pourrais les aider plus efficacement qu’en restant sur la terre ferme. J’arrive auprès d’eux, juste au moment où une boule lumineuse se fige devant Août. Encore ? Tain’, cette ville n’en finira donc jamais de nous harceler. Je le détache de Joke ; la crevette peut nager seule, quand même, non ?

- Touche ce souvenir, on se charge de retenir le Loch Ness.

Spoiler:

Jamais Apple n'aurait pensé qu'un véritable monstre sortirait de l'eau ! Il restait là, la bouche bée tandis que la créature les dévisageait tour à tour presque avec lassitude. Sa curiosité montait en flèche et une foule de question envahissait son esprit qui apparemment ne lui laissait jamais de répit. A quel point cette bête était-elle grosse ? Que cachait-il sous l'eau ? Comment créait-elle les vagues ? Etait-elle carnivore ? Trouvait-elle la gamine appétissante ? Cette pensée le figea. La gamine... Pourquoi s'avançait-elle vers ce possible kraken ? Avait-elle donc perdu l'esprit ? Ou ne possédait-elle simplement pas d'instinct de survie ? Un soupir lui échappa. Une chose était sure, elle se montrait... fatigante. Si son cerveau ne le laissait pas en paix, elle semblait incapable de rester calme deux secondes.

Rapidement, après quelques mots, Xéna plongea à son tour pour les aider. Sincèrement, le brun ne voyait pas en quoi elle aiderait. Non pas qu'il soit médisant mais... l'animal était aquatique. A partir du moment où ils étaient dans l'eau, ils seraient sur son territoire et donc en danger. L'important était que tout le monde sorte et non d'ajouter des proies qui exciteraient peut-être davantage le monstre.

"Vous feriez mieux de sortir surtout ! C'est beaucoup trop dangereux de jouer avec un animal pareil !"

Son regard se posa sur Août et il se mordit la lèvre. S'il touchait la boule - ce qu'il ferait surement - il entrerait dans cette transe, cette sorte d'absence et ... pourrait se noyer. Ce fut la pensée de trop et Apple oublia ses précautions précédentes. Rapidement, il retira ses chaussons - nager avec serait loin d'être aisé - puis posa ses lunettes à coté avant de plonger à son tour. En quelques brasses, il rejoignit le rouquin et pointa la boule de la tête.

"Tu devrais la toucher avant qu'elle disparaisse. Je m'assurerais que tu te noies pas pendant ce temps."

Spoiler:

Elle ne saurait définir la sensation qui naît sous ses doigts au contact de la bête mais ce n'est pas désagréable. Elle ne peut pas croire que cette créature soit méchante, c'est plus fort qu'elle. Elle sent son ventre se tordre un peu quand Août vient passer son bras autour de sa taille. Ce n'est pas désagréable non plus...

"Tu comptes servir de repas à cette chose si elle n'est pas disposée à faire ami-ami avec toi ?"

Sa voix est profonde et grave, parfaitement calme dans le creux de son oreille. Son souffle la chatouille. Elle est contente qu'il ne soit pas en colère. Elle aime bien l'écouter quand il est comme ça. Quand il la serre un peu plus contre lui, elle sent une douce chaleur se répandre en elle et oublie le froid. Elle est bien là, contre le torse du roux.

"Tu crois que ça mange les crevettes ? J'ai pas peur, tu es là."

Elle n'a pas parlé très fort, juste assez pour qu'il l'entende. La petite lumière vient briller devant ses yeux avant de voleter autour d'Août. Elle ne bouge pas, de peur de l'effleurer. C'est à lui et elle ne veut pas violer son intimité. Elle s'apprête à lui dire qu'elle le retiendra pendant son absence mais sent déjà les remous qui arrivent sur eux.

Xéna la sépare de lui et lui promet la protection. Le froid la mord violemment. Elle était vraiment bien... Mais ce n'est pas grave, sa pirate est là et elle a même pensé à ses affaires. Joke sourit en la regardant et voit Apple arriver du coin de l'oeil. A son tour, il propose de prendre soin d'Aout pendant qu'il revivra son souvenir. Ils sont gentils tous les deux. Bon, elle doit se rendre utile aussi. Elle récupère son fouet des mains de Xéna en la remerciant d'un signe de tête et se glisse dans le dos d'Août, le prenant dans ses bras l'espace d'un instant en le voyant trembler :

"Je m'occupe de la créature. Toi tu retrouves la mémoire. Pour une fois c'est moi qui te protège."

