La frontière est mince entre le réel et l'illusion

12-14h

Vous n’imaginez même pas le soulagement que ressenti Gabriel en voyant Vodka arriver. Ce fut comme si le monde recommençait à tourner, comme si… bref. C’est avec un grand sourire que le jeune homme s’arrêta pour attendre son compagnon, sourire aux lèvres. Mais la distance entre deux homes était encore trop grande, Gabriel était incapable de courir vers Vodka et l’impatience régnait dans sa tête. Ceux ci sont les excuses au « VODKA ! » qu’il cria au jeune homme en le voyant pas trop loin de lui. Il l’accueillit d’une tape dans la main, main qu’il tendit ensuite vers la bouteille avant de se raviser. Une gorgée de plus et il vomirait. Le blond lui pouvait encore ingurgiter du liquide transparent, ce qu’il fit sans plus attendre devant les yeux tristes de Gabriel.

Le blondinet parlait mais le cerveau de Gabriel tournait au ralenti. Les deux hommes continuaient d’avancer sans but, doucement, en direction opposée à celle de Vodka. Logique. Alors que Vodka lui demandait si Gabriel était son vrai prénom, le jeune homme venait de comprendre l’invitation masquée du blond et vérifiait les alentours. N’y voyant rien il répondit simplement.
« Oui c’est mon vrai prénom et tu peux le crier autant que tu veux »

Un petit clin d’œil au blond suivit d’une dernière inspection des environs et Gabriel attrapa Vodka pour le coller contre le mur. Ses mouvements étaient justes et précis comme s’il l’avait toujours fait. Mais il ne s’attarda pas sur cette pensée, en fait il n’y pensa même pas. Il tient d’abord vodka contre le mur à distance de lui pour pouvoir mater son corps presque nu puis il se rapprocha et l’embrassa. Un long baisé plus osé que les précédents car il n’y avait aucun spectateur. Gabriel en profitait et ne pensait pas au fait que ses amis pourraient le voir car ses amis étaient loin, dans une maison. Le jeune homme se colla contre Vodka et glissa ses mains dans le dos du jeune blond. Afin de reprendre un peu son souffle, il lâcha la bouche de yeux-verts et embrassa doucement le cou de son partenaire. Ses mains descendirent caresser le creux des reins du mâle. C’était une sensation si différente que celle de Comte. C’était… Sympa aussi.

Il se détacha du coup du jeune homme et ne fit pas attention au paysage tout d’abord. Il remit ses lèvres contre celles du blond et sa main passa dans la nuque du jeune homme. Sauf que faisant ce mouvement il remarqua qu’il aurait du toucher des briques et non… Cette matière douce. Il recula de quelques pas et avec stupeur découvrit qu’ils étaient maintenant dans un rayon de magasin en forme de U. Sur les étagères noires qui avaient du faire mal à vodka, il y a avait que des sous-vêtements féminin. Il arqua un sourcil d’incompréhension. Nouvelle illusion ? Avait-il marché bourré jusqu’ici sans s’en rendre compte, black Out ? Il regarda Vodka interrogateur.

Le regard du blondinet se perdit dans les sous-vêtements tous plus sexy les uns que les autres qui l'entouraient. Il avait vu les murs disparaitre pour laisser place à cette étendue de lingerie féminine mais l'attention que lui portait Gabriel l'intéressait bien plus donc il avait fini par fermer les yeux, répondant au baiser fougueux qu'il lui offrait. La nouvelle décoration attendrait un peu. Vodka devait admettre que s'il avait été surpris par l'initiative soudaine du brun, il avait tout de même apprécié et participé grandement à l'échange langoureux. Gabriel... Il n'était pas prêt d'oublier ce prénom après de tels baisers. Sa retenue venait donc bel et bien de la présence des autres et maintenant qu'ils étaient seuls, il se laissait aller. Cela plaisait grandement à Micha qui ne se gênait pas pour en profiter, laissant ses mains se balader sur le corps musclé qui se tenait contre le sien.

Rompant le contact entre leurs lèvres, le fameux Gab' l'interrogea du regard et un ricanement s'éleva de la gorge du blondinet.

"Nan t'es pas fou ! J'vois aussi les p'tites culottes."

En parlant, il se décolla un peu du rayon. Un sentiment un peu amer l'envahit. Il avait l'impression qu'on se foutait de lui en le faisant apparaitre ici après le souvenir que la boule lui avait offert. Celui qui faisait cela s'amusait-il ? Souhaitait-il le voir s'énerver et criser face à cette lingerie ? Dans ses rêves ! Vodka ne lui ferait pas ce plaisir et il avala une nouvelle gorgée de boisson avant de saisir un soutien-gorge rouge avec un peu dentelle. Il s'agissait surement de l'un des plus sexys du coin et il eut un léger sourire provocateur à l'intention du responsable de cette... téléportation ? Sa main accompagna ce rictus et il offrit un magnifique doigt d'honneur en regardant un être invisible.

"Tu croyais que j'allais péter un câble hein ?! Et bah, perdu ! Essaye encore pour voir !"

Sur ces mots qui le faisaient très certainement passer pour un fou - peut-être que les quelques gorgées de vodka n'y étaient pas pour rien - il enfila donc le morceau de tissu puis prit une pose aguicheuse ridicule en regardant Gabriel.

"Ca me va bien ? ~

Sa voix s'était faite plus aigue pour coller avec le personnage mais rapidement un rire plus grave la remplaça, résonnant dans le magasin.

