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Un souvenir ? Oui. Il s'arrêta juste devant Virginie, avant qu'elle ne pousse tout à fait la porte.

Elle serre sa canne entre ses mains tremblantes lorsqu'elle émerge du souvenir. S'accroche désespérément à ce bout de bois qui est son seul point d'ancrage avec la réalité. Et dont l'absence est le pont qui la relie au passé. Il lui faut du temps, à la vieille, du temps pour reprendre ses esprits, pour comprendre. Puis le mépris, la colère et le sentiment d'injustice la submergent, comme la dernière fois. Elle lui aurait fait avaler son uniforme, à ce jeunot qui se croyait tout permis parce qu'il était policier. Et censé rendre la justice mais même pas fichu de lui rendre sa canne ? Ben tiens. Elle leur aurait fait avaler sa béquille, à ces graines de délinquants. Des arbres de délinquants, même. Tous les mêmes. Puis le détail la frappe. Mme Lawford. C'est elle, c'est son nom. Pas complet mais c'est son nom. Enfin, elle déteste le travail pas terminé, et le travail de retrouver son nom ne l'est qu'à moitié. Elle sera donc Bigoudi en attendant d'être QuelqueChose Lawford.

Regardant autour d'elle, la vieille femme accroche rapidement la scène d'un regard. D'abord le jeune homme blond qui serre Noan dans ses bras en lui disant qu'elle est sa sœur. Parce qu'une seule, ça ne suffisait pas ? Que de sentimentalisme débordant. Il n'a pas réfléchi trois secondes pour se dire qu'elle ne se souvenait peut-être pas de lui. Et manque de jugeote. On est bien partis. Puis Virginie qui traverse la pièce et va pousser la porte en face. Au moins elle bouge, elle. Pas si mal cette petite finalement. Elle ne parle pas trop. C'est pourquoi la vieille lui tapote l'épaule en signe d'encouragement - pas longtemps, horreur, toucher un jeune - avant d'étouffer un monumental bâillement. Elle se sent si fatiguée, d'un coup.

Et tellement peu consciente de ses mouvements que sa main agrippée à la canne vient heurter ses dents au lieu de simplement se lever. Dents qu'elle voit avec horreur tomber par terre. "Ch'est... ch'est un dentier..."Elle a un dentier. Enfer et damnation. Tout ce qui sort de sa bouche devant cet abominable fait est un charabia plein de "ch" : "Et voilà, che chuis j'une pauvre vieille chans dents et chans mémoire dans une chtachion d'épurachion à l'abandon, avec un cadavre ! Et pas un cheul de ches cheunes qui daigne m'achichter ! Chochiété égoïchte ! Et la cholidarité, chacrebleu ? Ch'est tou'ours pareil ! Chaletés de dents ! Cha vous amuje, hein ?" Elle ne sait même plus si elle parle aux dents ou aux jeunes. De toute façon ces derniers n'ont certainement rien compris à ce qu'elle a vainement tenté d'articuler.

Alors, après s'être couverte de ridicule pour la deuxième fois en deux minutes, elle décide qu'il est temps de tirer sa révérence et d'aller faire un somme. Même si elle s'appelle Mme Lawford. Elle ramasse le dentier, le fourre dans sa bouche avec dégoût, et ressort de la station sur un dernier "Je vais faire un somme dans la voiture. Explorez bien, les jeunes." Même plus la force de mettre du mépris dans le dernier mot. Elle atteint la voiture en titubant et s'affale sur la banquette arrière où elle s'endort immédiatement, misérable vieille carcasse moquée par la vie.

Spoiler:

La porte s’ouvre sur l’extérieur, plus précisément sur une estrade métallique qui surplombe quatre grands bassins d’eau. L’eau est sombre et stagnante, des formes sombres flottent à la surface. Si les humains faisaient attention, ils pourraient voir quelques bulles remonter régulièrement à la surface de l’eau plane. En descendant les escaliers mécaniques, on se retrouve près d’une sorte de turbine qui ne marche plus et un peu plus loin un bâtiment se dresse. Regroupant sûrement le bureau du directeur et les bureaux des ouvriers.

Ce serait toujours la même chose. La peur la tenaillerait toujours. Continuerait encore longtemps. Le terrain de jeu était créé dans cette perspective, non ? Au lieu que de trembler, elle restait sans réaction aucune dans les bras du blond. Pétrifiée, alors que sa chaleur familière l’entourait. Elle fixait toujours le sol, les yeux exorbités.
Mais dis-moi Noan. Pourquoi ? Pour quoi ? Y avait-il seulement une raison à tes actes ? C’est de ce qu’il représente que tu as peur ? Est-ce-qu’il n’est qu’un lien vers le passé, pour toi ?
Une tête se pose, lourde, sur son épaule. Ses doigts ont laissé échapper la petite lame. Ses mains se lèvent, tremblantes, enserrent le torse de son frère. Accrochée, ayant cessé de trembler. Non. Il n’est pas que. Elle est à deux doigts de céder, choc émotionnel. Enfouie dans la chevelure blonde, elle tente d’articuler, la voix brisée par moments.

▬ Tu sais quoi ? T’es le seul dont je me souvienne. À part un souvenir diffus au réveil, je t’ai à peine entendu, alors que je comatais à l’hosto après avoir foutu mon nez où il fallait pas.