Sur ces mots, elle nage vers la bête dont elle n'aperçoit toujours que la tête. Ils seront bien assez de deux dans l'eau pour s'occuper du rouquin. Alors elle prend appui sur la créature et se hisse sur sa tête, en faisant bien attention de ne pas la blesser avec son fouet. Une fois calée dans son cou, elle entreprend de la caresser doucement. C'est bizarre cette sensation... Presque aussi bizarre que les bras d'Août. Pas désagréable. Mais pas aussi agréable quand même.

Spoiler:

Un souvenir ? Maintenant ? C'est vraiment pas le moment ! Je soupire, détournant mon attention de cette sphère nuisible. De toute façon, à quoi bon regarder un souvenir qui me remontrera un massacre du passé... Joke se détache de moi quand Xéna et Apple nous ont rejoint dans l'eau. Juste avant ce geste, elle m'avait dit quelque chose... Elle n'avait pas peur car j'étais là... Alors c'était pour ça tout son petit manège ? Pour que je reste avec elle ? Je soupire, c'est vraiment un cas... Les trois veulent me protéger le temps de mon souvenir, mais j'en veux pas. Quand Joke s'approche d'avantage du monstre, je me lance à sa poursuite, nageant aussi vite que je peux pour la rejoindre. A mon tour, je me hisse sur la tête de la créature en ébouriffant ma crevette.

- Tu pourrais m'attendre quand même... Et puis, j'en veux pas, de ce souvenir, si c'est pour me revoir en train de refaire une connerie, non merci.

Je souris légèrement avant de me caler derrière Joke. Je lui parle à voix basse ensuite, de sorte qu'elle puisse être la seule à m'entendre.

- Et puis, tu l'as dit toi même, tu n'as pas peur quand je suis là. Je voudrais pas laisser ma crevette effrayée quand même.

Spoiler:

Elle pensait être tranquille. Elle pensait qu'elle pourrait être tranquille grâce à ce souvenir. Partagée entre deux côtés. La queue d'une côté, la tête avec ce groupe. Mais non. Le roux et la rousse montèrent sur sa tête. Ils voulaient traverser ? Ils traverseront, sans attendre la brune et le jeune homme restés sur le sol et l'autre brune qui était téléportée ici. le serpent des mers déplaça les deux êtres et les déposèrent au niveau du blond et de bonbon rose.
Les deux individus ont perdus chacun 15 heures.

Sans rien demander de plus, la créature de l'eau replongea dans l'eau.

Elle fulmine. Il n'a pas prit son souvenir. Pour se venger, Elle lui retire 45heures.

Si Août avait touché le souvenir, voilà ce qu'il aurait pu voir :
Spoiler:

Mais il ne l'avait pas fait, alors Elle lui a prit son temps.

La normale des choses, quand on ouvre une porte et on en passe le seuil à l’intérieur d’un bâtiment, est de se retrouver dans une nouvelle pièce. Qu’il fasse noir est normal ; c’est ce que je pense les premières secondes. Mais avant que je n’ai le temps de chercher à tâtons, alors que je me demande pourquoi aucune lumière ne filtre du couloir que je venais de quitter, je sens une légère brise agiter les mèches de mes cheveux, entre les oreilles de mon bonnet sombre. Et je peux être sure de ne pas être dehors, car il y fait déjà jour.
Pourtant ce n’est plus du plancher sous mes pieds. Mais de l’herbe.
De l’herbe.
Comment puis-je sentir de l’herbe sous mes bottines alors que je suis à l’intérieur d’un manoir me direz-vous ? Simplement en me retrouvant hors du-dit manoir. A vrai dire, je préfère ne pas chercher pourquoi. Je prends simplement les notes telles qu’elles viennent ; au moins comme ça je suis sure de ne pas me sentir abandonner et par le monde et par ma raison. Alors j’encaisse l’improbable fait de me retrouver bien loin de là où je me trouvais il y a quelques secondes, que je constate en regardant autour de moi, et je regarde un peu plus autour de moi.
Un lac. Un immense lac. Evidemment, pas de manoir en vue. Juste de l’eau claire et limpide sur laquelle brille délicatement l’astre solaire.
Je m’approche doucement de celui-ci, près de la rive qui surplombe le bassin. Fronce les sourcils. Deux roux, une fille et un garçon d’après ce que je vois, qui surplombe un…

« Un monstre ? »

