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Os funèbre

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Blasphème beaucoup pour un Dieu
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MessageSujet: Os funèbre   Os funèbre Icon_minitimeLun 11 Mar - 9:07

« Vous vous souvenez de quoi ? »

La remarque de Candide lui tape sur le système, à tourner dans sa tête comme ça. Il l'a volontairement ignorée. A quoi bon répondre. Tiens, je ne me souviens de rien, content, monsieur le blond ? Très utile, vraiment, très utile. En même temps, tout chez ce type lui tape sur le système, pas besoin de chercher plus loin. Vous me direz, Symphonie et Candide sont comme lui, et ne se souviennent sans doute de rien. Mais pas question d'être un faible parmi les faibles. Donc le silence est une parfaite option. Le silence est roi, dit-on.

Il se retourne une demi-seconde vers les deux autres idiots. Se fige. Quelque chose flotte devant Candide. Quelque chose, parce que Dieu ne sait pas ce que sait, et qu'il peut toujours le décrire. Ça semble un peu irréel, c'est lumineux, ça reste là, ça... attend ? Le jeune homme blond tend soudain la main. Mais... il ne va pas faire ça quand même ? Le con ! Si. Il l'a fait. Et voilà que Candide semble... semble rien du tout. Il reste là, immobile, presque au bout du pont. Absent, tout simplement. Ah oui, super, bien joué idiot ! T'as l'air malin, planté comme un piquet sur ce pont ! Tu sais quoi ?! Tu mériterais que je te plante là, avec ta copine. T'as de la chance que la curiosité sois plus forte que ça ! Alors Dieu reste là, jusqu'à ce que Candide revienne à lui. Lui tourne le dos ostensiblement, sans rien dire. Plus tard, les questions.

Parce que là, il vient d'aviser une église. Une église, ça il connait. Et pas de mauvais jeu de mots avec son nom divin. Juste, une église, enfin quelque chose de connu ! Et connaissant la gentillesse des gens d'église, il va peut-être trouver une bonne âme bien naïve et bien mignonne pour le renseigner. Parfait. Il se met en marche vers le bâtiment. Sans attendre le duo qui l'accompagne depuis le début. Peu importe qu'ils soient là ou pas.

Il pénètre dans la bâtisse en pierre par une immense porte en bois. Sensée impressionner les fidèles, sans doute. Sauf que dans l'église, point de fidèle. Point de quoi que ce soit de vivant, a vrai dire. Et puis il l'entend. Cette petite musique douce, aigrelette. De l'orgue. Mais de ce qu'il peut voir d'où il est... personne n'est assis devant le grand instrument. Encore quelque chose de bizarre, encore quelque chose qui lui donne la chair de poule. Et ce n'est que lorsqu'il réussit à détacher son regard de l'orgue qu'il voit l'escalier. Quelques marches qui descendent dans l'obscurité. Intriguant.

- Je descend !
lance-t-il. Sa voix résonne, se répercute contre les voutes, couvre l'orgue un instant, puis s'éteint. Il est déjà dans l'escalier.

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MessageSujet: Re: Os funèbre   Os funèbre Icon_minitimeLun 11 Mar - 20:42

« Souffrir de l’oubli. Sourire de l’amnésie. Comment s’y faire ?
Os funèbre 2794341666 08h-10h.

« Les mots n’atteignent pas forcément. Les mots n’ont pas la force. Les mots ne sont pas tout. Et je suis perdu. Encore. Que veulent-ils de moi, qu’attendent-ils ? Je ne suis pas grand chose, et pourtant, je suis dans le prestige. L’on m’offre tout sur plateau d’argent. J’ai de la chance, mais je ne la désire pas. J’ai peur, je suis tétanisé. Des questions s’empalent à mon âme. Les frissons me parcourent. J’ai peur. Encore. Si peur que j’en tremble. J’en tremble de l’intérieur. J’ai l’impression d’être femme, d’être enfant. J’ai l’impression de pleurer, de verser larme. Et pourtant. Rien ne coule. Juste ce mince fil de transpiration qui dégouline le long de mon éniche, glacé. Le souvenir est passé, mes mains me brûlent. La sensation des rênes. Je souffre. Une souffrance interne qui s’exprime de diverses manières. Le souvenir s’empare encore de mon corps. Ne règne pas ce peu d’assurance, mais plus cette assurance blasée. Ce… Ce gout âcre à l’arrière du palet. Je ne sais plus quoi dire. Mais de toute façon, que puis-je bien dire ? Les mots n’atteignent plus. Ils deviennent inutiles. Et au delà de ce champ de bataille, cette impression demeure.