Il avait vu sa cicatrice, il savait à quoi elle faisait référence.
Une douleur la prend à la poitrine. Ça ne partirait jamais. Mais ça ne l’empêcherait pas de recommencer. Elle murmure à présent.

▬ Et j’aurais de loin préféré ne pas te voir.

Pas le voir ici. Qu’il soit en sécurité, qu’il n’ait pas à se mettre en danger. La fin de sa phrase a fini étouffée. Une larme aura finalement réussi à faire son chemin ; elle n’y prête pas attention, voudrait rester encore longtemps comme ça. Ne prête attention à rien d’ailleurs, il est devenu le seul repère auquel elle se raccroche. Se détache pourtant, avec hésitations, juste le temps de voir passer la Grise, défaite. Euh ? Faisant quelques pas, elle s’arrête près de Virginie et son souvenir. Pose une main douce sur son épaule. Avise ses grandes pupilles bleues.

▬ Ce n’est pas parce que personne ne t’attend que tu es seule.

Avant de la laisser en tête-à-tête avec son passé. L’image de son sablier flotte dans son esprit. C’est brusque, mais il n’y a pas de temps à perdre, et elle ne compte pas se détourner de son but. L’exploration de ce lieu en fait partie. Finissant de pousser la porte entrouverte par Virginie, elle s’engage, cligne des yeux tandis que ceux-ci s’adaptent à la lumière. L’air ne pue enfin plus la mort. Plutôt l’eau croupie. Logique. Ses talons la gênent, sur la surface de la passerelle. Question timide, adressée à son frère cette fois.

▬ Tu t’es choisi un nom, ou…?

Ou tu te souviens du tien.

Un appartement, impersonnel, avec une multitude de cartons, un lit au ras du sol, et lui au milieu. Il écoute. Un bruit le gêne, tant pis, il est capable d’occulter la réalité un moment. Musique . Ses doigts courent sur le manche du violon, l’archet frotte doucement les cordes, tirant à l’instrument des sons bien meilleurs que cette perceuse à côté. Puis un autre élément vient éclater sa bulle. Il s’approche de la porte…

…et ouvre les yeux.

Stradivarius se redresse lentement, grimaçant lorsqu’une pointe de douleur lui transperce le crâne. Il tâte avec précaution l’endroit sensible et rencontre les contours d’une bosse toute fraîche. Qu’est-ce qu’il s’est encore passé ? Ce n’est pas tout à fait de l’agacement, plutôt de la résignation. Résignation qui coule de source puisqu’il est à présent complètement seul – avec son violon – et appuyé contre le grillage de la station d’épuration. Le brun se relève en chancelant. Les brumes de son souvenir refont surface par intermittence. De toute évidence, il venait d’emménager et sa voisine était venue le voir. Rien de plus évident. C’est comme un puzzle. En quoi devrait-il être perturbé par un souvenir ? Il ne va pas avancer en restant à côté de ce grillage.

Le violoniste remarque que les portes de la station se sont ouvertes. Il s’engouffre dans le bâtiment, remarquant au passage que quelqu’un a vomi à côté de l’entrée. L’odeur nauséabonde à l’intérieur le fait tousser. La lumière étant allumée, il ne lui faut pas bien longtemps pour voir ce qui engendre cette horrible puanteur. Le calme dont il ne se déleste jamais disparaît le temps d’un : Oh merde ! qui résonne dans toute la salle. Le sang qui imbibait le sol n’est pas le pire. Le pire a dû engendrer le vomi à l’entrée, le pire a le double effet de vouloir le faire s’en-aller d’ici très vite et de l’attirer irrésistiblement. Le pire est un cadavre et pas de ceux que l’on maquille avant de les présenter à leur famille pour un dernier adieu. L’aimantation prime sur la répulsion et il s’en approche doucement, en évitant de respirer par le nez. La curiosité est un vilain défaut, c’est souvent ce qu’on dit. Stradivarius s’approche pas à pas du macchabée, ses Doc Martens couinant sur le sol. Il a l’impression que quelqu’un l’a roulé jusqu’au mur.
Finalement, il arrive devant cette chose qui le dégoûte tout en lui inspirant une certaine pitié. Cette chose vivait, avant. Cette chose était un être humain, avant… avant d’être ça.
Il est tenté, un infime instant - double croche pointée , de se pencher et de fouiller dans les poches du cadavre, pour en savoir plus, mais un léger mouvement à seulement quelques centimètres de lui lui fait prendre conscience qu’il n’est pas seul et que son comportement est franchement étrange.

- Virginie.

Elle fait face à un souvenir, comme lui juste avant. A la lumière blafarde, il remarque qu’elle est vraiment très pâle et il pose une main sur son épaule. La laisse en place et fait :

– Je suppose que la vieille dame et Noan sont passées par cette porte.

Il entend cette dernière parler et aperçoit vaguement qu’elle parle à quelqu’un de beaucoup plus grand, sur une passerelle après la porte. Si c’est celui qui lui a tapé sur la tête, il entendra de ses nouvelles. Mais plus tard.

– Dis-moi si je dérange, mais je préfère rester avec toi. Je ne vais quand même pas te laisser poireauter toute seule avec ce machin juste à côté.