Ma voix, qui n’est qu’un souffle suave, exprime toute seule ce que je n’arrivais pas à penser. Ou plutôt, semble être là pour me convaincre de ce que je voyais. Parce que les monstres, j’espérais quand même encore au fond de moi qu’ils n’avaient été que des hallucinations ou des rêves. A moins que tout cela ne soit né de mon imagination. Mais toutes ces harmoniques sont trop tangibles, trop réelles malgré leur côté fantastique pour que je ne puisse y croire. Alors je fixe la scène, mes yeux oscillant entre le bleu et le violet écarquillés.
Seulement, quand le monstre se tourne avec les deux adolescents sur le dos, un réflexe me fait avancer d’un pas. Je sais aussi que si j’avais pu, j’aurai levé la main dans un mouvement vain en voulant les retenir, ou arrêter la bête. A plusieurs mètres d’eux, oui, c’est bien pour ça qu’il aurait été vain. Mais de toute façon, je n’ai pas le temps de finir mon geste ; mon pied que j’ai trop avancé glisse sur le sol en pente, et je n’ai pas le temps de me rattraper.
Alors je bats quelques secondes des bras pour vouloir me rattraper, avant de tomber vers la surface limpide de l’eau gelée.

« KYAAAAAAAAAAAAAAH ! »

Joke me reprend son fouet, me laissant la besace. Je fronce les sourcils en surnageant pour ne pas couler : je suis presque certaine qu’elle a une idée derrière la tête et pas forcément une censée. Elle rassure Août, l’incite à toucher son souvenir comme je viens de le faire et, chose qui ne m’étonne même plus, annonce qu’elle va se charger du monstre. A bien y regarder, c’est vrai que cette chose ressemble au monstre du Loch Ness… Une information m’échappe alors que je tentais de la saisir et je prends conscience de ce que la crevette vient de faire. Quelque chose d’irréfléchi, évidemment… Qui prendrait l’initiative de monter sur le dos d’un monstre marin si ce n’est Joke la casse-cou ? C’est cela qui la rend si attachante, je suppose… le fait qu’elle soit imprévisible.
Avant que j’ai pu réagir – comme quoi je suis une assez grosse inutile dans mon genre – Août se rue à la suite de sa crevette sur ressort, délaissant totalement le souvenir.

-Attends !

Il se hisse sur la créature et murmure à Joke des paroles que je n’entends pas. Parce que je sens que tout ça va très mal… Le monstre nous délaisse totalement et entraîne le roux et Joke dans la direction opposée, vers l’autre rive du lac loin d’Apple et de moi. Inaccessibles. Perdus. Une flamme trop vite éteinte dans ma vie. Pouf. Envolés. Cette évidence repasse en boucle dans ma tête ; ils ne sont plus là. Les liens que l’on tisse sont éphémères et n’apportent que souffrance lorsqu’ils se brisent. Et cela arrive. Immanquablement… J’essaie de reprendre pied. Nous sommes coincés dans cette ville, ils ne sont pas morts, juste de l’autre côté de ce lac.

-Reviens-là, le dragon des mers ! Je dois traverser ! S’il te plaît !

Je hurle à m’en casser la voix, mais je doute que cette chose m’entende et encore moins qu’elle me comprenne. Je pouvais toujours… Un bruit d’éclaboussure dans l’eau m’a fait faire volte-face.

« KYAAAAAAAAAAAAAAH ! »

Un cri, en provenance du bord. Je plisse les yeux. C’est une fille, tombée la tête la première dans le lac. Ouch. La pauvre, l’eau est glacée. Je jette un coup d’œil vers l’horizon, là où ont disparu Joke et Août et mon cœur se serre. Je les retrouverai, c’est sûr, mais ils ne sont pas là et quitte à faire quelque chose d’utile, autant allez voir si celle qui est tombée ne s’est pas fait mal.

-Apple… on les retrouvera plus tard.

Mon ton est à moitié éteint. Je nage vers le rivage sans attendre le brun et me penche vers la blonde qui s’est étalé la tête la première dans le lac. Je la remets sur ses pieds et plante mes yeux dans les siens, hésitants entre le bleu et le violet et brillant de douceur.

-Alors, je n’ai pas envie de te traumatiser, ni de te presser. Mais j'ai trois questions : Ton nom ? Est-ce que tu es aussi amnésique ? Et… tu connaîtrais un moyen efficace pour appâter les monstres marins style Loch Ness ?

J'ajoute pour éviter d'avoir l'air d'une psychopathe perturbée, ce qui est assez proche de mon état d'esprit actuel, j'ajoute :

-Moi, c'est Xéna.

C'est peut-être un peu direct, mais je n'ai pas le temps de faire dans le subtil. Je n'ai qu'une seule chose en tête, retrouver Août et Joke avant de me convaincre que s'attacher aux gens est inutile.

