And i sing for you !

06h - 08h

Elle était toute seule sur scène et il avait fallu que ce monstre revienne. Il fait rejaillir tellement de souvenirs douloureux. Il y en a peu mais il y a tout de même ces quelques jours avec Crescendo et il est lié à la découverte de la perte de sa mère. Puis le gars muet arrive avec un petit signe de la main et un regard déconfit. Elle lui adresse un petit sourire compatissant et encourager mais la rage est dominante et plus rien n’existe que cette place où elle se sent chez elle et cet individu qui cherche à rentrer dans sa vie, dans sa maison tel un cambrioleur. Et ça parle, ça parle pour ne rien dire et Ombre assise sur le sol fulmine. Et elle craque.

« Mais j’en ai rien à foutre de ton Alice ! Va la rejoindre si tu veux ! Mais s’il te plait ! Part d’ici ! Et non je ne te tutoierais pas tu ne le mérites pas ! Tu me répugnes, tu me fais peur et je veux que tu t’en ailles. »

Elle sanglote une nouvelle fois dans la ville. Perdue la petite fille qui était devenue une femme forte. Elle était redevenue l’enfant et elle était redevenue la fille qui pleure sans cesse sur ses morts. Car en plus de sa mère, la triste réalité sur Crescendo commençait à prendre place dans son cœur. Elle ne l’avait pas encore pleuré celui-là. Elle en avait marre de pleurer. Mais cette blessure qui lui faisait mal, cette aventure dans les égouts, ces déplacements et plus de nouvelles de celle qu’elle considère comme sa mère de substitution. Ral bol de cette ville. Ral le bol de tout. Et cet homme ne fait que lui rappeler son arrivée ici, sa rencontre avec Crescendo, son attaque donc, sa blessure, ses premiers souvenirs, la peur dans la salle… Tellement de choses en fait. Tout est relié à l’arrivée dans le train et cet Homme. Mais elle est faible maintenant et sa voix n’est qu’un murmure. Et dans un dernier élan de faiblesse elle le vouvoit.

« S’il vous plait. Partez. »

Ces quatre mots qu’elle prononce avant de se rassoir sur le sol car elle s’était levée pour crier. Elle est vidée, les larmes coulent toute seule, il faut qu’elle fasse son deuil. C’est dur. Trop dur. Et elle est seule. Mais ne vaut-il pas mieux être seule que mal accompagnée ?

06h - 08h

Il ne part pas. Il reste là à fixer sa faiblesse et sa petitesse. C’est une jeune fille frêle, naïve et perdue dans un monde comme celui-ci. Et… Il est là à la regarder dans ses moments de faiblesse. Et ça a le don de l’énerver. Plus que n’importe quoi. Il la regarde ce pauvre être qui ne sait rien faire d’autre. Et elle est là en train de pleurer. Mais ses larmes se sont tues maintenant. Elle ne veut plus pleurer, plus devant lui. Pas devant quelqu’un. Surtout pas devant lui. Seule. Elle veut juste être seule. Elle demande un peu d’intimité. Il lui parle, il essaye de la réconforter. « Va t’en simplement. S’il te plait. Va-t’en ! » Des prières dont elle ne dit rien. La colère reprend son cœur. Il est sourd ou abruti. Il est encore là. Elle a juste besoin d’être seule. Il lui demande son prénom. Elle lui lance un regard glacial et d’une voix sèche lui répond.

« Ombre. On m’appelle Ombre. Maintenant partez ! S’il vous plait ! »

Elle le regarde mais elle n’a pas la force d’attendre. Impatiente notre Ombre. Elle se lève de la scène et s’en va dans les coulisses et s’assoit devant un miroir qui lui rappelle un de ces seuls souvenirs. Elle pousse un soupir et essaye de calmer les larmes qui reviennent. Son doigt glisse sur le bois enlevant la poussière au passage. Elle le regarde et elle n’a qu’une envie remettre cette maison en ordre où elle se sent chez elle. Alors elle prend un bout de sa robe et essuie la poussière du mieux possible.