Machin qui l’intrigue de plus en plus, en plus de le dégoûter. Curiosité morbide

Spoiler:

Ce n’est pas parce que personne ne t’attend que tu es seule., lui avait soufflé Noan d'une voix qui se voulait rassurante. Virginie ouvrit de grands yeux sur elle, après les avoir ouvert sur la boule lumineuse qui venait à elle. Son passé ... Une partie de son passé était là. Devant elle. Voulait-elle savoir ce qu'elle avait vécu, ce qu'elle avait connu ? Elle avait plutôt peur, mais en même temps ... Elle sourit en retour à Noan. Elle avait retrouvé son frère. Aucune raison qu'elle ne retrouve pas quelqu'un de sa famille, ou quelqu'un de très proche, elle non plus. Son passé ne pouvait pas être tellement sombre qu'elle en pleurerait, quand même. Elle avait un secret, ça elle le savait. Restait plus qu'à découvrir quoi, et à propos de qui.

Noan passa, suivie de peu par son frère. La vieille ne se fit pas prier, et s'en alla dormir dans la voiture. Peut-être avait-elle réellement sommeil, ou bien elle n'aimait pas la bande de jeunes qu'on était. Bref, elle s'en sortirait très bien toute seule sur sa banquette. Nouveau coup d'oeil sur son passé, puis sur Stradivarius qui venait d'arriver. Il lui tiendrait compagnie ? Bah tiens ... Après l'avoir laissée en plan pour sa belle brune, il avait peur du cadavre ? Lui tenir compagnie ? Elle lui adressa un soupir de mécontentement à l'entendre. Pas qu'il n'était pas sympathique ou qu'il soit méchant, seulement égoïste. Ce truc était mort, que pouvait-il lui arriver ?

Dis tout de suite que t'as peur ... Surveille mon corps pendant que je vais chercher mon passé ... S'il te plaît ...
Pourquoi elle avait autant de mal avec lui ? Parce qu'elle en était tombée amoureuse, mais que son comportement était insupportable pour elle. Si timide qu'elle fut, elle ne voulait pas être des plus agréables. Pas avec lui. D'un doigt, elle vint toucher la petite boule, se décalant pour libérer le passage vers l'extérieur. Elle ne savait pas encore à quoi s'attendre, après cette porte.
Mais le pire arrivait probablement.

Dragon:

Virginie replonge alors dans son passé...

Virginie:

Spoiler:

Elle s'éveille. Une larme à l’œil.
Elle s'éveille, et Stradivarius est à côté d'elle.
Enceinte. Elle était enceinte. C'était sa première fois, et elle était enceinte. De qui ? De qui, bon sang ?! Elle était tétanisée. Littéralement. Parce qu'elle ignorait si ce souvenir était récent, si elle l'était encore et que c'était il y à peu, si elle avait avorté, ou ... Si son conjoint était là. C'était peut-être Rég-, euh, Gabriel. Et à y songer, elle serra les poings. Elle avait été dans ses bras, elle s'y était sentie à l'aise, elle avait aimé se recueillir au creux de son étreinte. Et lui, il l'avait probablement foutue en cloque. Une larme coule. Puis une deuxième. Et sans même y faire attention ...

... Elle s'appuie sur Stradivarius. Pose sa tête contre son épaule. Elle se hait, à cet instant, parce que dans son esprit il l'ignore complètement. Les filles aiment les gens qui les ignorent ~~pas vrai Gabe ?~~, il paraît. Elle sanglote, sanglote, pleure contre lui. Il est là, maintenant, au pire. Il n'est peut-être pas si froid et indifférent qu'il n'y paraît. Bref, reprenons-nous ! Elle se rend compte de son geste, et après un petit moment se redresse soudainement, les yeux rouges et le nez encombré. Foutu liquide lacrymal. Désolée, je ... Je, c'est rien, ça va, désolée ... On ferait mieux d'y aller ..., lui dit-elle du mieux qu'elle peut, rouge comme une tomate en plein mois d'Août. Et elle franchit la porte, rejoignant les deux autres comparses sur la passerelle. Timidité, barre-toi de là ! Tu gênes !

Il n’osait répondre à sa sœur. Il ne se souvenait ni de son propre prénom, ni du sien. Il se décolla un peu d’elle, sans la motivation pour le faire pourtant. Il craignait de la perdre, encore une fois. Comme il avait failli la perdre lors de sa « mission. » Il caressa à nouveau les cheveux de son aînée.

« Dragon, en attendant de retrouver mon prénom. Et toi ? »

Avant que Virginie ne touche son souvenir, il regarda les deux filles avant de signaler qu’il passait devant. Ne sait-on jamais. Il prit sa dague dans la main et passa par la porte. Mais elle donnait sur un escalier métallique, rien de plus. Si, sur quatre grands bassins. Le seul avantage qu’il y avait, c’était l’odeur moins prenante que celle dans la pièce, ce qui ne pouvait pas faire de mal. Il n’y avait pas grand-chose. L’eau avait l’air de stagner là depuis des lustres. Il se retourna vers les filles pour voir si Virginie avait fini, c’est là qu’il s’aperçut que l’homme qu’il avait….. assommé était de nouveau là.