Apple avait été pris de vitesse par la brunette pour aller voir la nouvelle arrivante fraichement tombée dans l'eau. Il nagea tout de même vers les deux demoiselles et soupira en entendant les questions de Xéna. Si elle cherchait à la mettre à l'aise, c'était raté. Le brun sortit de l'eau et un frisson le parcourut. Il faisait vraiment froid... Il n'aurait pas dit non à une serviette ou quelques vêtements de rechange. Il n'était cependant pas le moment de faire la fine bouche et il s'approcha des deux autres.

"Et je suis Apple mais surtout, ca va ? Vous ne vous êtes pas fait mal en tombant ?"

Il observait la jeune fille, espérant sincèrement qu'elle ne se soit pas blessée. Certes, elle devait être aussi gelée qu'eux mais tant qu'elle n'avait mal nulle part, c'était le principal. Le seul homme du trio entreprit de retirer sa chemise dans le but de l'essorer un peu. Naturellement, il s'était tourné pour faire dos aux demoiselles. Le geste avait été réalisé autant par respect que par pudicité. Il n'avait pas spécialement envie de montrer son torse à tout le monde, d'autant plus qu'il n'était pas particulièrement musclé ou quoique ce soit. Il enfila ensuite à nouveau le tissu humide sur ses épaules, un nouveau frisson l'envahissant puis il refit face aux jeunes femmes.

"Xéna, vous n'avez pas décidé d'un point de rendez-vous avec les autres ? Au cas où vous vous perdez comme là."

L'idée n'était pas à exclure et cela simplifierait considérablement les recherches plutôt qu'errer dans une ville inconnue qui pouvait être gigantesque. Etrangement, au vu du caractère de la gamine et l'élan de témérité de Aout, il doutait que les trois aient pensé à cela... Il verrait bien si sa théorie était fondée ou non. Il ne fallait pas se fier aux apparences.

Froid.
J’ai froid.
Je ne respire plus
L’eau attaque mes poumons avant même que je ne pense à arrêter de crier en tombant. Glaciale, elle s’infiltre dans mes vêtements, semblant me glacer jusqu’aux os. Heureusement que, dans ma maladresse, le lac n’est pas trop profond. Après quelques secondes, je ressors la tête de l’eau à la recherche désespérée d’air. Cela dit, j’ai à peine le temps de profiter de l’agréable sensation de respirer, après avoir crachoté quelques gorgées de liquide glaciale, que la fille qui était dans le lac m’a rejoins. Dans un staccato effréné, elle enchaine les questions.

« Alors, je n’ai pas envie de te traumatiser, ni de te presser. Mais j'ai trois questions : Ton nom ? Est-ce que tu es aussi amnésique ? Et… tu connaîtrais un moyen efficace pour appâter les monstres marins style Loch Ness ? Moi, c'est Xéna. »

Je la regarde sans ciller, cherchant à quelle réponse il faut que je réponde en premier. Surtout que j’en ai qui tournent dans ma tête, qui me parasitent comme des ultrasons et empêchent ma concentration, sans compter ce froid polaire qui semble vouloir me transformer en glaçon. Un glaçon qui claque des dents, plus précisément.
Le garçon qui était à ses côtés ne tarde pas à nous rejoindre.

« Et je suis Apple mais surtout, ca va ? Vous ne vous êtes pas fait mal en tombant ? »

Je le fixe lui aussi sans répondre. A croire qu’à force de questions, mon cerveau ne veut plus vraiment fonctionner. Encore moins trouver des réponses à toutes ces questions. Quoi que, je peux hocher de la tête pour les questions du garçon. Oui, voilà, comme ça, de bas en haut. Oui, je vais bien. Je meurs de froid –de peur aussi, même si j’essaie de l’ignorer- et je n’arrive plus à retrouver mes moyens. Mais sinon, ça va. Ah et, il y a un monstre dans le lac, hein. En option.
Le dénommé Apple se retourne alors, enlevant sa chemise pour l’essorer, et je détourne les yeux dans la seconde. Oui, il est retourné, mais d’instinct je ne peux m’empêcher de regarder ailleurs. Alors mes yeux plongent de nouveau dans les prunelles claires de Xéna. Eux aussi ils avaient vu le monstre, elle me l’avait confirmé en posant toutes ses questions. Mais comment est-ce possible ? On est pas dans un film de science-fiction…

« Xéna, vous n'avez pas décidé d'un point de rendez-vous avec les autres ? Au cas où vous vous perdez comme là. »

Je jette d’abord un rapide coup d’œil vers le garçon, pour entrapercevoir et confirmer qu’il est bien rhabillé, avant de me permettre de le regarder à nouveau. Oui, voilà.
J’hausse les sourcils. Me mords la lèvre. L’intérieur de la joue. Finalement, ma voix au ton si léger accepte enfin de sortir de ma gorge, étrangement accordé à l’ambiance du lieu.