Gabriel recula dans la salle en forme de U. Enfin une salle sans porte qui donnait sur des rayons d’habits lorsqu’on regardait par l’ouverture. Sentant les mains de vodka qui le tenait encore par la taille, il ne recula pas trop, ne voulant pas rompre le contact. Sa tête tournait un peu ou alors c’était le monde qui tournait trop vite. Cela était il possible ? Vodka lui semblait très bien et de son air enfantin il expliqua qu’il voyait aussi les petites culottes. Bon c’était rassurant d’un sens non ? Ca voulait aussi dire qu’ils étaient bien passés d’un endroit à un autre d’une façon dont Gabriel ne comprenait pas. Septique, il ne croyait pas à la magie... Quoi que… Avec Régis… Il était sûrement temps de se grandir et murir et de croire aux choses impossibles. Comme lui Gay… Enfin bourré pour le moment, gay ce n’était pas dis.

Vodka se décala du rayon et commença à faire un doigt d’honneur dans le vent puis à parler à quelqu’un non présent… Enfin à personne quoi. Gabriel le regarda. Non ça ce n’était pas normal. L’alcool coulait-il déjà dans les veines du petit blond ? Alors ils partageaient la même illusion ? Ceci semblait la réponse la plus logique et pourtant il semblait à Gabriel que ce n’était pas ça. Lorsque Vodka tendit le sous vêtement en dentelles, le jeune homme ne put s’empêcher de penser que ça irait bien à Comte et qu’il le lui offrirait bien. Enfin s’il connaissait ses mensurations. Il fit une moue un peu triste. Ce mouvement de Vodka avait détaché Gabriel à l’autre homme. Malheureusement Gabriel n’arrivait presque plus à ce tenir debout. Il se colla contre les étagères et se tint avec une main.

Vodka enfila le soutient et prit une pose tellement féminine, tellement préjugé. Puis ce rire qui contrastait avec la tenue qui fit sourire Gabriel et lui fit peur en même temps. Non ils n’allaient pas se transformer en travelots tout de même. Homosexuels d’accord mais travelots… never ! Il attrapa difficilement la main de vodka, en la ratant à plusieurs passages, et finalement, le tira plus près de lui. D’un ton provoquant il répondit :
« Seulement si je peux l’enlever. »

Il lui fit un petit clin d’œil du mieux possible, et décrocha le soutient. Il n’eut pas de mal comparé au reste de ses gestes. Ca devait être un réflexe chez lui, il avait du en enlever pas mal dans son ancienne vie. Il glissa ses mains dans le dos du jeune homme jusqu’au creux des reins du gars où la pression se fit plus forte pour le pousser vers lui. Il embrassa les lèvres du jeune homme.

Un sourire en coin s'étira sur les lèvres du blond à la remarque et au geste de Gabriel. Pressant ses lippes sur les siennes, il conserva ce rictus amusé. Son comportement était vraiment passé du tout au rien, le repoussant violemment dans la ruelle et maintenant l'attirant contre lui pour réclamer ses baisers avec envie. Ses mains glissèrent sur ses épaules avant de passer autour de son cou pour l'enlacer. Ses mouvements lui semblaient naturels mais Vodka se doutait très bien que la personne contre laquelle il se collait habituellement n'était pas un beau brun chaleureux comme Gab' mais plutôt un blond froid et méprisant. Un léger soupir lui échappa. Repenser à ce Taiga le mettait dans une humeur étrange. Il voulait lui faire une leçon en embrassant son ami - s'il s'agissait d'un ami - mais maintenant, il ne voyait plus l'intérêt. Si ce Taiga n'était pas là pour voir, il ne pouvait le faire rager et sa revanche était donc vaine... Détachant son visage, il secoua légèrement la tête pour chasser cet homme de ses pensées. Pourquoi venait-il l'oppresser à ce moment précis ? Alors qu'il s'amusait avec Gabriel et qu'ils auraient pu prendre leurs pieds tranquillement ? Le blondinet ne pouvait que voir l'influence que ce japonais portait sur lui et cela lui déplaisait un peu même si le sentiment était moindre qu'il ne le voudrait.

Buvant une longue gorgée d'alcool sans vraiment se défaire de l'étreinte, il sentit sa gorge le brûler avec plaisir et jeta un regard à Gab' après.

"Je te prendrais bien là, sur le sol du magasin mais j'ai quelques problèmes de conscience à abuser d'un faux hétéro bourré j'crois."

Un léger ricanement lui échappa mais il était bien moins joyeux que tantôt. L'image de ce qui semblait être son mec le hantait un peu trop et le trompait dans son dos ne lui plaisait pas. Il voulait voir son visage se contracter sous la haine en voyant le spectacle. Mais il n'admettrait cela pour rien au monde, personne ne devait savoir pour ce passage honteux de sa vie et il se contenta de se dégager des bras de Gabriel pour marcher vers les autres rayons. Il était peut-être temps de se fringuer un peu... autant profiter d'être dans un magasin, il devait bien y avoir d'autres choses que des soutifs quand même. Ainsi, le blond se mit à observer les lieux, cherchant un tshirt homme potable. La bouteille était toujours dans sa main et les effets de l'alcool commençaient à se faire doucement sentir. Son esprit se brouillait un peu mais il en était content, au moins, il oublierait ce foutu Taiga.

Oh mais ? Mais ? Mais quelle est cette Chose qui avance droit sur eux ?
Vodka et Gabriel venaient d'être interrompus dans leur débat par un Ratatouille particulièrement énervé qui se cognait contre les rayons dans un état de panique indescriptible. Et pour cause. Un feu venait de se déclarer, allumé par Miguel, Mirage et Vinci. Et nos chers protagonistes étaient juste à côté. C'était bien dommage.

Sans compter que pof. Quelqu'un, venait d'apparaître dans les bras de Vodka, lui faisant lâcher la bouteille. Une jolie brune. Dame. Le moment n'était-il pas parfait pour jouer aux héros ?

Citation :: Au feu !
Vous êtes face à un incendie. La fumée vous pique les poumons, la chaleur est insupportable. Vous devriez paniquer et sortir d'ici au plus vite. Et faîtes attention à ne pas trop attirer l'attention de notre ami Ratatouille, le rat géant en très piteux état.