« Et merde… »

Il préférait garder le silence. Peut-être ne l’avait-il pas vu ? Après tout, il l’avait frappé par derrière. Virginie qui sortait de sa torpeur n’avait pas l’air bien. Mais rester dans cette pièce avec un cadavre ne pouvait pas non plus l’aider. D’autant plus qu’il était mort et personne ne savait le pourquoi. Et c’est ce pourquoi qui inquiétait le plus Dragon. Il n’était pas mort comme ça, il avait même l’air d’avoir été traîné jusqu’ici. Enfin, ce n’était que des suppositions. Mais s’il s’avérait qu’il avait raison, il ne préférait pas savoir par qui ou par quoi ce corps avait été trainé jusque là.

« Écoutez, on devrait avancer. Toi, le nouveau, tu devrais aider ta copine à sortir de cette pièce. Elle se sentirait déjà peut-être mieux à l’air libre. »

Il se retourna à nouveau vers sa sœur, les yeux plein de tendresse mais la voix inquiète. Pas à cause du danger qu'il encourait dans cet endroit, mais de ne pas pouvoir la protéger elle à nouveau.

« S’il te plait, ne t’échappe pas. J'ai plein de chose à te dire. »

Virginie:

Elle étouffa un grognement tout à fait gracieux lorsqu'il fourragea dans ses cheveux, incapable de lui en vouloir ou de s'énerver pour si peu. Même s'il lui semblait qu'elle n'était pas de ceux à apprécier le contact physique plus que ça. Et de toute manière tu ne veux pas savoir, pas vrai. Elle lui fit face, tentant d'arborer une expression pas trop amère.

▬ Tu peux m'appeler Noan.
Alors qu'il se retournait pour parler aux deux autres - Stradivarius était revenu, ce qui la soulageait ; il ne lui était rien arrivé, et la confondait ; non content de s'attaquer à son frère, elle l'avait accusé à tort. Quoique. Il n'avait jamais répondu -, elle se rendit compte à quel point elle avait faux. Elle était Noan. Se rendit compte que ce n'était pas simplement un prénom, mais une identité de toutes pièces. Inattentive, elle balaya les cuves du regard. C'est vraiment le moment de se demander si tu es vraiment prête à tirer un trait sur sur ton passé ?
Se retourne quand son frère l'interpelle.
Rien à faire, le voir inquiet ainsi l'attendrit. Égoïsme. Elle lui renvoya un de ses sourires un peu tristes.

▬ Et tu voudrais que j'aille où ? Que je me jette dans une des cuves pour t'éviter peut-être ?
Taquineries fraternelles ; une lueur d'amusement s'allume dans son regard. Lueur qui s'éteint bien vite en remarquant l'état de...

▬ Virginie ?
Hésitation ; s'apprêtant à la rejoindre. Mais la voyant confortée par le jeune brun, Noan marque une pause. L'étouffer ne risque pas de l'aider. Et si c'est lié à son souvenir, ça ne la concerne pas. Tiraillée, elle finit par se retourner, faisant face au groupe.
▬ Vous deux n'avez pas eu le temps de remarquer, mais les bassins semblent louches ; pas comme si je me rappelais de quelque chose, mais à ce que je sache l'eau qu'ils contiennent n'est pas censé comporter de déchets... Et des trucs semblent flotter à la surface. Ça, plus le cadavre. Cette histoire pue.
Donc logiquement...
J'ai bien l'intention de découvrir ce qu'il s'est passé ici.
Elle soupira. Reprit.
▬ Virginie, si tu préfères prendre ton temps, n'hésite pas.

Inquiétude pour la jeune fille. La main de la jeune femme s'en va chercher le canif dans sa poche. Le manque. Hein ? Ah, oui. Résignée, elle passa devant les deux jeunes, adressa un regard nuancé à Stradivarius, « T'as intérêt à prendre soin d'elle, là maintenant », les contourna, ramassa la lame tombée à côté du cadavre. Dégueulasse. Les rejoignit, et descendit, après s'être assurée de leur état, les escaliers, grimaçant contre ses chaussures - oui, encore. Jeta un regard en arrière, avant d'hausser les épaules. Autant commencer maintenant.

Et Noan de continuer son chemin vers le bâtiment jouxtant une turbine, avant de s'arrêter devant la porte. Ça va être le même cinéma qu'avant, avec ces portes faussement bloquées - et plus la super-canne de Bigoudi ?
▬ Kss.

Spoiler:

Tandis que Virginie est plongée dans son passé, Stradivarius regarde en direction de Noan et de l’homme blond. Il croise le regard de ce dernier quand il s’éloigne de la jeune femme. Voit sans surprise les yeux marron s’écarquiller imperceptiblement. C’est donc bien ce type qui m’a mis un poing. L’enfoiré. Le violoniste pince les lèvres, à deux doigt de s’adresser à l’inconnu, quand une tête s’appuie contre son épaule. Même à travers deux épaisseurs de tissu, il peut sentir comme Virginie tremble. Ce ne devait pas être un souvenir très rose. Il n’a rien à dire pour réconforter la jeune fille, ce genre de choses se gère seul. Par contre cela ne l’empêche pas de la serrer brièvement contre lui et de lui presser l’épaule. Simple manifestation de soutien et d’affection. Quand elle se dégage en balbutiant, les joues couleur pivoine, pour rejoindre les deux autres, il la gratifie d’un sourire. C’est mieux que des mots pour lui signifier qu’il ne la laissera pas tomber.