« Symphonie. Je m’appelle Symphonie. Enfin, c’est ce que j’ai choisi… Vous non plus vous ne vous souvenez plus de rien ? »

Voilà. Première question posée. Parmi le millier qui brouille mes pensées.

« Ces personnes… C’étaient vos amis ? Et je ne sais pas comment faire, mais il y a des monstres partout dans cette Ville ? J’en ai déjà croisé un, et des ronces… J’étais dans un manoir, aussi, avant… »

Je pousse un soupir. Ils ne vont pas me croire. Malgré tout. Pourquoi le feraient-ils ? Non, pas de question. Car il y en a tellement qui se bousculent que si je commence, je ne finirai jamais. Pas de question. Vivre. Pour le moment, on va juste continuer à chercher comment sortir, et après viendront les pourquoi. Oui, voilà. Un filet de voix m’échappe encore, presque sans que je ne m’en rende compte :

« Je dois être en train de rêver… »

La fille me regarde de ses grands yeux bleus tirant sur le violet, l’air complètement choquée ; j’y suis peut-être allée un peu fort avec toutes ces questions… Je lui lâche les épaules et recule d’un pas tandis qu’Apple, trempé, s’approche et se présente en lui demandant si elle ne s’est pas fait mal. Il se détourne de nous et enlève sa chemise pour l’essorer. La blonde hoche la tête de haut en bas, muette et gênée. Je pose une main sur son épaule.

-Désolée si je t’ai brusquée, je viens de perdre deux personnes qui m’étaient chères, ça m’a secouée.

Plus que je ne l’aurais voulu… Je regarde vers le lac avec un pincement au cœur. Je dois les retrouver… Si je n’y arrive pas, je ne sais pas ce que je deviendrai. Une loque sans souvenirs, avec du sang sur les mains, incapable de se lier à quelqu’un sans en souffrir. Génial. Il faut que je me reprenne en main, ou je n’arriverai à rien. Je suis forte. C’est ce que tu penses mais est-ce vrai ?

« Xéna, vous n'avez pas décidé d'un point de rendez-vous avec les autres ? Au cas où vous vous perdez comme là. »

J’évite le regard d’Apple et enfonce mes mains dans mes poches. Non, nous n’y avions pas pensé. Nos seules préoccupations avaient été de découvrir ce que nous fichions dans cette ville abandonnée, échapper à des monstres, combattre des monstres et éviter de mourir. Nous n’avions pas spécialement eu le temps de discuter d’un point de rendez-vous autour d’une tasse de thé. Je hausse les épaules avec un sourire gêné. Une voix, légère et douce comme un souffle de vent, me parvient aux oreilles et je tourne la tête vers la blonde au bonnet :

« Symphonie. Je m’appelle Symphonie. Enfin, c’est ce que j’ai choisi… Vous non plus vous ne vous souvenez plus de rien ? »

Encore une amnésique.

-Non, pas vraiment.

« Ces personnes… C’étaient vos amis ? Et je ne sais pas comment faire, mais il y a des monstres partout dans cette Ville ? J’en ai déjà croisé un, et des ronces… J’étais dans un manoir, aussi, avant… »

J’ai l’impression que cette fille douce et un peu maladroite est passée par le même chemin que nous. Dans le sens où elle a dû aussi en baver. Elle a l’air tellement fragile. Symphonie soupire. Nous dit qu’elle rêve sûrement. Simple atténuation pour que nous ne la prenions pas pour une folle. Je jette un coup d’œil à Apple :

-Traversons le lac, nous verrons plus tard ce que nous ferons.

C’est la meilleure solution. Et, si ce monstre ne revient pas, nous ferons le tour. Tout simplement. Il faut juste que nous bougions parce qu'agir est le meilleur moyen de ne pas craquer.

-Symphonie, c’est ça ? Ne t’inquiète pas, nous aussi on a eu droit aux monstres, aux ronces qui enlèvent des gens et aux petites boules lumineuses qui te délivrent des souvenir au compte-goutte. Si c’est un rêve, nous sommes tous plongés dedans et je doute qu’il suffise de se pincer pour en sortir. Tu veux faire un bout de chemin avec nous ?

Je scrute les eaux du lac, toujours en quête du monstre. Faites qu’il revienne.