Gabriel s’amusait. L’alcool fonctionnait enfin. Il ne pensait plus vraiment à Régis et était devenu beaucoup plus détendu. Fuck les conséquences et la gueule de bois. Pour le moment il profitait du présent et le passé ne l’intéressait même plus. Il se sentait enfin lui-même, profitant de la vie, profitant des corps inconnus et naïfs. La ville n’existait plus. Vodka, sobre, semblait se plaire au jeu du jeune homme. Un jeu dangereux dans cette ville mouvement où ils n’avaient jamais aucun répit. Sous ses mains il sentait le corps du jeune homme à nouveau. Cet homme nu en arrivant et toujours sans vêtement. Si désirable et si facile à prendre. Ce petit corps rien qu’à lui. Gabriel sourit, il aimait bien sentir les autres plus faibles que lui.

Mais déjà des pensées assombrissaient l’esprit de Vodka qui arrêta les caresses. Quelque chose n’allait pas. Quelque chose qui cassait tout. Gabriel ne le savait pas mais il n’était pas le seul à être détruit et dévoré par son passé. Vodka l’était tout autant. Le jeune homme aux yeux vairons regarda son ami prendre une gorgée. Le liquide le tentait bien mais la raison, du peu qu’il en restait, lui interdit. Il ne devait pas passer par le faible et s’il buvait encore il se doutait de ce qu’il se passerait. Vodka le regarda mais Gabriel détourna le regard. Il ne voulait pas le regarder, il n’en avait que faire. C’était son corps qui l’intéressait rien d’autre. Tomber amoureux de Vodka, et puis quoi encore. Ce dernier rigola et sortit une blague pas drôle à laquelle Gabriel ne répondit pas. Vodka venait de lui gâcher son moment de plaisir et maintenant il se foutait de sa gueule. Il laissa le blond se dégager de l’étreinte et ne le suivit même pas du regard. Tant pis, comme en boite de nuit, s’il n’avait pas vodka il en aurait d’autres.

S’il avait réfléchit, Gabriel se serait rendu compte que lui-même avait eu du mal à se décoincer en rencontrant Régis et qu’il avait fallu pas mal de gorgées pour l’oublier. Vodka se souvenait peut être de son copain et lui aussi devait faire une trêve dessus le passé. Il n’y pensa pas mais inconsciemment il se calma. S’aidant du mur, il suivit Vodka dans les rayons. Trouvant un pull noir à col en V il le prit et le passa sur le corps de Vodka.
« Voilà comme ça t’es plus présentable pour des inconnus. »

Il s’assit laissant le soin à Vodka de choisir lui-même ce qu’il voulait mettre. Il regarda quelques minutes ce corps qui s’affairait avant de repenser au carnet posé sous ses fesses. Il le sortit et le feuilleta. Il y avait une lettre sur la première page mais la terre tournait trop vite pour qu’il ne puisse le lire. Il rangea donc le bouquin rouge. De toute façon tous les journaux intimes commençaient par un « cher journal ». Ce journal ne devait donc rien comporter d’important puisque toutes les autres pages étaient blanches ou déchirées. Malgré cela il le rangea dans sa poche arrière.

Relevant la tête, la terre tourna encore plus vite avant de se calmer. Pourtant quelque chose n’allait pas, au fond de l’allée une lumière rougeâtre étaient allumée et de la fumée noire semblait en sortir. Il ferma les yeux quelques secondes avant d’entre des bruits d’objets qui tombent. Il ouvra à nouveau les yeux. Malgré la tête qui tournait, il vit une masse noire avancer rapidement vers eux. Un murmure. « Merde ». Tout cela n’envisageait rien de bon et il était incapable de courir. Enfin il allait devoir le faire. S’aidant des étagères où étaient entreposés des habits en tout genre, il réussit à se dresser tout en parlant assez fort et trop vite.
« Vodka, vodka. Je crois qu’on est dans la merde… je »

Il fut interrompu par un bruit de verre brisé à côté de lui et tourna la tête vers Vodka. Une femme était dans ses bras. La colère prit place dans la tête de Gaby mais ce dernier préféra reporter son attention vers le truc noir qui se rapprochait d’eux. Malgré cela, il se permit de vociférer.
« Putain ! Tu fous quoi avec une meuf toi ? Merde ! On a pas le temps pour les minettes ! Faut qu’on se barre en vite. »

Il avança vers les portes de sorties, vite, trop vite. Il toussa plusieurs fois. Il avait l’impression d’être dans un four et cette bestiole qui les suivait. Il ne pensait qu’à marcher vite à défaut de pouvoir courir et à marcher sans tomber. Malheureusement il tomba. Trop bourré pour marcher droit, sans mur à ses côtés pour le soutenir. La chute fut lente mais nullement douloureusement l’alcool l’empêchait de sentir la douleur. Ses jambes fléchirent d’abord puis ses mains rattrapèrent ce corps qui s’affalait pour éviter que la tête ne prenne un coup. Réflexe naturel. Au moins il lui restait ça. Il avait perdu sa dignité, son égo et il allait crever dans un feu ou par ce truc noir. Il pensa à Régis et combien il était désolé de lui avoir fait du mal sans comprendre. En fermant les yeux, il vit l’extincteur sans réfléchir à l’utilisation pratique de ce dernier.

Vodka sentait bien que son ami était déçu mais il n'avait plus le cœur à folâtrer dans un rayon lingerie. Il ne savait pas trop ce qu'il voulait en réalité... D'un côté, il désirait revoir ce Taiga autant à cause de ses sentiments inconnus et incontrôlables que pour le frapper et extérioriser la honte qu'il avait ressenti dans cette tenue de femme. Le blondinet se sentait, pour la première fois depuis son arrivée, perdu. Presque sans souvenir et loin de la seule personne qu'il connaissait, il n'avait plus de repère. Il se tenait là, à descendre une bouteille de vodka tout seul. L'alcool devait lui monter à la tête d'ailleurs pour qu'il se trouve dans cet état. Fort heureusement, Gabriel lui enfila un petit pull - très gay ce truc - avec un col en V ce qui fit sourire un peu le blondinet. La serviette avait glissé de ses épaules lorsqu'il avait mis le haut mais il ne s'en préoccupa pas, il n'en avait plus besoin. Il s'approcha du brun pour déposer un baiser sur sa joue, murmurant un petit "Merci" avant de repartir errer dans les rayons pour le laisser feuilleter son journal en paix. Enfin, c'était ce qu'il croyait mais rapidement, les évènements prirent une tournure dramatique à nouveau. A croire qu'il attirait les emmerdes...

