But I still haven't found.

Citation :

Le silence. Etrange, n'est-ce pas, ce silence ? Qui résonne si fort à tes oreilles, qui gronde. Tu étouffe un baillement, pas encore bien réveillé. Pas encore apte à comprendre et analyser ce vide qui empli ta tête. Où sont donc passés tes souvenirs ? Où est ton nom ? Impossible à dire. Tu ne sais plus, plus rien du tout. La seule chose tangible, dans le silence qui règne dans le vieux wagon où tu te trouve, c'est ce décompte qui défile sur l'écran du téléphone portable dans ta poche. 72 heures, longues et courtes à la fois. 72 heures pour retrouver ta mémoire, avant qu'Elle ne soit maitresse de ton sort...

Il était debout sur le marchepied, immobile et comme absent. Haut dans le ciel, le soleil l'aveuglait, seul témoin de son arrivée ici. Ici... Il ne savait même pas où se trouvait ici. Était-ce vraiment quelque part ? Une question qui s'ajoutait aux nombreuses autres qu'il s'était déjà posé depuis son réveil.
Il avait ouvert les yeux un peu plus tôt, dans ce même train qu'il s’apprêtait à quitter maintenant. Encore endormi, il avait inconsciemment fait le point sur ce qui l'entourait, ce qui voulait dire pas grand chose. Le wagon était vide et cela ne l'avait pas dérangé plus que ça au départ. Le train étant à l’arrêt, il s'était dit que tout le monde avait dû descendre. Une hypothèse comme une autre qui pouvait se tenir, malgré le silence trop pesant. Il s'était alors redressé, sa main encore engourdie d'avoir supporté le poids de sa tête un trop long moment, avant de se lever. Ce fut à cet instant qu'un doute l'avait pris, saisissant ses entrailles, tordant son estomac et remontant peu un peu. Une peur sourde qu'il avait ressentit dans tout son être. Une absence... Il venait de prendre conscience de l'immense vide, du trou béant qui habitait maintenant sa mémoire. Qui était-il et que faisait-il là ?
Incapable de répondre à ces deux questions, il avait inspiré difficilement avant de tout relâcher. Il n'avait pas les ficelles en mains. Bien. Et maintenant ? Le simple fait de se poser la question l'avait fait se calmer. Son affolement avait laissé place à quelque chose de bien plus fort : sa curiosité. Réveillée, elle avait balayée tout de reste et lui avait permis de reprendre ses esprits. Il avait des questions, il se ferait une joie de trouver les réponses. Et pour cela, il avait besoin de prendre l'air.