Apple écoutait sagement, sans intervenir dans la conversation entre les deux demoiselles. Xéna semblait prendre les choses en main rapidement et ne lui laissait pas réellement l'occasion d'en placer une. Il ne lui en voulait pas pour autant, cela serait stupide et surtout ridicule de sa part. Le brun réfléchissait donc quant à la suite des évènements. Il doutait sincèrement que chercher à rejoindre l'autre rive soit d'une grande efficacité... Quelles étaient les chances pour que les deux roux soient encore en face assis sagement à les attendre ? Surtout vu leur caractère, Apple n'avait aucun doute sur le fait qu'ils erraient dans la ville en suivant une intuition ou une envie stupide. Non pas qu'il les dénigre ou se sente supérieur, loin de là. Il notait juste les faits. Les deux se montraient très impulsifs et imprudents. Il suffisait de voir comme ils avaient sauté dans l'eau sans hésiter... Un soupir lui échappa donc alors qu'il prit finalement la parole.

"Xéna... Je ne pense pas que ça soit très utile d'aller de l'autre coté. Tu penses vraiment qu'ils sont encore là ? On ferait mieux de se trouver un endroit au chaud... peut-être même trouver des habits pour se changer. On risque de tomber malade en restant comme ça, on est tous les trois trempés et je suis pas sur qu'on trouve des médicaments facilement ici. Ca serait idiot de mourir à cause d'un rhume après avoir évité tant de dangers non ?"

Encore et toujours, son ton se montrait doux, son sourire aussi. Il ne cherchait pas à la frustrer ou à l'énerver, il voulait juste lui faire entendre raison et souligner ce qui était le plus important pour le groupe. Il comprenait sa peine, être séparé de personnes nous étant chères ne pouvait être agréable mais elle devait se contenir... Ou partir seule. Apple espérait sincèrement qu'elle viendrait avec eux, si Symphonie soutenait son idée bien sur. Il doutait cependant que la jeune femme tremblante ne veuille s'amuser à chercher un monstre dans le lac pour retrouver des personnes qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam.

"On les retrouvera... juste plus tard d'accord ? Quand on sera plus en état de le faire."

Sa main effleura le bras de la brunette comme pour l'inviter à abandonner cette idée pour le moment, essayant de la rassurer et de lui montrer que même s'ils étaient partis, elle n'était pas seule...

Spoiler:

Et un peu malgré Elle, énervée de voir les souvenirs leur revenir aussi rapidement, Elle libère deux petites sphères lumineuses, qui viennent tourbillonner autour d'Apple et Symphonie, juste à portée de leurs mains. A portée de leurs mémoires...

Spoiler:

Pâques change de tranche horaire et passe en Un pti plongeon ? 50897519

10h - 12h
Avant elle était là

Pâques n'a qu'une envie : se dégager de cette étreinte. Étreinte chaude, douce, presque maternelle. Une étreinte qui n'a pas place ici pense t-elle. Depuis quand a t-elle abandonné cette douceur qu'elle pensait gravée en elle ? Aucune idée. Elle n'arrive plus à réfléchir. Et au moment où elle envisage de se laisser aller contre Sirius, la Ville lui montre que c'est inutile.

Son corps flotte. Peut-être que sa raison est en train de lâcher. Peut-être qu'elle est juste à bout. Mais non. Ce serait trop facile. Elle atterrit à genoux. L'herbe a remplacé les pavés. Pendant un instant, elle n'ose pas ouvrir les yeux. Sa tête tourne. Il faut qu'elle regarde. Elle pose ses fesses sur ses talons et soulève les paupières. Le soleil l'aveugle et pendant une seconde elle ne voit rien.

Et pour tout dire, elle aurait préféré ne rien voir. Son visage s'imprime sur sa rétine. Un visage qu'elle ne voit pas pour la première fois. Ces yeux chocolats... Il est là. L'homme qui l'a espionnée. Celui qui l'a abandonnée et laissée seule avec ses larmes. Celui a qui elle a délibérément menti.

Non. Non je ne veux pas. Je ne veux pas le voir, pas lui parler, pas qu'il me voit comme ça... Pâques panique. Mais elle ne peut pas s'enfuir. Elle a vu les deux jeunes femmes qui sont près de lui. Si elle le pouvait, elle irait se réfugier derrière l'une d'elles. Mais soudain, toutes ses forces semblent l'abandonner.

Alors elle s'allonge dans l'herbe et se roule en boule. Comme si elle pouvait se cacher, disparaître. Elle lui tourne le dos et laisse les larmes rouler sur ses joues. Elle serre ses genoux contre elle, mord sa lèvre inférieure. Tu ne me vois pas hein ? Je veux pas que tu me vois...