Une nana apparut dans ses bras tandis qu'une odeur de cramé montait à ses narines, le prenant à la gorge. Sous l'effet de la surprise et du poids supplémentaire, il laissa tomber la demoiselle les fesses sur le parquet avec un sursaut. Ceci le déséquilibra un peu et il recula de quelques pas pour rester debout. Ce faisant, il sentit quelque chose sous son pied et un couinement confirma la sensation. Il tourna la tête vers la source du bruit et eut un hurlement qui l'empêcha d'entendre les propos de Gaby.

"OH PUTAAAIN !"

Le cri de peur lui avait échappé en voyant la créature bien trop grosse et bien trop moche à son gout. Naturellement, il attrapa vite le bras de la demoiselle pour qu'elle se lève et... la mit devant lui pour se protéger de cette immonde bestiole. En plus son odeur, combiné à celle du feu qui approchait de plus en plus, lui donnait envie de rendre les biscottes qu'il avait mangé plus tôt. Il essayait de se calmer, pas le moment de paniquer mais avec tout ce qu'il avait bu et qui se promenait dans son sang, ce n'était pas chose aisée alors il faisait bouger la femme, la secouant un peu en l'avançant vers le rat sans lui demander son avis puis reculant vivement avec elle pour ne pas se faire mordre.

"En garde saleté !"

Folie ou alcool ? La question restait sans réponse vu son comportement en temps normal. A cause de cette mésaventure, il avait oublié Gabriel mais d'un coup d'œil, il vit qu'il rampait sur le sol... Mais Vodka ne pouvait rien faire pour le moment ! Il avait du boulot : un rat à terrasser, ce n'était pas rien ! Surtout armé que d'un bouclier en forme de femme...

Elles partent. Tu veux les suivre ? Essaie seulement. Tu veux faire un pas en avant, oui, tu aimerais bien. Mais non, ce n'est pas comme ça que ça se passe ici. Tu ne fais pas ce que tu veux, tu ne vas pas où tu veux. C'est elle qui décide, ma chère Dame. Et elle a décidé de te bouger. C'est une autre façon de dire qu'elle te téléporte. Téléporter ? Oui, c'est possible.

Un sentiment bizarre l'envahit, comme si elle s'invaginait. Elle ne sait pas ce que c'est. Elle disparaît, juste comme ça. De l'église elle n'a plus aucune vision, un trou noir. Elle ferme les yeux, son corps est engourdit. Quand elle les rouvre, elle est à terre. Douleur aux fesses, elle est apparue au milieu de nulle part dans les airs et est tombée au sol. Elle a entendu un bruit de verre qui se brise juste avant de s'affaler au sol. Elle ne sait pas où elle est, ni ce qui s'est passé, rien.

Elle aimerait bien prendre 5 minutes là, pour se poser et reprendre ses esprits. Mais elle n'en a ni le temps, ni la possibilité. Elle aurait bien besoin d'un petit verre pour décompresser, c'est plus possible là. Sa vue est brouillée et son ouïe de même, complètement perdue, la pauvre. Elle entend quelqu'un crier, elle tourne le regard vers l'essence du bruit. Sa vue se stabilise, elle entend sourdement. Un homme blond, avec un pull bien moulant. Gay. Avec devant lui... Une chose. Pas de commentaire. Un gros truc moche.

Et ce blond, il la tire par le bras pour la relever ? Non, pour l'utiliser comme bouclier. As a shield, dear. La dear cligne des yeux, égarée.

« Heu... Quoi ? »

Non elle ne comprend pas, rien, du tout, depuis le début. Et là, mais alors là. C'est le pompon, la cerise sur la gâteau. Et en plus, ça sens le brûler. Oui, il y a de la fumée qui s'échappe de derrière la bête. Oui, il y a du feu. Oui, elle doit vite partir de là. La chose devant elle s'avère être un rat, géant, moche, cramé. Certes, mais encore. Le type qui l'emploie semble n'en avoir rien à foutre d'elle et la secoue en reculant. Alors oui, elle ne comprend rien, mais elle ne va pas se laisser bouffer par une bête pareille. Et surtout pas se laisser manipuler de la sorte.

Levant son pied, elle plisse les yeux. Elle abat son talon sur le pied du jeune homme, qui la relâche. Oui, ça fait mal, bouffon.
Vite, elle pense à s'enfuir. Mais courir avec des talons ? Impossible. Elle défait ses lacets, enlève ses belles bottines en cuirs, oui c'est dur, mais quelle valeur ont des chaussures face à la vie ? Tu descends d'un étage.
Et là, elle lance une de ses deux chaussures sur le gros rat, tourne les talons, et s'enfuit en courant sur ses chaussettes blanches. Un type, rampant contre un mur. Blessé ? Saoul ? Handicapé ? Pas de sang. Saoul. Ou handicapé. Peut-être les deux. On s'en fiche. Elle court vers lui.

« Hey ça va ? Non, sans doute. Viens, faut sortir d'ici. »

Et elle l'aide, pleine de compassion, à se relever, elle le soutient. Gentille dame. Elle aurait pu s'enfuir seule. Est-ce si dur de laisser quelqu'un à la mort ? Il aurait été aidé, par le blond. Mais elle n'est pas méchante, elle l'aide. Elle le prend même par la taille, son bras sur ses épaules, pour le relever. Et elle se retourne et crie.