« Écoutez, on devrait avancer. Toi, le nouveau, tu devrais aider ta copine à sortir de cette pièce. Elle se sentirait déjà peut-être mieux à l’air libre. »

Stradivarius laisse échapper un petit rire. Noan leur fait remarquer que les bassins de la station d’épuration sont sales et donc que c’est louche. Toute cette histoire l’est, alors une anomalie de plus ou de moins. Le brun lance à l’adresse de l’inconnu blond, d’un ton très froid, très posé, comme d’habitude :

- Evite de me donner des ordres, j’ai une bosse à l’arrière de la tête et inutile que je t’explique pourquoi.

Il se place à côté de Virginie en croisant les bras. Noan est allée chercher son canif. Celui à côté de… Le jeune homme chasse l’image morbide qui lui traverse l’esprit – les poches du cadavre, il ne les fouillerait qu’en dernier recours, une fois qu’ils seraient sûrs de ne rien découvrir dans cet endroit – et reprend :

- Et ce n’est pas à moi de décider où elle va. Virginie, on sort, où tu préfères continuer ?

Question de pure forme. Il connait déjà la réponse de la jeune fille. Noan lui adresse un regard appuyé, sûrement destiné à lui faire comprendre qu’il n’a pas intérêt à lâcher la blonde à la casquette alors qu’elle est en état de semi-choc. Ce à quoi il répond par un haussement d’épaules : « Tu me prends pour qui ? Je ne suis pas du genre à laisser tomber les gens comme ça ». Elle s’est arrêtée devant une porte. Encore des problèmes supplémentaires.

- C’est une porte à poignée ? Avec une serrure ? Ou avec code ?

Il n’est pas sûr de savoir comment crocheter une serrure, il n’a pas l’impression d’avoir été ce genre de personne dans sa vie passée. D’un autre côté, tout ado de base qui se respecte apprend à crocheter une serrure, ça donne un petit côté cool et ça peut toujours servir. Mais toi tu n’es pas comme ça. Comment pourrait-il le savoir ? Son inutilité vient le submerger et il enfonce les poings dans ses poches, toujours figé face au blond. A part s’occuper de la musique d’ambiance, il ne voit vraiment pas à quoi il pourrait servir.

Spoiler:

De toutes parts, des gens l'appelaient.

Écoutez, on devrait avancer. Toi, le nouveau, tu devrais aider ta copine à sortir de cette pièce.
Virginie, si tu préfères prendre ton temps, n'hésite pas.
Et ce n’est pas à moi de décider où elle va. Virginie, on sort, où tu préfères continuer ?

Woow, woow, on se calme. Déjà, elle se retire de Stradivarius, séchant rapidement ses larmes. Le moment n'était peut-être pas aux complaintes, et puis elle n'était plus enceinte, à priori. Il ne fallait pas être aveugle pour comprendre ça, à voir son ventre ou même son état: pas de sautes d'humeur apparentes, pas d'envie de fraises, aucun préjugé ne se confirmait. Et puis merde, elle se jetait dans la gueule du mec froid dont elle tombait amoureux bien qu'il soit distant comme pas deux. Elle prit une grande inspiration, comme tout le monde semblait l'attendre de pied ferme pour continuer dans cette voie. Et elle le regarda d'un air déterminé.

Pas question de sortir. On continue.
Ho ho ! Un petit bout de femme qui se réveille, comme c'est mignon. Son sourire ne la rassure pas trop, il se veut compatissant, c'est bien de faire pitié. Elle avance, descend l'escalier pour prendre en compte la remarque de Noan concernant les cuves ... Et en effet, des objets flottant à la surface de bassins dans une station d'épuration, c'était pas très rassurant. Donc, elle les rejoignit à la porte, suivie -je présume- par Stradivarius. Noan était là, Stradivarius se questionnant sur le type de serrure. Pourquoi faire ?

On frappe d'abord ! Ensuite, on pose les questions pendant qu'on frappe.
Je vous ai fait perdre assez de temps ... Poussez-vous s'il vous plaît...
Et, avec les trois pas d'élan qu'elle avait pris -ou plutôt, les trois pas qu'elle n'avait pas encore fait-, elle enfonça sa casquette sur sa tête et fonça de toutes ses forces contre l'ouverture qui s'offrait à eux, jetant son épaule la première contre la porte. Sa petite voix ne faisait pas payer de mine, après tout, une grande sportive, c'est aussi une grande capacité dans les efforts physiques.

WHAT ?!:

Après avoir laissé passer la jeune femme, Dragon monta les escaliers tout en observant les bassins de la station d’épuration ; sa sœur avait raison : il y avait quelque chose d’anormal avec ses bassins. Des bulles d’airs remontaient depuis les profondeurs du bassin, des choses étranges flottaient à la surface. On ne distinguait rien à travers cette eau trouble. Il laissait Virginie et Stradivarius avec la porte alors qu’il regardait en arrière, prêt à réagir en cas de problème.