Effroi.
Qui durement, rime avec roi.

« Dieu a avancé, Symphonie sans doute m’a devancé. Et moi, je reste là, sur le pont. Durement amer. Une amertume qui me fait rire. Un rire jaune, un rire noir. Un rire qui au fond, fait tout sauf me faire rire. Justement. Mais qui suis-je, bon sang ? Je suis désemparé, je suis seul. Une solitude qui me démange, une solitude qui me désempare. Habitué à la foule peut-être ? J’hausse les épaules, abandonné sur la passerelle. Enfin. Abandonné. Délaissé de moi même. Par ma propre volonté. Je songe à hier. Un hier qui remonte sans doute à des semaines, voire des mois. Je me sens si jeune, si vieux.. Je suis l’inconnu révolu, le prince déchu. Prince. Ma métaphore me fait mal. Je me tue moi même. Alors c’était donc ça ? Je me mords furieusement la lèvre. Non, je ne suis pas satisfait. Je me leurre. Pourquoi rire de ce qui ne me plait pas ? Je suis désolé, désolé d’un fait que je ne comprends pas. Et je m’y perds. Je ne peux plus me défaire. Je suis lié dans des liens qui me retiennent, qui me veulent. Dois-je lutter contre moi même ? Dois-je lutter contre mes propres différences ? Dois-je m’affranchir des morsures ? Me trahir ? Je suis lasse, lasse mais trop jeune. Égaré, assemblé dans une mosaïque prosaïque. Alors je ris, de nouveau. Je suis éraillé. Et je vois les deux bougres s’en aller. Il m’avait attendu. Dieu. Quelle ironie. C’était donc moi, le coup du trône ? Alors suis-je voué à la mort ? Comme tous. Suis-je voué à la destruction ? À la haine du haut placé ?

Suis-je réellement de taille ?
Au final, qu’importe ?
Ou sont mes idéaux ?
Pourquoi me perdre ?
Pourquoi dois-je me battre, me battre…
Pour me plaire ?

« Je me secoue, m’ébroue. Il n’est plus temps. Plus temps au passé. Depuis longtemps la lueur s’est dissipée. Depuis longtemps la sensation m’a oubliée. Je suis à nouveau seul, seul dans la nature, lâche dans un silence qui me lie de toute part. Je lève yeux, je souris. Oui. Je ne suis pas obligé. J’ai sans doute peur, mais peur est naturelle. Peur que je révolte. Je me révolte. Il me reste ce présent au delà du passé. Je suis attiré, attiré par ces lueurs. Ces lueurs qui me font mal, et qui dans ce mal, me font du bien. C’est apeurant. Et réjouissant. J’hausse une fois de plus les épaules. J’endosse mon rôle, rôle qui me colle à la peau, rôle qui diffère en d’autres. Mais peu importe. Je dois jouer. Revêtir.

Je suis Candide.
L’imbécile heureux.
Le philosophe raté.
La versatilité à tête reposée.
Je suis Candide.
Un camaïeu de nuances.
Un stratège qui se perd.
Je suis Candide.
Quelqu’un d’oublié.

« J’ai rattrapé la troupe. Je me mets aux côtés de Dieu, face à l’église. Il doit bien avoir un projet un tête, une idée coincée entre deux espaces vides. Je ne peux m’empêcher de sourire. Un sourire qui sera sans doute éphémère, car au fond de moi, je sens ce noir gagner à l’avantage. Je me sens peu à peu sombrer face à moi même. Deux souvenirs, donc une double amnésie. Et pourtant, j’ai l’impression que cette dernière n’est pas accidentelle. Peu importe, je me contente d’être moi même. Et demain ne doit pas m’effrayer. Car sans vérité, peu importe ce qu’elle m’offre… Je peux encore m’inventer.

Et c’est ainsi que le brun descendit vers la crypte.
Suivit du blond, évidemment.
Blond qui poussa le brun.
Blond qui reprenait consistance.
Qui déjà classait les informations dans un coin de sa tête. Pour plus tard.
Blond qui s’en foutait, en fait.
Se contenter d’être.
Être blond, blond dans un monde gris.
Aux diverses noirceurs.