06h - 08h

Un bruit se fait entendre près d’elle, sur la scène. C’est l’homme aux cheveux gris qui parle. Qui dit des choses insensées. Il chante et tournoie. Il est encore plus fou qu’elle ne le pensait et elle a peur de lui. Réellement. Complètement. Et d’un coup, il redevient sobre, calme, blanc et silencieux comme de la roche. Ce gars est schizophrène. Impossible qu’il ne le soit pas.

Des bruits de course dans le couloir. Elle se sent poussée et tombe a terre. Elle voit l’homme aux cheveux gris faire une roulade et avant même qu’elle ne puisse comprendre ce qu’il se passe, une lame s’enfonce dans le mur d’en face. Juste devant Crescendo. Son visage souriant. Ses cheveux roux, ses yeux verts…

Silence. Il est en danger avec lui. Elle se lève, ses yeux remplis de larmes, le cœur lourd de douleur par rapport à ce visage si familier qu’elle ne verra sûrement plus jamais. Elle n’a pas su protéger Crescendo elle ne saura pas surveiller Silence. Elle sort des coulisses et retourne sur la scène pour se faire agresser par Silence un carnet sous la main. Elle sourit doucement et caresse rapidement les cheveux du jeune homme.

« Non non ça va. Ne t’inquiètes pas. Je deviens juste folle ici. »

Des bruits de pas résonnent dans la salle vide. Elle regarde le nouvel arrivant avec appréhension. Mais lorsque la frimousse d’un jeune homme brun se montre, elle se détend. Serait-il son sauveur ? Ferait-il partir Mad hatter ? La sauverait-il de cet enfer ? Remplacerait il Crescendo ? Silence est déjà venu à lui avec son carnet, sûrement pour lui poser une question. Elle regarde avec méfiance le visage de l’homme aux cheveux gris. Il lui est impossible de déchiffrer ses pensées alors elle murmure simplement à son attention.

« Si tu touches à un cheveux d’un de ces deux garçons. Je te promets que tu ne t’en sortiras pas comme ça. »

Cheveux blancs n’a pas l’air pressé de partir mais il faut sauver le nouvel arrivant. Elle monte donc jusqu’à sa hauteur et prend l’inconnu dans ses bras. Tout doucement, tout bas, proche de son oreille ses quelques mots s’échappent de sa bouche.

« Je ne sais pas qui tu es mais tu dois t’en aller. L’homme là-bas est dangereux. Vraiment. Fait attention à toi. »

Puis elle le relâche et se retourne pour regarder Mad Hatter. Ne jamais le lâcher du regard. Plus jamais.

Spoiler:

06h - 08h

Lorsqu’Ombre se retourne pour faire face à Mad hatter, elle voit le rouge aux joues de Mars ne peut s’empêcher de rougir à son tour. Son cœur fait un bond dans sa poitrine. Est-ce que ce petit homme a réellement été troublé par sa présence ? Cela fait chaud au cœur d’Ombre qui n’a jamais pensé un instant que quelqu’un aurait pu la trouver la ravissante ou simplement mignonne. Elle sourit vaguement en regardant Mad. D’ailleurs il a un regard pas très rassurant envers Ombre et ses compagnons. En effet, il semble énervé et en même temps on peut y déceler de la tristesse. Une boule jaune flotte et s’avance vers Mars. Ombre, s’étant remise de ses rougeurs, la suit du regard et croise celui du jeune brun. Elle lui sourit gentiment et l’invite à prendre ce souvenir qu’il a gagné et ajoute qu’il ne risque rien du tout tant qu’elle est là. Elle aurait tant aimé l’attraper à sa place mais elle n’en a pas le droit, ce sont les règles.