Bizarrement, ce genre de sensation lui était familière. Bizarrement, la crainte, cette adrénaline qui lui tenait aux tripes, il appréciait ça. C’était comme un poison, une drogue auquel il gouttait de nouveau et dont il n’avait envie de se passer. Il tenait sa lame à la main, attendant l’avancée du groupe.

HRP:

La porte cède sur des bureaux et des ordinateurs éteints depuis longtemps. Dans un coin il y a des tenues d’ouvrier, et des masques à gaz. Des feuilles sont éparpillées un peu partout. Un peu plus loin il y a une porte condamnée, barricadée afin que personne ne l’ouvre et les interstices sont couverts de ruban adhésif. Une sorte de bourdonnement faible semble venir de derrière cette porte.

Noan balança un regard passablement haineux au brun, par-dessus son épaule. Me dites pas qu'avec son air de propre-sur-lui, il se pensait plus à même de crocheter une serrure que n'importe qui d'autre ? Avec une moue déjà plus avenante - enfin moins meurtrière -, elle s'apprêtait à lui répondre.
Quand une petite chose blonde déboula.
Étonnement d'abord ; léger sourire ensuite. Ça avait au moins eu le mérite de la remettre sur pied.

Mais y avait un problème. Oui, la jeune fille toute mignonne qui d'un coup sort le caractère de nain, et agit comme tel. Prions pour que la barbe ne lui pousse pas. Noan fit un pas en arrière, la laissant faire. On se prend toujours des portes fermées qui s'ouvrent dès qu'on tente de le faire. Alors au pire, elle s'en sortirait avec une épaule déboîtée quoi.

Un regard vers le sol lui appris que son frère également était lame en main. Même s'il risquait fortement d'être plus utile qu'elle. Et ça la faisait chier. Elle devait être un peu féministe sur les bords, à ne pas aimer être dépendante en tant que femme - 'fin femme... Bref.
Comme d'hab la porte s'était gentiment ouverte.

~~Auréolée~~ enveloppée de son masque de calme habituel, elle entra dans la pièce (Amen). Sous ses pieds, le bruit des feuilles froissées par ses talons se fit vite entendre. Ses yeux roulèrent vers le sol. Vers les papiers éparpillés. Il s'était définitivement passé quelque chose d'étrange ici. Étrange même pour les standards de la ville. Elle ramasse deux-trois liasses de documents, les approche de ses yeux, afin de voir s'ils sont encore lisibles.

Et puis son regard est attiré là-bas, vers la porte barricadée, comme par un aimant.

Dossiers sous un bras et canif entre les doigts, sans plus s'occuper des autres, elle s'approcha doucement. Vrombissement ? Bourdonnement. Ce n'était pas le son qu'ils avaient entendu dehors. Encore autre chose.

Spoiler:

Pas question de sortir. On continue.

Virginie se réveille… Ce n’est pas une mauvaise chose en soi, sinon qu’elle semble à présent déterminée à foncer dans le tas sans penser aux conséquences. Il leva les yeux au ciel en la voyant tenter de défoncer la porte. Le brun s’approche d’eux, les mains toujours dans les poche, jetant un rapide regard en arrière, histoire de voir ce que fiche le blond. Il n’a aucune envie de se faire encore une fois assommer. Ok, il surveille nos arrières. Tant mieux.

La porte s’ouvre sous l’impulsion de l’épaule de la blonde à la casquette. Malgré lui, il ne peut s’empêcher d’écarquiller légèrement les yeux. Elle était déjà ouverte ? Ou a-t-elle vraiment réussi à l’enfoncer. Il repense au choix qu’a été son souvenir pour elle, et se rend compte qu’il ne sait presque rien de cette fille. Noan s’engouffrant par l’ouverture l’empêche de s’attarder plus longtemps là-dessus. Tout au fond de la pièce, des bureaux d’administration, sûrement, une porte barricadée. Combien de porte devraient-ils encore passer pour découvrir ce qu’il s’est passé dans cette fichue station d’épuration ?! Le violoniste suit la jeune femme et gratifie Virginie d’un regard surpris, au passage. Il s’arrête devant la porte, capte avec une grimace le bourdonnement juste derrière. Le bruit est faible.

- C’est discordant.

Simple murmure. Pendant quelques instants, le brun regarde la porte, ne la voyant pas vraiment. Il ferme les yeux, tente d’imaginer ce qu’il peut y avoir derrière. Et prend sa décision. Autant que je serve un minimum à quelque chose. Il commence à arracher à la main les bandes d’adhésif qui recouvre les interstices entre les planches. Son côté obstiné et méticuleux qui ressort sans prévenir.

- Noan, passe-moi ton canif, je vais enlever le reste de l’adhésif. Il me faudrait aussi quelque chose pour enlever ces planches. S’il te plaît.

Il n’a pas oublié le regard furieux qu’elle lui a lancé lorsqu’il a posé sa stupide question au sujet de la porte, alors autant rester poli et ne pas l’énerver davantage. Le jeune homme se retourne brièvement, vers Virginie à l’entrée de la pièce. Il y a des ordinateurs éteints sur les bureaux. Si cet endroit a l’électricité, ils devraient pouvoir s’allumer. Après, d’abord enlever tout ce fatras. L’idée qu’on ait pu fixer ces planches à la porte pour empêcher quelque chose de s’en échapper l’effleure un bref instant. Il lance d’une voix forte :

- Eh le blond ! J’aurais besoin de ton aide ici !