« Et toi le connard, grouille toi faut s'barrer là ! »

Elle, essaye. Brave. Elle marche vers la sortie. Le rat semble s'être remit en mouvement, derrière lui les flammes. Elle n'aura pas le temps de sortir.

« Putain tu viens m'aider sinon on va tous crever et toi le premier ! »

Est-ce le moment pour l'humour ? Il se préoccupe plus du brun que de toi.
Créature fragile, tu ne connais personne. Tu n'as pas d'amis. D'alliés. Maintenant que tu sais qu'il y a d'autre gens, sois gentille. Ne sois pas sur tes gardes, ouvre toi. Crée des liens pour te sortir d'ici vivante. Mais tu n'es pas comme ça, ouverte aux gens. Tu installes une barrière entre toi et les inconnus, tu le sais n'est-ce pas ? Bien sûr que oui.

So let it breathe, let it fly, let it go. Let it fall, let it crash, burn slow.

Un couinement de douleur lui échappa lorsque le talon de la demoiselle s'écrasa sur son pied. Il se mit ensuite à sautiller un peu partout en se tenant le pied et sentit la chaleur monter. Ce n'était cependant pas à cause de sa petite blessure ridicule mais bien le feu qui grandissait et approchait à grand pas. Face à ce spectacle de destruction presque fascinant, le blond s'arrêta et se mit à admirer. La violente l'interpella cependant, coupant sa rêverie et Vodka réalisa que son ami se trouvait vraiment dans une mauvaise position. Ignorant le rat qui vivait sa vie - ou essayait de la sauver plutôt - il se dirigea vers eux rapidement et glissa le bras de Gabriel sur ses épaules pour le redresser.

"Mec si tu vomis maintenant, je te tue."

Il se mit donc en route et aperçut à son tour l'extincteur. Le lien se fit dans son cerveau, bien qu'il passa devant sans le réaliser tout d'abord et il se dégagea de l'étreinte de son ami.

"Tiens le, j'reviens."

Il s'assura que la femme le tenait correctement pour qu'ils ne s'étalent pas tous les deux, il n'avait pas envie de les ramasser puis il fila récupérer la bouteille rouge vive. Celle-ci ne semblait pas vouloir se détacher correctement mais en forçant, le blondinet finit par vaincre. Il retourna vers ses camarades ensuite, couvrant leurs arrières en aspergeant les flammes trop proches. Le rat qui passait par là se retrouva couvert aussi. Geste de bonté et de dégout de la part de Vodka... Cette bête ne méritait pas spécialement de mourir brûler - même si ça serait lui faire une fleur - mais en même temps, il voulait la faire partir plus loin d'où l'arrosage surprise pour l'effrayer. Le feu quant à lui continuait de dévorer ce qui se trouvait sur son passage, s'enflammant d'un coup avec puissance au niveau de la bouteille cassée ce qui fit sursauter Vodka. Il n'avait pas particulièrement peur mais il ne voulait pas finir cramer non plus donc il s'activait, jouant à l'apprenti pompier tout en reculant pour suivre les deux autres qui étaient lents... bien trop lents. La fumée elle continuait sa route aussi et le blond profita de l'écharpe que Cendrillon lui avait filé plus tôt dans la journée. Il la remonta sur son nez et sa bouche pour s'en servir de masque avant de crier.

"Si on accélère pas, on est mort les gars ! J'vais pas tout éteindre avec ça !"

S'il jouait à l'idiot plus tôt, il semblait que face au danger, son cerveau reprenait le dessus et il se mettait à réfléchir. Le danger était bien là, sa chaleur était réelle et il la sentait alors l'heure des blagues stupides ou des flirtes était passée... Maintenant, il fallait survivre.

La tête lui tournait, tout allait trop vite, les cris les flammes, les couinements. Il toussa. Son heure approchait et il ferma les yeux pour se laisser partir. Il pria de n’avoir pas mal, de ne pas trop souffrir. En fait il était las de se battre contre ce passé qu’il ne contrôlait pas. Il serra dans sa poche ses deux photos. Il respira à nouveau ce nuage toxique qui le fit tousser encore. Ce mouvement du diaphragme lui fit tourner la tête de nouveau. Il voulu soupirer mais pensa que pour soupirer il fallait d’abord inspirer et donc à nouveau tousser. En soit c’était infaisable. Il était là allongé alors que le monde semblait s’écrouler autour de lui. Et il voulait simplement partir mais apparemment on ne le laissait pas faire.

En effet, des mains se placèrent sur sa taille et son bras se fit placer autour des épaules. Il ouvrit un œil encore endormi et aveuglé par la fumée mais reconnu une belle rousse toute proche de lui. Dans un dernier élan de drague pourrie il murmura :
« Je suis au paradis ? »

Bon lorsqu’elle gueula alors qu’il était à côté il grimaça et se rendit bien compte qu’on ne le laissait pas crever tranquillement et qu’il devait donc survivre. Et merde. Vivre mais pour faire quoi ? Souffrir. Il garda ses mots et sa haine de la vie pour lui. Il voit le blond qui arrive et l’aide à tenir sur ses pieds. Elle en a du caractère la rousse pour que même Vodka accepte de lui obéir. Il retint un sourire et une raillerie moqueuse. Il n’a pas le droit, pas alors qu’il est dans cet état. Par contre Vodka se permit de lui faire un commentaire. Gabriel tourna le visage vers lui un peu énervé. Il l’a pris pour qui ? Une mauviette ?
« Ouais non mais moi je vomis pas hein. T’as cru quoi toi. C’est pas moi qui me fais contrôler par une gonzesse. »

Il était allé trop loin mais tant pis. Il s’en fichait, il s’en foutait complètement. Il a oublié les flammes, le truc noir etc. Il n’y a que lui dans les bras de la nana et cette tête qui tournait. Le monde tournait trop vite, c’était pas de sa faute à lui en fait. Vodka semblait avoir mal pris la remarque car il lâchait Gabriel. Ce dernier émit un petit rire provocateur avant de voir le blond brandir l’extincteur envers les flammes. Tiens y a le feu ? Il n’est pas si con que ça en fait le blondinet. De toute ses forces il essaye de se tenir afin de ne pas faire trop lourd sur les épaules de la jeune femme mais il est incapable de se diriger par lui-même dans une direction.