Elle retourne son attention vers Mad qui a gardé cette même attitude et ces mêmes traits de visage. Un visage fermé, énervé dont la tristesse peut émaner aussi un peu. Elle a peur de ce qu’il va faire et s’avance en une sorte de barrière entre le monsieur ainsi que Silence et Mars. Elle les défendrait au péril de sa vie. Et soudain les mots sortent comme un serpent perfide qui siffle. « Ombre .. tu fais pitié. » Elle sourit. Elle sait ce que cela veut dire. Elle l’a enfin touché. Ses mots et ses actions ont enfin touché cet homme de pierre qui lui fait tellement peur et qu’elle ne peut saquer. En même temps si elle y réfléchissait dans le bon sens elle comprendrait que c’est grâce à lui qu’elle a rencontré Crescendo et qu’ils se sont soutenus jusqu’à sa mort. Mais elle refuse de penser dans ce sens. Elle le laisse passer alors qu’il s’avance dans le couloir. Sa joie est à peine contenue et son sourire fier, heureux et triomphant ne quitte pas ses lèvres. Elle a gagné. Le conservatoire est à elle. Elle a juste gagné. Elle pensait que ça lui ferait plus de chose, qu’elle serait plus contente mais non. Elle ne peut pas. Ombre n’est pas une mauvaise personne, elle a vu la tristesse de Mad hatter et cela la hantera toute sa vie. Au lieu d’essayer de le connaître, elle l’a rejeté et il part, triste. Elle a brisé quelqu’un aujourd’hui. Elle ne recommencera plus jamais.

Mars:

06h - 08h

Mars est toujours dans le coltard, le blanc du souvenir, la souvenir-attitude. Il n’y a plus de danger depuis que Mad hatter est parti. Et la vie semble soudain ennuyante, vide, sans sens. Ombre baille et s’assoit par terre, sur ses genoux. C’est cette façon de s’assoir qui lui vient le plus naturellement mais elle ne fait aucun rapprochement. Pourtant ce moment de calme lui permet de faire la synthèse sur elle-même et sur ce qu’elle a vécu.
Elle est donc arrivée dans le train où elle a rencontré Mad, Crescendo et une fille aux cheveux violets. En fuyant elle laisse Violette aux mains de ce dépravé de la société mais en profite pour se rapprocher de Crescendo. Une plante attaque ensuite le jeune homme et envoi le duo dans l’obscurité du métro. Et c’est aussi à ce moment qu’elle a touché son souvenir. Puis elle s’est faite attaquée par des loups qui ont tués crescendo (des larmes montent à ses yeux en revoyant ce moment). Une téléportation lui permet d’avoir la vie sauve et elle rencontre un groupe de personnes. Elle trouve un deuxième souvenir : la mort de sa mère…

Ombre ne réfléchit pas plus loin. Les larmes sont revenues et elle est incapable de continuer son analyse. Quelque chose l’intrigue tout de même. La mort de crescendo et la mort de sa mère en parfait parallèle temporel. Pourquoi avoir choisi de donner à ce moment un souvenir aussi horrible que ce qu’il se passait ? Est-ce qu’il pourrait y avoir un lien entre le présent et le passé retrouvé ? La jeune femme penche la tête vers le sol. C’est comme lorsqu’elle a essayé la cigarette de Landscape. Son souvenir parlait de cigarette. Il y a forcément un lien.

Lorsqu’elle a revu le début de sa journée, quelque chose d’autre l’a perturbée. Ce fort sentiment de déjà-vu alors qu’elle est sorti du train. Ombre n’est pas stupide ni religieuse. Elle croit fort en la science et au fait que la sensation de déjà-vu peut être un dérèglement du cerveau. Pourtant il lui reste cette bride de souvenir. Ce rêve. Bien sûr elle ne peut s’empêcher de se demander si c’est un rêve ou un mélange de son esprit. Pourtant cela semble si réel pour elle, son esprit rationnel lui dit qu’elle se trompe, que son esprit se mélange, mais son instinct la pousse à croire que c’est un rêve lui montrant son avenir. Et il reste un fait inexplicable. Cette voix douce qu’elle entend dans sa tête et dont elle a besoin. Cette voix qui la rassure mieux que personne.