Spoiler:

Non seulement on est tous amnésiques, mais en plus eux aussi ont perdu leur amis. Cette Ville aime-t-elle reproduire encore et encore les mêmes scénarios étranges et dérangeants ?

« Traversons le lac, nous verrons plus tard ce que nous ferons. Symphonie, c’est ça ? Ne t’inquiète pas, nous aussi on a eu droit aux monstres, aux ronces qui enlèvent des gens et aux petites boules lumineuses qui te délivrent des souvenir au compte-goutte. Si c’est un rêve, nous sommes tous plongés dedans et je doute qu’il suffise de se pincer pour en sortir. Tu veux faire un bout de chemin avec nous ? »

Je regarde Xéna alors que ses yeux tellement clairs fixe le lac, comme si ses compagnons vont soudainement réapparaitre. Faire un bout de chemin ? Après tout, j’avais perdu Candide et Dieu, qui sont peut-être à des centaines de mètres maintenant. Et le garçon prend alors la parole d’une voix douce et gentille.

« Xéna... Je ne pense pas que ça soit très utile d'aller de l'autre coté. Tu penses vraiment qu'ils sont encore là ? On ferait mieux de se trouver un endroit au chaud... peut-être même trouver des habits pour se changer. On risque de tomber malade en restant comme ça, on est tous les trois trempés et je suis pas sur qu'on trouve des médicaments facilement ici. Ca serait idiot de mourir à cause d'un rhume après avoir évité tant de dangers non ? »

Je penche imperceptiblement la tête en l’écoutant. Mourir hein ? Cela pourrait paraitre ridicule, de parler comme ça, et pourtant c’est ce que je ne cesse de me dire. Se battre pour survivre. C’est bon pour la guerre, ou les films d’horreur ça, pas la vraie vie banale de divers gens soudainement amnésiques !
Apple glisse rapidement sa main sur le bras de la brune, réconfortant, comme pour la convaincre que définitivement c’est une mauvaise idée. Au même moment des boules lumineuses débarquent. Je fixe celle qui vient s’arrêter devant moi, à peine consciente que l’autre se place près d’Apple. C’est la même chose étrange et anormale qui s’était présentée devant Candide, qui avait soudain semblé absent pendant un petit moment. Que nous réserve-t-elle au juste ? Et est-ce normal ?
Je me retiens de secouer la tête –autant évité d’avoir l’air débile, si je ne semble pas déjà tarée- alors que je chasse ces questions. Ça ne sert strictement à rien, je ne trouverai pas de réponse comme ça, en claquant des doigts. Ni même en me creusant la tête, une tête vidée de tout son passé. Rien du tout.
Surtout vu ce qui suit. Une fille aux cheveux bleus apparait devant nous. Apparait. J’écarquille les yeux. D’où sort-elle ? Les téléportations sont donc monnaie courante ici ? Je regarde la boule lumineuse, puis la fille qui se roule instinctivement en boule. Je serre les poings. Les dilemmes, la Ville aime ça aussi ? Je lève les yeux vers Xéna et Apple, et la solution me saute soudain aux yeux.

« Xéna, tu peux… ? »

Je n’arrive même pas à trouver de fin à ma phrase, désignant simplement la fille aux cheveux bleus. L’aider ? On ne sait même pas si elle va mal, si elle est blessée, si elle est fatiguée, si elle est malade ou souffrante. Ni son nom ni son âge ; elle ne les connait sans doute pas elle-même. Alors tenter de mettre un mot sur ma demande est au-dessus de mes forces, lentement dévorées par l’absurdité folle des évènements de cette Ville. Je me glisse sans un mot de plus dans le néant alors que je touche la boule lumineuse, comme à la recherche d’explication, de réconfort. Non. A la recherche d’oubli.
Sauf qu’en l’occurrence, c’est pas vraiment ça ce à quoi je vais avoir droit.

HJ:

La voix d’Apple me tire de mes pensées. Il pense qu’il n’est pas utile de traverser le lac, que nous ferions mieux de trouver un endroit pour nous réchauffer avant de tomber malades. Comme pour ponctuer sa remarque, un frisson court le long de mon dos. Mes vêtements me collent à la peau et c’est tout bonnement insupportable, cependant, en trouver d’autres signifierait renoncer à mes seuls points d’attache. Connaissant Joke, elle n’est pas restée sagement au bord de l’eau à m’attendre. Elle est partie en exploration et Août, en fidèle chevalier, servant, l’a suivie. Apple m’effleure doucement le bras, toujours aussi prévenant et gentil ; une vraie perle ce type.