L’orgue chantait toujours.


Dernière édition par Candide le Mer 3 Avr - 16:18, édité 3 fois

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MessageSujet: Re: Os funèbre   Os funèbre Icon_minitimeJeu 14 Mar - 20:23

Je suis les évènements sans vraiment les suivre, comme si tout cela n’était qu’une mélopée fantastique, insaisissable, iréelle. Quand Candide touche l’étrange lueur, je reste là, à observer la brume. Cette brume si semblable à celle recouvrant ma mémoire. Mes souvenirs. Pourquoi sommes-nous ici ?
Mais quand le blond reprend conscience, je ne sens pas le soulagement qui aurait dû pourtant m’atteindre. Soudain, je me sentais vide, inutile, futile. Simple chose complémentaire. Je ne suis pas aigre contre les deux autres ; mais plutôt contre moi-même. Effacée, ma partition ne reste emplie que de trémolo, trémolo vide et vain.
Je ferme un instant les yeux, avant de suivre Dieu qui reprend la route. Suivre docilement. Subissant toutes ces choses qui me dépassent, et que je n’ose combattre. M’agenouillant devant tout ça. Abandonnant.
L’église me semble à la fois gigantesque et monstrueuse. Un tel édifice, me dis-je avec un humour décalé, devrait faire plaisir à Dieu. Sauf que je ne m’attendais pas à ce qu’un orgue joue déjà dans l’édifice.
La musique envoutante me fait irrépressiblement fermer les yeux, et je savoure avec délice les quelques notes. Doux retour à ce que je connais ; comme une sensation de déjà-vu. Comme si ma place était ici. Ici, auprès de la musique. Ici, près de quelque chose que je sais ; que je crois encore connaitre.
Je rouvre les yeux à regret, observant timidement autour de moi, comme un enfant qui sourit bêtement en sortant d’un songe et qui a peur d’avoir été remarqué. Cependant, aucun organiste en vue. Seuls les deux garçons, devant moi. Dont l’un commence à s’engager dans des escaliers.

    « Je descend ! »


Et Candide le suit. Le trio tout entier, car à mon tour je m’engage sur les marches, dont le bruit de nos pas forment une étrange marche funèbre. Je reste silencieuse, mais la question qui brûle mes lèvres m’échappe finalement, et je demande d’une voix si faible que je ne sais même pas s’ils m’entendent, malgré l’écho du lieu :

    « Où est-ce que ça mène ? »


Je me mords la lèvre, tergiversant entre le fait de poser une autre question, qui me fait divaguer sans cesse, et m’empêche de me raccrocher à la réalité, et mon envie de rester discrète.

    « Ce sang… Il était à qui ? »


Sang. On aurait dit un blasphème dans ma bouche, malgré l’étrange délicatesse que je lui avais donné, par ma voix fragile. Mais cette Ville déchue donne une drôle de mélodie, une étrange sensation pour n’importe quel mot.

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MessageSujet: Re: Os funèbre   Os funèbre Icon_minitimeSam 16 Mar - 14:45

La crypte est obscure. Des bâtons en feu brûlent éclairant la fin des marches et le début du couloir. Ce sont les seules lumières de l’endroit et elles n’éclairent que la personne ou la chose qui les tient. Les murs sont poussiéreux, fais en vielles pierre et couvertes de toiles d’araignée. Ces toiles sont présentes partout : au niveau du plafond, sur tous les murs, entre les pierres… Et pourtant aucune araignée ne semble s’y cacher ou en tout cas aucune n’est visible. Le lieu est humide et frais.
Un coup de vent s’engouffre et éteint une des deux torches alors qu’un résonnement sourd se fait entendre.

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MessageSujet: Re: Os funèbre   Os funèbre Icon_minitimeJeu 21 Mar - 16:46

Candide passe devant lui. Il se refuse toujours à lui demander quoique ce soit à propos de l'épisode de tout à l'heure. De cette lumière venue du ciel. Un dieu ne pose pas de questions. Les réponses viennent à Dieu. C'est comme ça. Et ça restera comme ça. Et le dieu reste silencieux. Écoutant de tout son être ce qui résonne autour de lui. Les notes égrenées par l'orgue mystérieux, dans l'église, commencent à décroitre petit à petit. Au fur et à mesure qu'ils s'enfoncent sous terre. L'idée lui donne un léger frisson. La descente d'un dieu aux enfers, n'est-il pas ?