Et enfin le blond vient l'aider. Il lance une pique à son ami, vomir ? Il était saoul alors.

« Ouais non mais moi je vomis pas hein. T’as cru quoi toi. C’est pas moi qui me fais contrôler par une gonzesse. »

Gonz.. Alors comme ça, elle l'aide, et il l'appelle gonzesse. Non. Avec son bras libre, elle saisit le menton du pitoyable homme qu'elle essaye d'aider et lui dit, calmement, gentiment. Non, pas gentiment. Elle est énervée, perdue, comment être gentille ? Réaliste, plutôt.

« C'est qui la gonzesse ici ? C'est moi peut-être ? Non, moi je suis une femme. Et t'as plus besoin de moi que de lui là, alors tu te la fermes et t'essaies de marcher droit. »

Oui, c'est bien. Comme ça.

Derrière, le feu envahit la pièce de plus en plus. Vite, plus vite.
Quelques pas qu'il marche avec elle, pas plus. Il voit un extincteur. Oui bien sûr Dame ne l'avait pas vu. Mais qu'est-ce qu'un simple extincteur peut faire face à un feu pareil ? Le ralentir de deux millisecondes, peut-être. « Tiens-le, j'reviens. » T'as intérêt.

« T'as intérêt. Moi j'avance avec lui, essaie de pas brûler avec le rat hein. »

Oui d'ailleurs, le rat ? On s'en fiche, du rat. On marche, on court, on vole, on se tire d'ici.
Et il y va, de tout coeur, il prend cette fichue bonbonne et il la laisse là, toute seule avec un alcoolique. Et il se prend pour un héros en plus. Il asperge un peu par ci, un peu par là. Tu sers à rien, mec. Dame dépassa cette envie folle de le tirer par le col pour qu'il arrête de jouer au pompier. Ce n'est pas un jeu . Du moins, pas pour toi, pas pour nous.

Alors elle avance, lentement mais sûrement. Le feu n'attends pas.

« Bordel, t'es peut-être saoul mais magne toi ! C'est nos vies que tu mets en danger, tu te rends compte ? Déjà que je comprends rien à ce qui se passe, et j'essaie de t'aider ! J'aurais très bien pu me barrer mais non, j't'aide. Alors fait juste UN effort. Pour ton ami aussi, regarde le il se prend même pour superman. Allez. »

Et tu lui adresses un sourire, juste un. Peut-être que ça va l'encourager. T'espère. T'espère que tu vas te tirer d'ici vivante. T'espère que ta mémoire reviendra au plus vite. T'espère comprendre un jour ce qu'il se passe ici, que quelqu'un t'explique. T'espère même rencontrer des gens, d'autres gens, des gens que tu connais. Et si, tu les reconnaîtrais ? Tu ne sais pas, encore. Encore... Mais tu marches, ça oui, tu marches. Finir cramée, non merci.

« Si on accélère pas, on est mort les gars ! J'vais pas tout éteindre avec ça ! »

Non, jure ? C'est maintenant que tu le remarques. Champion.

« Non sans blague que tu vas pas y arriver ! Allez lâche ça et viens ! »

Dit-elle d'un ton désespéré. Décidément, elle donne beaucoup d'ordre ces derniers temps. Enfin... En 4 heures quoi. À Noan, à lui. Aimerait-elle diriger les choses ? Non, juste garder en vie les gens autour d'elle. C'est vite dit, certes. Mais même, qui aimerait voir quelqu'un crever comme ça ? Peut-être qu'il y a des gens comme ça, qui veulent en voir d'autres mourir parce qu'ils ne les aiment pas. Mais elle non, elle a été prise comme un bouclier, mais elle ne veut pas qu'il meurt. Ce serait, stupide.

Shout, shout, let it all out.
These are the things I can do without.
Come on. I'm talking to you.
Come on.

Elle se joue d'eux, de leurs vies. Car après tout, leurs vies Lui appartiennent... Une petite sphère, fragile souvenir, émerge doucement de sa conscience, et traversant la ville, vient danser devant les yeux de Dame. Tentatrice.

Spoiler:

A contre coeur, Vodka finit par revenir auprès des autres. Il ne lâchait pas l'extincteur, au cas où les flammes ne commencent à s'attaquer à eux mais il ne l'utilisait plus. Glissant son bras autour du corps de son ami, il entreprit d'avancer à nouveau, accélérant le pas des deux tortues. Le feu avançait toujours aussi rapidement derrière eux et le blondinet se remerciait d'avoir cette foutue écharpe pour ne pas étouffer. La fumée lui piquait considérablement les yeux et il sentait les larmes monter malgré lui. Il les ravalait comme il pouvait, ne voulant pas passer pour un faible et il se motivait mentalement. Il ne pouvait pas mourir ici de toute façon. Il devait retrouver Taiga, il devait se souvenir de sa vie passée... Mourir à cet instant précis serait tellement décevant et frustrant.

Cependant, quelque chose ou quelqu'un semblait ne pas vouloir rendre les choses faciles et une boule apparut à nouveau, devant la nouvelle arrivante cette fois. Un juron échappa des lèvres de Vodka. Ce n'était pas le moment de s'amuser à trafiquer avec ces trucs mais il comprenait très bien qu'elle veuille toucher, lui-même ne résisterait pas à ce genre de tentation.

"Si tu veux toucher ce truc, fais vite. J'avance avec lui et tu nous rattraperas en courant, 'kay ?"