Sans connaître son nom, c’est difficile de l’appeler autrement. Le type qui assomme les gens sans prévenir, peut-être ? Stradivarius préférerait cent fois être ailleurs, peut-être à s’improviser un récital, comme il l’a fait dans cet appartement inconnu. Pourtant, il ne s’enfuira pas en courant ; il veut savoir ce qui est à l’origine de ce bruit. Qu’il puisse en mourir ? Aucune importance tant qu’il n’y pense pas. C’est ça, l’obstination.

La porte s'ouvrit sous son impulsion, ce qui la fit presque tomber, mine de rien. À vrai dire, elle s'attendait à se fracasser solidement contre les battants, pas à une ouverture totale. Alors ce ne fut qu'après deux ou trois pas de restabilisation qu'elle considéra la salle. Des bureaux, des ordinateurs, des papiers partout. Des masques à gaz, des ouvriers, et une porte. Une unique porte. Cloisonnée. C'était pas de là que venait le grincement incessant, mais un bourdonnement se faisait entendre.

Cette porte faisait peur à Virginie.
Il ne fallait pas ouvrir cette porte.
Le regard surpris ou son épaule qui lui faisait mal ne changeaient rien à l'affaire. Stradivarius demandait de quoi couper ce ruban adhésif, Noan fixait la porte avec envie. Non. Elle tenta de s'interposer, entre la porte et le jeune homme qu'elle détestait aimer.
C-C'est trop dangereux ! N'y vas pas !, lui dit-elle, criant presque. Puis, elle se tint la bouche. Si quelque chose d'affreux était derrière cette porte, peut-être qu'elle l'entendrait. Alors elle se mit à parler plus doucement, regardant à droite à gauche, tentant de chercher de quoi les dissuader. Et elle vit les combinaisons.
Regarde là-bas ... Je pense que c'est radioactif, ou je ne sais quoi ... C'est dangereux, on doit pas ouvrir cette porte ..., avait-elle dit dans la précipitation, rouge à l'idée de devoir s'opposer au groupe et tenter d'influer sur une décision importante. Elle pointait du doigt les combinaisons & masques, entre la porte et son groupe.

Qu'elle ne voulait pas perdre.
Ou surtout, pas comme ça.

Haussement de sourcil appréciateur ; lueur d'intérêt dans son regard acier farouche. C'est qu'il se réveille, le ténébreux, et décide de faire fonctionner mains et neurones en accord. Il vient sûrement de remonter dans son estime, avec sa requête. Pas assez pour qu'elle le laisse simplement emprunter son bien cependant, elle a quelque chose contre le fait d'être l'inutile laissée en arrière. Sourire mutin flottant sur ses lèvres, elle chaloupe entre les bureaux, passant à côté du brun, jouant de la petite lame entre ses doigts. S'apprêtait à attaquer la tâche.

Et puis la voix de Virginie brisa soudain l'ambiance plantée par le bourdonnement incessant. La scarifiée se retourna à demi. Il fallait admettre que la blonde n'avait pas tort ; bien au contraire. Elle était même entièrement dans le vrai. C'était dangereux. Et tu le sais Noan, tu sais qu'au final, cet aspect du jeu t'attire. Quitte à en finir folle.
Ce n'est pas comme si ce but était déjà largement avancé dans cette partie touchant à son terme sous peu.
Peut-être qu'ils l'étaient un peu tous, ou l'avaient été, fous ?

▬ Exact, appuya-t-elle, en faisant face à la jeune fille. Je comprends ton point de vue et le respecte. Pause, alors qu'elle la fixe dans les yeux, avec son habituelle voix posée et son regard pour une fois plus minéral que métallique. Quelle que soit le risque, je compte continuer. Quitte à le faire seule histoire de vous épargner si jamais ça se révélait bel et bien dangereux.

Elle se doutait bien que ça n'allait pas plaire. Soupira. Passa sa main sous le col de sa chemise, jusqu'à récupérer la chaîne du sablier. Et de le sortir, encore une fois. La quantité restante s'était encore réduite.

▬ On sait pas exactement à quoi ça correspond, mais dans tous les cas rien de bon. Et pour moi ça arrive bientôt au bout.

Elle n'osait pas croiser le regard de son frère. Parce que ce n'est qu'en disant ces quelques mots qu'elle s'était rendue compte qu'elle acceptait de ne plus rien avoir à perdre. Et que crever ici lui semblait presque dans l'ordre des choses.

Ça devenait de plus en plus étrange, comme jeu.

Spoiler:

Des ronces s'approchent. Elles s'infiltrent silencieusement dans le bâtiment. Et brusquement encerclent Stradivarius, plantent leurs épines dans ses jambes et ses poignets et le traînent sans ménagement à travers la pièce. Avec une rapidité étonnante il a déjà disparut. Avec une rapidité étonnante il est déjà arrivé au lac. Laissant les autres individus plantés devant la porte, le bourdonnement toujours présent.