La voix de Symphonie résonne étrangement dans le silence. Un silence poussiéreux, un silence froid, un silence qui porte une légère odeur de moisit. Un silence de mort, c'est bien cela. Où est-ce que mènent ces escaliers ? Est-ce que cela ne semble pas évident ? Il ne peut retenir un soupir. Pourquoi est-ce qu'ils sont là avec lui, déjà ? La deuxième question de le jeune fille est déjà plus intéressante. A qui est ce sang. Le sang de la chambre, à n'en pas douter.

Tandis que ses yeux s'habituent à la pénombre, Dieu observe. Et son esprit, entièrement pris dans la réflexion, ne lui fournit aucune réponse. A qui est ce sang ? A un mort ? Qui pourrait perdre autant de sang sans mourir ? Dans ce cas, pourquoi n'y avait-il pas de corps, là-bas ? Le corps avait-il été... dévoré ? Un frisson parcours son corps. Il se force à rester concentré sur le moment présent. Rien de bien intéressant, à vrai dire. Des toiles d'araignées partout, prouvant que personne, vraiment, dans cette ville, ne s'occupe de faire le ménage. Super, vraiment super.

La seule chose vraiment intéressante, à vrai dire, sont les torches qui brûlent, accrochées au mur. Le feu, il connait. Le feu qui réchauffe les hommes. Le feu qui rassure, qui nourrit, qui protège. Il s'approche d'une des torches, et en prenant garde à ne pas se brûler, et surtout à ne pas toucher les toiles d'araignées qui décorent les murs, il entreprend de la décrocher. Une arme, quelle qu'elle soit, n'est-ce pas parfait ?

Soudain, un coup de vent. Un coup de vent étrange, qui semble venir de nulle part. La torche sur l'autre mur s'éteint brusquement, réduisant leur visibilité. Super, bah voilà, manquait plus que ça. Je vais être obligé de les laisser me coller de près... Si il n'y avait que le vent. Mais il y a aussi ce bruit. Ce son étrange et lourd qui résonne au loin. Pas assez loin à son goût. Il avale sa salive, déglutit difficilement. Étrangement, il doute que la chose qui produit ces bruits soit prête à se soumettre à sa divine autorité dans l'instant. Il jette un regard à Candide et Symphonie.

- Vous avez entendu ?

Une voix maitrisée, qui cache tant bien que mal sa légère anxiété. Non, les dieux n'ont pas peur. Jamais.

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MessageSujet: Re: Os funèbre   Os funèbre Icon_minitimeJeu 21 Mar - 21:11

« Je serai prêt à tout.



« Reconnaissance. Que fait l’homme ? De quoi est-il constitué ? Que représente sa conscience, votre conscience ? Ta conscience ? Âme. Esprit. Essence. Idées et thèses, jugements. Saviez vous que prince venait d’un mot latin signifiant premier ? Premier de quoi ? Prince. Personne au rôle le plus important, dépassant le roi, car de capacité plus honorable. La définition fuse dans l’esprit du blond. Qui marche après marche, se révèle. Prince. Personne de mérite. Personne se démarquant de son courage, de son soi. De ses actes. Personne première de par lui même. Respecté, il sait se confondre, pour mieux se démarquer. Une autre marche sous les pieds de l’imposteur. Imposteur qui tressaute, tressaute face aux notions qui lui reviennent. À contre sens, à contre gré.

« Les voix s’élèvent, les voix se couplent. Une voix qui semble duo. Mais personne ne répond. Car la réponse est déjà gravée dans les veines, dans la peau. Réponse que Candide dévie à sa manière. Sang. Quelle importance. Impression. Frisson. Je ne peux prédire, ou du moins, ne cherche pas. Plus. Je sais. Sais que bientôt, nous découvrirons. Alors le doré hausse les épaules. Désabusé. Il se souvient. Souviens de diverses choses, de birbes qui pourtant, lui échappent. Et c’est frustrant. Une frustration qui étrangement, il arrive à calmer. Laisser couler. Que la rage s’écoule. Que le temps passe. Inspiration, expiration. Un mouvement qu’il connaît. C’est encré. Encré en lui, au profond de son cœur. De son épiderme. Il sait. Sait gérer. La colère ne le prend pas. Ne le prend plus. Comment peut-il être impulsif, pour après, prendre en compte son contrôle ? Il se contrôle. Une habitude qui lui fait mal. Car au fond. Il aimerait se laisser dévorer. Il la sent. Cette pointe d’amertume qui lui dévore le cœur, le corps. Cette ombre qui peu à peu le submerge. Un espace noir qu’il possédait avant son arrivée. Mais il s’en fiche. Oui. Il se suggère lui même d’oublier.