Il descendit les marches alors qu'un léger vent lui arrachait un frisson. Bien trop frai sur les quais. Un vague regard sur ce qui l'entourait ne fit que lui donner raison : personne. La gare était vide, laissée à l'abandon. Aucune destination n'était annoncée, le nom du terminus n'était pas précisé. Il inclina la tête et plissa les yeux. Non, malgré tous ces efforts l'horizon lui paraissait flou. Beaucoup trop. Anormal. Il tâtonna sa poche, en sortit un portable. L’écran noir le nargua un instant avant d’afficher un décompte. Les chiffres digitaux apparaissaient et disparaissaient dans un rythme lent, régulier, monotone. C'était la seule application disponible, l'homme remit l'objet dans sa poche. Bien. C'était des heures qui défilaient, il en restait 72. Avant quoi ? Un autre point d'interrogation. Il plongea ses doigts dans l'autre poche et se saisit de quelque chose de familier. Ah, il connaissait ça. Au moins n'était-il pas seul, il avait ses lunettes. Gé.nial. Un sourire désabusé étira ses lèvres alors qu'il plaçait ses lunettes sur son nez. Le monde lui parut tout de suite beaucoup plus net. Bonne chose de faite. On continue ?
Il s'avança un peu pour se mettre en route et faire fonctionner son cerveau. Marcher était agréable, cela lui permettait de faire le tri dans ses pensées. Il en avait bien besoin. Une raison qui expliquait son amnésie ? Alcool ? Impossible, il n'aurait pas l'esprit aussi clair. Une drogue ? Sans comprendre comment ni pourquoi, son esprit lui déballa une liste complète de noms de médicament et autres substances, ainsi que leurs effets. Il se vit les analyser un par un pour les supprimer petit à petit. A chaque fois quelque chose ne collait pas. Peut-être un ou deux correspondaient, mais il ne pouvait rien faire d'autre que de soulever une nouvelle question : qui ? Bref, il laissa de côté une nouvelle fois. Un choc aurait tout aussi bien pu lui faire perdre la tête, mais il n'avait aucune douleur ni trace, mauvaise piste aussi. Et si cela était dû à un choc psychologique, il sera difficile d'en prendre conscience.
Il fronça les sourcils, incapables de trouver quoi que ce soit auquel s'attacher. Pas bon ça. Il n'appréciait pas ne pas avoir en main tous les ingrédients pour trouver la solution. Une longue mèche de cheveux lui barra la vue un instant. Il la prit et se coiffa rapidement, relevant sa tignasse d'un geste sûr et automatique. Tiens, il ne savait même pas à quoi il ressemblait. Autant commencer par là alors. Il s'avança vers une des vitres du train histoire de jeter un œil sur sa silhouette. Son reflet le fit grimacer. Un visage trop fin, une peau trop pale, des yeux clairs, des cheveux trop longs...Mouai, pas de quoi fouetter un chat. Il semblait propre et bien soigné, le reste ne l’intéressait pas plus que ça. Il voulait seulement remettre une image sur lui. Que faire ensuite, dans l'ordre des priorités... Trouver de quoi se nourrir et boire. On ne savait pas combien de temps il allait rester, autant trouver de quoi se mettre sous la dent. Et puis il allait visiter la ville aussi, il y aurait bien quelqu'un qui pourrait l'aider... Dieu, qu'il détestait se faire aider. Il était suffisamment capable pour se débrouiller seul. Le soucis, c'était qu'il était aussi suffisamment intelligent pour savoir qu'il aurait beaucoup de mal sans quelqu'un. Un soupire lui échappa. Depuis son arrivé ici, il voyait ses pensées se couper sans ordres, sans suite logique. Un autre point qui l'exaspérait énormément, il allait vraiment falloir qu'il se reprenne rapidement sans quoi il allait surement craquer. Encore heureux qu'il n'avait eu personne pour rompre le silence durant ses réflexions, il aurait eu beaucoup de mal à rester poli. Enfin, il n'était même pas certain qu'il aurait tenté de l'être. Il se mit en route, relevant son écharpe autour de son cou pour se protéger de la fraicheur du vent. Il allait devoir retrouver un semblant de logique et de maîtrise dans toute cette pagaille ou.. rien du tout. Il le ferait, point.

Des que l'énorme louve eu baissé le museau, Doliprane prit la tangente, refaisant le chemin inverse en courant vers les quais, sur cette fois de pouvoir sortir à temps, si ce n'est échapper aux monstres. Il savait qu'elle le poursuivrait, c'était la logique des choses. Etre la proie, le soumis dans l'idée, lui semblait horriblement familier, et le mis mal à l'aise.

Il regrimpa sur le quai de la gare en un bond,essoufflé avants de voir une nouvelle silhouette aux longs cheveux noirs...une fille ? Super... Il la rejoint en courant, l’entraînant par le bras.

-"J'expliquerai ! Puis se mit à courir vers les escalier en la traînant...oui, traînant. Cette fille est lente...elle va nous faire perdre du terrain là.. Et bon..il était impossible de la laisser derrière lui, puisqu'elle aurait été dévorée..Esperont alors que ce ne soit pas une grognasse .
Il s'arretat un bref instant avants de se pencher, l’attrapant par les cuisses et la soulevant, l'écrasant sur son épaules en la tenant solidement.
Gigote pas, et me fais pas chier...et si tu vois un loup qui vient en courant, tu hurles pas, mais préviens moi quand même.. Il ronchonnait, reprenant sa course.

Elle était mince et légère, pas de sensation de nichons sur l'épaules, dommage, mais au niveau du cul, semblait vraiment bien roulée...et elle avait de beaux cheveux... Comme quoi, même dans un endroit aussi étrange, la chance lui sourirait peut-être... Dolly sourit légèrement , fonçant vers la lumière du jour..