"On les retrouvera... juste plus tard d'accord ? Quand on sera plus en état de le faire."

Je me surprends à secouer doucement la tête ; je n’ai que deux solutions à l’esprit, pour une fois et pas cinquante. Soit je reste avec eux et je perds toute chance de retrouver Août et Joke, soit je m’en vais seule, j’attrape un rhume et il y a une toute petite probabilité que je les rejoigne. Dans l’un ou l’autre cas, je vais devoir me détacher de quelqu’un. Deux souvenirs apparaissent d’un coup, l’un devant Symphonie, l’autre devant Apple. Ce que je dois faire m’apparaît très clair. Je fais à l’adresse de la blonde :

- C’est un souvenir, à toi de voir si tu veux le toucher.

Apple n’a pas besoin d’explications, il reçoit des sphères de lumière à la chaî… Une fille à la chevelure d’un bleu éclatant apparaît devant nous, comme par enchantement. A peine étonnée, je m’approche d’elle. Elle s’est roulée en boule, comme refusant toute communication. Je ne suis pas en mesure de l’aider. Rassurer les gens, c’est bon pour les gens comme Apple, pas pour une meurtrière telle que moi. Je me tourne vers lui, voyant que Symphonie a touché son souvenir et lui lance, avec un petit sourire triste :

- Je ne peux pas rester ici. J’aimerai bien mais… je dois retrouver ces deux idiots, qui sait quelles bêtises ils vont encore faire si je ne suis pas là pour les surveiller.

Je me pince les lèvres ; c’est tellement difficile de dire au revoir. Peut-être même adieu. Qui sait ce que cette ville nous réserve. Monstres, souvenirs, téléportation et j’ai le sentiment qu’il y a bien pire…

- T’es quelqu’un de bien, Ap’, j’espère qu’on se reverra. Veille bien sur elles.

Et je tourne les talons en serrant les dents, des larmes à la limite de dégouliner le long de mes joues. Sois forte, Xen’. C’est difficile, très difficile de rester forte après une séparation. And the road again…

Spoiler:

Une nouvelle apparition lumineuse se dévoila sous son regard masqué derrière ses lunettes. Apple l'observa un instant, se demandant quel mystère cette sphère recelait. Allait-il à nouveau apercevoir cette jeune fille qui semblait très importante à ses yeux ? Ou bien serait-ce un souvenir totalement différent ? Il se demanda un instant s'il avait de la famille... Des frères peut-être ? Ou des soeurs ? Voire même des enfants et une femme ! Il doutait de cela pourtant après avoir vu sa relation avec son étudiante... A moins qu'il ne soit un mari infidèle ! Tant de possibilités et une seule façon de connaitre la vérité : toucher la boule flottante.

Un évènement imprévu se déroula cependant ! Cette fameuse jeune femme, la seule dont il se souvenait apparut sous ses yeux. Il sentit son regard mais elle se détourna et le brun se mit à la fixer, bouche bée. Elle... que... que faisait-elle ici ? Elle se trouvait donc dans cette ville aussi mais comment ? Pourquoi ? Quelqu'un s'amusait-il à se jouer de lui ? Il hésitait maintenant. Xéna l'informa qu'elle partait et il hocha vaguement la tête. Les mots l'avaient traversé sans vraiment l'atteindre. Son choc était trop grand. Se souvenir était une chose mais croiser une personne en venant en était une autre. Il savait maintenant qu'il ne s'agissait pas simplement de faux évènements. Si elle existait, ce passé qu'on lui offrait s'était réellement déroulé. Elle en devenait la preuve vivante mais voila : que faire ? Devait-il rejeter cette partie de son passé pour lui parler, la réconforter ou cela pouvait-il attendre ? Soupirant lourdement, le brun mit quelques temps à faire sa décision mais finit par décréter que sans sa mémoire, il ne pouvait pas tout comprendre et donc, son aide envers la jeune femme incomplète. Lentement, sans la quitter des yeux, il approcha ses mains de la boule.

"Ne pars pas s'il te plait..."

Sa phrase tenait presque du murmure à l'intention de la demoiselle, une requête égoïste mais nécessaire. Peut-être ne se souvenait-elle pas de lui ? Le doute le prit mais il rejeta cela et toucha son nouvel élément de mémoire. Il s'occuperait d'elle après...

Et comme Elle l'a décidé, les souvenirs reviennent à Symphonie et Apple...

Apple:

Symphonie:

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