Après tout.
Il ne s’agit que d’un détail.
Non ?

« Il ne dévale plus. La chute volontaire s’est stoppée. Oui. Le sol est lisse sous ses pieds. Un lisse quelque peu métaphorique, si l’on omet tous détails. Mais qu’importe. Oui. Qu’importe les détails, quand eux même ne le sont déjà plus ? Ils envahissent. Dans la pénombre luisent torches. Le célestin s’en empare d’une, l’autre s’éteint. Brusquement. Lentement. Le souffle. Quelque chose est là. Loin. Loin et terriblement proche. Un frisson involontaire – prémonitoire ? – glisse le long de ton éniche. Désagréable sensation. D’où cela provient-il ? Tu t’approches du brun, ressens l’émanation du plus profonde tes entrailles.

Menace ?
Ou murmure de bienvenu ?

« Déglutir. Déglutir dans l’inaudible. L’insonore du silence. Le bruyant du non dit. La cohue du plat. La respiration qui s’entrechoque. Et dans le silence, la question du potentat des étoiles. Un sourire nait sur ton visage. Visage dans l’opacité. Opacité qui de grâce cache l’air tendu. Paré. Paré. Le mot résonne dans ton mind. Mot anglais qui fait écho, écho naturel. Approprié. Français, Anglais. Des images qui prennent une toute autre conception.

« Que veux-tu qu’on en dise ? Il n’y a rien à dire. Avançons, ou l’on ne saura jamais. Ok ?
Et le pire ?
Tu n’avais pas peur.

Et dans le profond de Candide.
Dansait une réplique oubliée.

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MessageSujet: Re: Os funèbre   Os funèbre Icon_minitimeMer 27 Mar - 17:58

C’est le noir qui nous entoure, peut-être, qui me tire un frisson mélancolique. Entourées par le silence d’une harmonie brisée, les marches des escaliers s’enchainent les unes après les autres, jusqu’à ce que, enfin, une légère lueur, espoir ou non, se devine et révèle un couloir à l’aspect obscur. Malgré la lumière légère qui y règne ; cela ne rend que les ombres plus effrayants, comme le début d’un requiem.
Et alors, comme pour répondre à de peureuses pensées, les ténèbres nous entourent à nouveau, comme on aurait soufflé des bougies d’anniversaire avec la douce mélodie en arrière-plan. En un peu moins joyeux. Mais comment un vent accordé ainsi peut-il se faufiler jusqu’à des souterrains ? Je sens un filet de peur s’insinuer à nouveau en moi, rongeant mes entrailles, malgré le calme qui semble le combattre silencieusement, ne le laissant qu’en accompagnement, alors que Dieu demande alors :

    « Vous avez entendu ? »


Comme si le bruit lourd, trainant, aurait put être ratable. Comme si ce couloir obscur permettait au moindre couinement de souris de se faire discret comme un pizz de violon un quart. Je me rapproche du garçon par réflexe, alors que Candide réplique :

    « Que veux-tu qu’on en dise ? Il n’y a rien à dire. Avançons, ou l’on ne saura jamais. Ok ? »


Je jette un regard vers là où le violon vient de jouer avec une voix dénuée de peur. Je fronce des sourcils, me permettant une remarque d’une voix légère, si petite que même la nuance pianissimo fait pâle figure, mais qui pourtant semble résonner beaucoup trop à mon gout dans le lieu.

    « Mais si c’était la même chose que ce qui a rependu tout ce sang, avant… ? »


Il ne faut pas y aller, c’est bien trop dangereux. Petite et douce Symphonie, un moment viendra, moment où enfin tu te décideras à donner ton avis, car si pour le moment tu préfères te taire car tu préfères les laisser mener la danse, ce n’est pas forcément une bonne chose.