Pourquoi devait-il la priver d'un souvenir de sa vie alors que lui-même n'aurait certainement pas résister ? Il ne fallait qu'espérer que la mémoire entre rapidement dans son esprit et la ramène au jour tout aussi vite pour qu'elle puisse fuir les flammes. Les portes du magasin commençaient à se discerner au loin, ou en tout cas une lumière plus naturelle semblait se dégager de ce lieu. Il espérait sincèrement ne pas rêver ou ne pas se faire avoir stupide par un néon très clair... Une nouvelle idée germa dans son esprit et il balança l'extincteur aux pieds de la brunette.

"Et tiens.... On sait jamais."

Un vague sourire s'étira sur ses lèvres. Pour quelle raison ? L'encourager surement... Lui donner le courage de toucher ce souvenir par forcément plaisant. De son côté, il s'activa pour essayer de mettre Gabriel sur son dos, ils avanceraient plus vite ainsi.

La jeune rousse prit le menton de Gabriel. Lorsqu’il vit les lèvres de la jeune femme il cru sérieusement qu’elle allait le smacker. Peut être avait-elle des souvenirs que lui n’avait pas. Comme pour Régis. Mais non. Le paradis n’était pas là, c’était plutôt l’enfer. Il ferma les yeux lorsqu’elle lui gueula dessus. Bien sûr que c’était une femme et avec sa voix aigüe elle lui faisait mal à la tête. Il essayait de se concentrer sur ce qu’elle disait, réellement, mais la terre tournait trop vite et sa tête lui faisait un mal de chien. Nouvelle inspiration de la fumée. Nouvelle toux rauque qui n’annonçait rien de bon. Sa fin sûrement. Il ne put s’empêcher de s’amuser une nouvelle fois, une nouvelle fois avant de crever comme un rat dans ce trou.
« Oui m’dame ! »

Il avait prit la voix d’un enfant pour le oui et la voix d’un élève perturbateur pour le m’dame. N’empêche qu’il fit des efforts et se retint du mieux que possible pour marcher droit. Oui mais avec la terre qui tournait, le nuage de fumée qui les envahissait et ces toux rauques, marcher droit était un défis. A nouveau elle l’engueule. Lorsqu’elle parle de vodka faisait superman il le regarde et sourit. Il pourrait vraiment être sexy en superman. Surtout lorsqu’il enlèverait les habits de ce superman. Oui ça pourrait être drôle à faire. Oui mais non Superman est brun. Alors il faudrait lui acheter une perruque brune. Ses yeux se posant sur Gabriel le ramenèrent à la réalité et ce sourire qu’il lui redonna lui redonne des forces. Il fallait filer et plus vite que ça sinon tout le monde mourrait. Et hors de question de jouer à l’héros que se sacrifie, il savait d’avance que ça ne marcherait pas et qu’ils perdraient uniquement du temps.

Il se concentra uniquement dans ses pas en regardant le sol et en faisant attention de ne pas prendre l’équilibre mais sa toux l’empêchait vraiment de calmer son esprit car à chaque secousse de ses poumons sa tête valsait faisant encore plus tourner le monde. Il sentit quelqu’un le prendre de l’autre côté mais ne leva pas la tête. Ses poumons semblaient être en feu et il lui semblait brûler de l’intérieur. Il était excédé et épuisé et il entrainait tout le monde avec lui. Il ne se rendait pas compte de ce dernier, enfin pas totalement mais il essayait, pour une fois, de faire les choses bien. Il se concentrait uniquement sur ses pieds et c’est pour cela qu’il ne compris pas lorsqu’il se sentit lâcher et que Vodka se posa devant lui. Il vit son ami s’accroupir et le tirer vers lui. Il ne comprenait rien.
« Hey mec ! Ce n’est pas le moment ! Faut sortir de l… »

Il ne fit pas sa phrase, une nouvelle quinte de toux le prit. Il recula de quelques pas ne comprenant toujours pas où voulait en venir Vodka et il tomba contre Dame qui tomba sur le souvenir. Il se retourna pour s’excuser mais ne vit qu’une statue figée par le temps. Il avait ENCORE fait une boulette.
« ET Merde ! On peut pas la laisser comme ça Vodka. On peut pas la laisser là avec le feu. PUTAIN DE BORDEL DE MERDE ! On fait quoi maintenant ? »

Il regarda son ami, impuissant.

Le souvenir intègre la mémoire de Dame, remplissant sa conscience et ses sens d'un passé qui n'appartient qu'à elle, tandis que 2 heures s'ajoutent à son compteur...

Dame:

Les yeux qui piquent. La gorge qui gratte. Tu tousses, tu pleures. Tu t'étouffes. La fumée, oui, c'est cet effet là que ça fait. Maintenant tu le sais. Ou le savais-tu déjà ?

Le blond arrive, les aide à avancer plus vite. Merci, oui. Un peu plus vite, ils marchent. Mais toujours comme des tortues, roux oblige. Dame aussi avait des reflets roux, dans cet enfer de flammes.
Le bruit des étagèrent qui craquent, des choses qui s'effondrent au sol. Le crépitement des flammes. Le chaleur sur sa peau, rougeâtre. Et l'odeur de brûler qui enrobe ce tout pour en faire, au final, une parfaite harmonie.

Vous avancez, ils avancent. Une boule lumineuse. Oui, comme celle qui lui avait rendu un fragment mémoire. Dame tousse, sa main libre devant sa bouche. Elle ferme ses yeux, les essuie. C'est bien un de ces trucs. Elle laisse échapper un petit « Oh » d'étonnement. Elle ne s'attendait pas à en revoir un apparaître comme ça, dans un moment si critique. Et bien sûr, elle va le toucher. C'est sa après tout, comment résister ? Ca ne blesse pas, ça ne mord pas, juste, sa mémoire.