Comme quoi, tout à une fin. Le silence fut rapidement brisé par un bruit de course et la respiration haletante d'une personne. Il se retourna prestement, inquiet et curieux de savoir qu'il y avait quelqu'un d'autre dans les parages. La silhouette qui s'approchait rapidement était celle d'un homme. Félicitation pour cette remarque pertinente, mec, t'iras loin dans la vie. Au moins, son esprit n'était pas suffisamment atteint pour ne plus savoir faire la différence entre un homme et une femme, parfait. Tsss, c'était du beau n'importe quoi tout de même. Il grimaça. Même avec sa vision déglinguée il perçut la nette couleur bleutée de la tignasse de celui qui arrivait. Franchement il y avait bien des choses qu'il ne comprendrait jamais chez les gens, ce genre de frivolité en faisait partie. Allez savoir ce qui se passait dans la tête de ces types. En définitive, il n'en avait strictement rien à faire. Bleu. Bien sûr. Pourquoi pas.
Il fut coupé par l'homme en question qui n'avait pas ralenti sa course, au contraire. Celui-ci l'avait saisi par le bras, l’entraînant dans son sillage alors que lui même trébuchait, trop surpris pour réussir à suivre le mouvement dès les premières foulées. Il se reprit comme il le put et réussit même à reprendre au passage sa respiration qui s'était bloquée sous le coup. Trop rapide. Il ne pouvait que suivre maladroitement. D'un mouvement de poignet, il tenta de se défaire de la prise de l'homme qui ne sentit rien. Il grimaça de nouveau, incapable de suivre le rythme. Il se fit traîner sur plusieurs mètre avant que l'autre ne s’arrête enfin. De toute manière, il n'avait jamais été un grand coureur, ce n'était pas de sa faute. Et puis, il exigeait une explication à ça, ainsi que des excuses. L'ordre importait peu. Il allait prendre la parole, pensant niaisement que tout ce bazar avait pris fin, mais nan. Ce ne fut pas une phrase distincte qui sortit d'entre ses lèvres mais un cri de surprise très peu masculin qui le fit rougir de honte. Ça et le fait qu'il était maintenant sur l'épaule du type comme un vulgaire sac. Il allait l'engueuler avec grand plaisir quand le mot « loup » parvint à ses oreilles. Depuis quand on trouvait des loups en liberté en ville ? Cet homme se moquait de lui, il allait le payer. Putain, l'autre le touchait, le portait comme une femme, lui parlait comme s'il allait gentiment obéir, lui sortait des idioties aussi grande que lui (parce que vu a hauteur à laquelle il se trouvait, le type était grand) et continuait de courir en pensant qu'il allait sagement se taire. Il ne supportait pas ça. Mais alors, pas du tout. Aussi lui écrasa-t-il son coude dans le dos, dans une maigre tentative de vengeance. Il était vraiment furieux là. La preuve, il utilisait la violence physique alors qu'il savait pertinemment que ce n'était pas avec ses bras qu'il pourrait faire quelque chose. Et puis il avait juré. Merde. Un sifflement énervé lui échappa. Il reprenait peu à peu ses esprits, bien qu'il se faisait toujours malmener par la course. Quelque chose dans sa poche s'était coincé contre sa cuisse, très peu agréable. Il allait avoir un bleu si ça ne perforait pas sa peau avant que l'autre taré ne daigne le déposer.
Il releva les yeux entre deux soubresauts, distinguant une forme sombre plus loin. Heureusement pour lui, il avait encore ses lunettes sinon quoi il se serait rendu coupable de meurtre. Pourtant, malgré les verres correcteurs, la masse était trop éloignée pour qu'il puisse réellement saisir ce que c'était. Un loup ? Bien sur que non, il devenait simplement un peu trop paranoïaque à cause de l'autre. Il détourna la tête et gigota un instant pour tenter d'enlever le flacon de verre de sa poche. Ce truc là s'enfonçait beaucoup trop dans sa chaire pour qu'il puisse l'ignorer plus longtemps. Et rien à faire si cela dérangeait le coureur.

« Repose. Moi. Je te donne cinq secondes. »

Il avait parlé plus calmement qu'il ne l'aurait cru, mais son ton était glacial. Malheureusement son effet fut un peu gâché par une foulée plus grande qui le surprit. Il ne se laissa pas démonter pour autant Un loup. Non mais quelle excuse pourrie. Un loup en ville. Et lui il était une princesse hein. Il se mordit la lèvre, ravalant sa colère. Il avait le temps de ruminer vu comment l'autre était parti. Il haïssait ne pas avoir le contrôle, alors se faire trimballer ainsi...