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MessageSujet: Re: Os funèbre   Os funèbre Icon_minitimeMer 27 Mar - 19:16

Doucement elle s’avançe vers eux. Le sol tremble sous chacun de ses lents pas. L’écho raisonne dans la salle et sonne comme le tambour de la mort qui se rapproche. Boom. Silence. Boom. Silence.
Éclairée par la faible lumière, une ombre se projette contre le mur, quelque chose comme une lance qui s'est plantée dans le sol. Nouvel écho. L'ombre est remplacée par une chose noire comme une nuit sans lune, grande et étroite comme un bodybuilder, velue, qui vient d'elle-même se planter dans le sol.
Doucement un nouveau écho raisonne. Une autre "lance" de la même forme et taille rejoint sa compagne. Et enfin, quelques écho après, la chose est devant eux. La bête a la forme d’un arachnide. Aussi noire et velue que la patte aperçue plus tôt. Ses yeux sont des rubis à la lueur malveillante, dépassant d’orbites remplies d’un fluide couleur de chrome. Ses mandibules en cisailles s’ouvrent et se referment, bavant de longs rubans d’écume blanche. La bête a faim. La bête veux manger. La bête semble sortie des plus grand cauchemars.

L'heure du déjeuné a sonné.

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MessageSujet: Re: Os funèbre   Os funèbre Icon_minitimeSam 30 Mar - 12:17

Avancer pour savoir ? Décidément, ça ne va pas du tout dans la tête de Candide ! Est-ce qu'il en d'autres, des conneries comme ça à proposer ?! Dieu lève les yeux au ciel, geste invisible dans la pénombre qui les entoure. La remarque de Symphonie lui tire un frisson. La même chose que ce qui a rependu tout ce sang. Le sang de la chambre. Le sang sur les murs. Le sang.

Et le jeune homme reste là, immobile, à écouter grandir le tremblement des pas de la chose dans le noir. A laisser la chose venir, incapable de bouger, incapable de se décider. Dieu a perdu les commandes de son propre corps, et le divin est redevenu pantin. Dans sa vison, le sang, encore et encore, perles écarlates, tableau démoniaque.

Et la voilà qui apparait devant eux. Immense, monstrueuse. Arachnéenne. Sa noirceur obstrue tout l'espace, l'envahit. Écrasante. Et les tremblements ne sont plus de mise. Le temps s'efface, le temps disparait, et son absence les dévore. Dieu se perd dans le rouge intense des yeux de la bête, la bête qui les fixe. Qui semble se régaler d'avance. Rien qu'en les regardant. Futiles insectes. Futiles vies.

Son sang ne fait qu'un tour, il saisit le poignet de Symphonie, fait volte face en la trainant derrière lui, hurlant à l'adresse de Candide :

- On se barre ! Maintenant !

Non. Non, il ne finira pas en repas pour une araignée géante. Hors de question. Pas plus qu'en fast-food pour des plantes carnivores. Et si le blond est un tant soi peu intelligent, il le suivra. Ses jambes, encore tremblantes, le portent le plus rapidement possible vers la sortie. Fuir.


HJ:

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MessageSujet: Re: Os funèbre   Os funèbre Icon_minitimeSam 30 Mar - 20:09

« Chaleur.

« Il cri, prend Symphonie et s’en va. Il l’alerte. Le Dieu n’est plus roi. Le Dieu n’est plus Dieu. C’est une blague qui malheureusement, ne fait pas rire. Et le blond, le blond lui reste à l’aise. Face à cette araignée, il réprime un rire. Quelle poisse. Oui, c’est définitif. Il est un porte chance foireux. Une tache sur le tableau, un hérétique à la mort, un imbécile du bonheur. Il hausse les épaules, se remémore le peu vécu. Le coup des ronces, foiré. Le coup du pont, foiré. Le coup des maisons vides, aussi, était plutôt pas mal. Mais maintenant, l’on peut dire qu’il tient le gros lot. Un lot velu, aux pattes anarchiques et au regard sanguin. Quel charme. Il en aurait presque faim.

Presque.