« Si tu veux toucher ce truc, fais vite. J'avance avec lui et tu nous rattraperas en courant, 'kay ? »

Elle acquiesce d'un signe de tête accompagné d'un sourire. Le blond jette l'extincteur aux pieds de Dame.

« Et tiens.... On sait jamais. »

Et il sourit. Gentil, pour finir. Stupide, mais gentil. On peut pas tout avoir, Dame. Le visage sérieux et plissé par les flammes répondit un vague « Merci ». Elle posa sa main sur l'extincteur lancé.
Puis il s'accroupit devant l'autre gars, pour faire quoi ? Des trucs cochons peut-être. Non, vraiment. Et cet imbécile de saoul se mit à tousser. Tousser, reculer, Dame, tomber. Sur le 'souvenir'.

Elle s'écrase sous le poids du garçon, elle tombs sur ta mémoire. C'est plutôt elle qui lui tombe dessus. Elle te fige l'espace de quelques secondes. C'est toujours moins pire que de se faire téléporter, non ? Elle rouvre les yeux. Troublées. Moins que la dernière fois. Ell essaies de se relever, prise de vertige. C'est haut les talons. Elle regarde ses pieds, mais il n'y a que ses petites soquettes blanches. Elle remue les orteils, plus si blanches que ça. Et puis, elle se rappelle, oui parce qu'il y a quand même des choses dont elle se souvient, qu'elle te trouve au beau milieu d'un incendie. Et elle se relève, la bonbonne rouge à la main.

Elle recommence à tousser. Mettant sa manche devant sa bouche, commençant à courir. On n'entend même pas le bruit de ses pas, volatile. Ses cheveux flottent avec les braises. Elle court la gazelle, pendant que les deux lions se battent pour le gain du territoire. Non, ça, c'est le Roi Lion.

N'empêche qu'elle est toute seule.

« Bordel, où ils sont ? »

Tu continues de courir, évitant les obstacles. Lance la bonbonne, tu t'en fiches, de cette bonbonne, elle sert à rien, elle est cramée, peut-être vide. Inutile. Tu tournes une fois à gauche, une fois à droite. Une lumière. Sortie ? Prie pour. Deux silhouettes se fondent devant, titubant. Tu souris, c'est eux, oui. T'accélères.

Ready, aim, fire.

Le ton désespéré de Gabriel serra un peu le cœur de Vodka mais il ne se laissa pas aller à la panique comme son ami. Ce n'était pas le moment. S'ils perdaient leur moyen tous les deux, ils finiraient brûler dans ce supermarché à n'en pas douter. Etrangement, il ne ressentait même pas réellement de peur. Seule une envie de vivre le prenait et l'envahissait avec puissance pour le forcer à se remuer mais le feu ne l'effrayait pas. Habitué des situations dangereuses ou simplement inconscient ? Il ne savait pas s'il aurait la réponse un jour et pour être franc, cela importait peu à l'instant présent. Sa main saisit avec fermeté le bras du brun et le tira vers lui. Avec l'autre, il retira son écharpe, la fumée lui sautant à la gorge immédiatement mais il préférait l'ignorer. Doucement mais rapidement, il enroula Gabriel dedans, montant le tissu comme il l'avait fait pour lui tantôt et protégeant ainsi ses lèvres et son nez de la fumée. Le blond prit ensuite son visage entre ses mains, le forçant à le regarder puis caressa ses joues presque avec tendresse.

"Gabriel calme toi... Ca ira, je te promets que tout se passera bien. Elle va se réveiller dans pas longtemps, le feu est encore trop loin pour l'avoir et elle peut courir elle... Si on l'attend, on va mourir Gabriel. T'es pas en état de courir alors suis moi s'il te plait, je vais te sortir de là."

Pour une fois il ne se moquait pas. Son visage était sérieux tandis que son ton se montrait sincère et calme, cherchant à le rassurer et à le convaincre rapidement. Il croyait en ce qu'il disait même s'il se trompait peut-être, il voulait avoir confiance et offrir la possibilité à son ami paniqué de s'appuyer sur lui, autant pour le moral que physiquement. Les yeux toujours humides à cause de la fumée, une quinte de toux le prit à son tour maintenant que sa protection avait disparu. Il se colla pourtant à Gabriel quand même, glissant son bras autour de sa taille pour l'aider à marcher. Le blondinet le forçait à avancer vers cette lumière pâle si accueillante. Il n'était pas blessé, ni bourré et possédait plus de force que la femme donc l'avancée se fit plutôt rapidement au final. Vodka évitait de jeter des coups d'œil derrière lui pour vérifier l'état de leur nouvelle rencontre, certes, il se demandait si elle s'en sortait mais il refusait de retarder leur sortie pour autant. Une fois dehors, ça serait une autre affaire et il retournerait peut-être voir où elle était... peut-être.

Finalement, ils atteignirent la fameuse lumière blanche et après quelques sursauts dans son corps dus à la toux, le jeune homme ne put que soupirer de soulagement à la vue du ciel. Dehors... ils avaient réussi, ils étaient dehors ! Il retenait toujours ses larmes qui perlaient au bord de ses yeux à cause de l'intensité de la fumée dans le bâtiment mais l'une d'elle roula tout de même sur sa joue, échappant à sa vigilance. Un vague sourire s'étira sur ses lèvres et il entraina Gabriel de l'autre côté de la rue pour l'assoir contre le mur de ce bâtiment pas enflammé. Lourdement, il se lassa tomber à ses côtés, attrapant sa main pour lui montrer qu'il était avec lui.

Quelques secondes plus tard, ce fut au tour de leur chère camarade de sortir à l'air frais et ce fut un rire qui s'échappa de la gorge du blond cette fois-ci. Ils avaient vraiment réussi ! Ils étaient tous dehors. Son épaule cogna gentiment celle de son voisin, ses lèvres restant en un sourire joyeux et soulagé.

"J't'avais dit qu'on le ferait !"

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