Il continue à s’acharner sur la porte, méthodiquement. Noan ne lui donne pas le couteau, ce qui n’est guère étonnant ; cette femme n’a pas l’air du genre à se laisser marcher sur les pieds aussi facilement. Aide apportée cependant. Ou du moins elle l’aurait aidé si Virginie n’avait pas tout interrompu, brisant le fragile équilibre qui s’était installé. Stradivarius se tourne vers les deux grands yeux bleus. Attendri, il lui sourit. Cette gamine est tellement plus raisonnable que lui. Noan déclare qu’elle continuera, avec ou sans eux. Lui s’apprête à offrir son aide. Parce qu’il s’est que, peu importe combien les paroles de Virginie sont censées, une fois qu’il a une idée en tête, il ne la lâche pas.

- Je sais que c’est dangereux. Mais ce qu’il y a derrière cette porte pourrait bien nous apporter des explications à ce qui se passe en ville.

Ça pourrait tout aussi bien être un piège. Dans ce cas, tu ne découvriras plus rien, tu seras mort. Et… qu’est-ce qu’elle a en main ? Un sablier ? Que… Il n’a pas le temps de penser davantage. Des ronces lui enserrent les jambes et les poignets, empêchant tout mouvement. Douleur. Il se sent tiré en arrière. Loin de la gamine sur qui il s’était juré de veiller. Et merde !

Spoiler:

Toute la scène s’était passée si vite alors que le brun avait déjà disparu. Il se sentait seul homme parmi elle, et ceci n’était pas des plus désagréable même si toutes deux avaient un sacré caractère. Que restait-il à faire ? Ouvrir cette énième porte ? Le brun et sa sœur avait déjà sacrément avancé dessus, mais ce symbole que la jeune blonde avait signalé inquiétait tout autant Dragon qu’elle. Il ne pouvait pas laisser les deux demoiselles prendre de risque et surtout sa sœur : il ne voulait pas la voir mourir sous ses yeux une deuxième fois, et encore moins après cette dernière phrase saisissante de sa part. Alors qu’il ne restait plus beaucoup de scotch, il dégagea sa sœur de devant la porte, sortit sa lame puis la pointa en direction Noan avant de lui jeter un regard noir, pour lui faire comprendre de ne pas approcher.

« Je vais l’ouvrir avant que rien d’autre ne vienne nous chercher. Toi la blonde, Virginie c’est ça ? »

Sa lame maintenant baissée, son ton s’était adouci en s’adressant à la jeune femme. L’agressivité et la méchanceté n’était pas non plus le meilleur des tons à avoir dans ce genre de lieu et de situation.

« Si tu as vraiment peur, je te conseil d’attendre un peu dehors. On t’appellera la porte une fois ouverte. Quand à toi sœurette, fais ce que tu veux. »

Il était bien plus détaché vis-à-vis de Noan. Après tout, si sa vie n’avait que si peu d’importance pour elle, pourquoi le lui en accorderait-il lui ? Malgré le remord et le regret qui le rongeaient encore de l’intérieur déjà depuis ses douloureux souvenirs, le commentaire sarcastique de tout à l’heure venait de lui planter un couteau supplémentaire dans le cœur.

Il se retourna pour défaire le peu de lien qui retenait encore cette porte au mur, pour la défoncer d’un grand coup de pied.

Désolée:

Un hochement de tête sec en signe d'assentiment au dénommé Stradovarius, peut-être ? On n'en était pas à cette affection étrangement immédiate qu'elle éprouvait à l'égard de Virginie, mais le jeune brun venait éventuellement de gagner son respect.
Venait éventuellement de disparaître, la porte battant derrière lui avant de claquer, ne brisant pas la continuité du bourdonnement qui commençait à tout recouvrir.
Tout était définitivement trop étrange dans cette pièce, notamment leur capacité à ne pas s'en offusquer. Aussi Noan était-elle toujours à la même tâche, ôtant le dernier bout de scotch, quand -

Il est beau le couteau. - quand les mots de son frère se firent une place jusqu'à son oreille, son propre regard fixé sur la lame. L'acceptait. N'importe qui d'autre, n'importe quelle situation, elle aurait probablement insisté, aurait carré les épaules et aurait continué, menton fier et tête haute. Mais pas lui, non. Pas lui. Faisant montre d'une humilité morgue, elle recula d'un pas, lui laissant la place. Après tout ce qu'elle lui avait fait, elle n'était simplement pas en droit d'opposer son ordre équivoque.

Elle était à présent adossée à un des murs, qui trembla sous le coup de Dragon. Elle ne semblait prêter attention à rien.
Elle avait peur de ce qu'ils étaient en train de faire.
Peur pour lui.
Peur pour Virginie.
Mais pas pour elle, non.
Son propre détachement lui faisait peur.
Oui, tout le monde autour d'elle n'aurait pu être que vagues nuances de gris, tandis que le sourire aussi flou que désabusé qu'elle arborait depuis quelques secondes retournait au néant.

Prête à agir envers ou contre tout ce que l'esprit tortueux de cette ville pourrait faire de cette porte. Les tirer en arrière, s'interposer, bien que ça n'aurait pas grand intérêt envers des radiations, elle s'en foutait. Souviens-toi, tu viens pas de déclarer que plus rien ne comptait ?

Spoiler:

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