« Alors il fait un pas en arrière. Candide n’est pas stupide, pas au point d’en mourir. Si chacune de ses actions donne un résultat contraire, il ne fera plus rien. Pour l’instant. Il ne priera plus les ronces pour se retrouver sans réponses. Oui. Candide ne se démontera plus. Le blond décide à l’instant un autre chemin, plus lumineux, moins difficile. Une facilité ardue, mais tout de même plus agréable. Et il n’en a que faire. A quoi bon ? A quoi bon tenter d’ouvrir une conversation, quand elle se solde d’un échec ? A quoi bon clamer le drame… Pour que rien ne se passe ?

Vive la crédibilité, franchement.

« Le bruit de mes pas dans le dédale. Je rattrape le jeune et sa poupée, leur adresse un petit signe de la main et continue. Quoique… J’attrape d’une poigne l’avant bras de Dieu, pour le trainer derrière moi. Quitte à courir, autant y aller à fond. Cette impression de vitesse m’est si familière, je m’enivre dans la course, me cache des autres vérités… Sans doute, car dans un sens, je me pose des questions. Me suis-je attaché aux deux autres ?

Enfin. C’est pas comme si c’était vraiment important.

Et dans le recoin de ta tête, une vieille chanson s’embraye.
Une chanson dont tu ne te rappelles plus le nom.
Cours cours, et chevauche le vent.
Saute au delà des marches, sois sauvé du temps. ♫

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MessageSujet: Re: Os funèbre   Os funèbre Icon_minitimeLun 1 Avr - 16:38

Décadente musique horrifique, de celle des cordes jouant sous leur chevalet, des disharmonies et des nuances anarchiques. Elle me saisit et m’entraine sans que je ne puisse faire quoi que ce soit, alors que l’arachnide apparait sans que je ne puisse bouger pour m’enfuir. Sur la partition de cet être improbable, une seule promesse : la mort. Pourquoi ? Pourquoi faut-il toujours que nos accords soient accompagnés de bêtes féroces à la soif de sang ? Sans doute serai-je restée ici, déboussolée face à toutes ces choses que je ne comprends pas ; mais la main impétueuse de Dieu se ferme sur mon poignet, et m’entraine.

    « On se barre ! Maintenant ! »


Candide ne tarde pas à nous suivre ; et je cours, cours aussi vite que mes jambes me le permettent. Je ne suis pas faite pour cavaler ; mon souffle se fait cours, et mes muscles me tirent alors que nous remontons les marches le plus vite possible. J’aurai presque cru voler, si ça ne faisait pas si mal. Mais je dis ne pas être faite pour cavaler ; pour quoi suis-je faite ? Cette question me saisie alors même que la course ne devrait être que ma seule préoccupation ; mais une deuxième voix s’ajoute à la peur : le doute. Pourquoi donc suis-je ici, incapable de me souvenir, de courir, de faire quoi que ce soit ? Pourquoi tout cela ?
Quand je me rends compte que nous risquons notre vie, une soudaine gratitude pour Dieu m’envahit ; et nul doute que je compte bien le lui rendre. Egocentrique ou pas. Bien que, pour le moment, il faut courir.
Quand nous sortons enfin des escaliers, j’ose espérer que l’énorme araignée, la monstrueuse, ne nous suivra pas. Mais, alors que nous traversons l’église, ma jambe surmenée se dérobe sous moi, exténuée. Un cri m’échappe. Comment même un cri peut sembler doux ? Sa mélodie me semble bien loin des deux tons des garçons. Suis-je vraiment à ma place avec eux ?
Sans prêter attention à d’éventuelle remarque désobligeante de Dieu, que j’avais arrêté net, j’essaie de me relever avec difficulté, mais me sens incapable de recommencer à courir. Mes yeux bleu-violet s’écarquillent légèrement de peur.

    « Elle… Elle ne peut pas nous suivre jusqu’ici ? Elle est trop grosse ? »


Pour la première fois, ma voix délicate est rongée par l’angoisse. Et de toute façon, jusqu’où irons-nous comme ça ? Bien que je me retiens de le demander, il faut bien que nous allions quelque part. Malgré tout. Loin de ces monstres. Mais pourquoi toutes ces questions, si on ne connait même pas la partition que nous suivons ? Car l’idée de recommencer une partition effacée est belle, et tentante. Mais nous ne sommes qu’une partie, infime fraction d’un jeu bien plus grand. Et ces questions ne peuvent être utiles dans ces conditions. Simplement dangereuses.
Qui sommes-nous?


HJ:


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