Ombre ne pousse pas plus loin son analyse de la situation car Mars commence à se mouvoir, se réveiller. Elle relève la tête vers lui et rougit en repensant à son premier rougissement. Elle se mord la lèvre inférieure et calme sa respiration. Alors elle pose une stupide question, la première lui étant venue à l’esprit.

« Bon souvenir ? »

Elle aurait pu ajouter : on fait quoi maintenant. Mais si elle-même n’avait aucune réponse, pas sûr que les autres l’auraient.

Tic Tac, tic tac. les aiguilles tournes et le temps passe. Tic tac, Mars, Ombre et Silence passent dans la tranche suivante.

08h - 10h

Doucement Mars sort de son souvenir. La jeune femme le voit d'abord rougir comme perturbé parce qu'il a vu puis une lueur déterminée prend place dans ses yeux. Il l'a ignorée, il a ignoré sa question. C'est la première fois qu'Ombre se sent si seule. Même accompagnée de Silence et de Mars, elle se sent seule complètement seule. C'est un sentiment qu'elle n'a jamais connu auparavant mais qui ne lui est pas désagréable. Elle avait vraiment cru en Mars le nouveau Crescendo mais non. Crescendo était plus bavard et plus gentil. Et puis il est partit. Il vaut mieux ne pas s'accrocher aux gens en définitif. C'est plus simple comme ça, on ne les perd pas et on est pas malheureux.

Une sensation de mal être prend la jeune femme qui lève les yeux du sol. Mars la regarde. Elle détourne les yeux et passe sa main dans ses cheveux pour les rabattre en arrière puis elle les coupe à la moitié pour les mettre de chaque côté de son cou. Elle joue avec un côté. Puis elle se rend compte que c'est un signe évident de son mal être alors elle les remet en arrière. Mars pour sa part parle, il n'a pas l'air sûr du fait que son souvenir est bon. Elle lui sourit, un peu dans le vide, sans le regarder. Puis la détermination reprend sa place. Il continue disant qu'il faut aller trouver à manger, se réfugier, trouver... un boss ?! Elle ne relève pas, la stupeur à prit place sur son visage. A aucun moment elle n'a imaginé qu'elle devrait quitté le conservatoire. Elle est bien ici, elle se sent en sécurité, chez elle. Mais il a raison, il faut manger. Penser à du riz ou quelque chose dans le genre fait gargouiller son estomac vide depuis le paquet de chips. Oui elle a faim. Mais en même temps elle vient tout juste de gagner ce "combat" et elle ne veut pas perdre sa victoire. Elle lève les yeux sur lui et répond d'une voix anxieuse et peu déterminée.

"Je. Je ne sais pas. Je me sens en confiance ici, en sécurité. Mais il est vrai qu'il faut qu'on mange. Mais où ? Depuis mon arrivée je n'ai trouvé de la nourriture nulle part et ici il y a de l'eau comparé aux stations de métro. Où veux tu aller ?"

C'est la seule question en soit. Où aller ? Car ils sont perdus et ils ne connaissent rien ici. Alors oui, où aller pour trouver de la nourriture. Sortir voudra dire affronter la vie de dehors et les loups ou les statues. Rester voudra dire mourir de faim en cinq jours. Cinq jours de faim avant de mourir. Elle a peur de laisser tomber cet endroit. Et en même temps ce n'est peut être pas le sien. Elle se rappel distinctement la tour dans son rêve et la même qu'elle a vu en sortant du train. La tour serait elle la clef de l’énigme ? Mais elle ne dit rien de ses pensées car elle n'attirera pas Mars là-dedans pas comme elle a fait avec crescendo et West... Qu'est il devenu de ce dernier d'ailleurs ?

08h-10h

Sa main inconsciemment glisse contre un siège. Elle le caresse. Cet endroit, elle ne veut pas le perdre. Ici elle se sent réellement à sa place. Le souvenir, le rêve prend place dans sa tête. Son unique souvenir en arrivant ici. La seule chose dont elle se rappelait. Un sourire prend place sur son visage. Non. Elle se sent à sa place partout dans la ville en fait, même dans cette sale effrayante avec ces animaux sans vie. C’est sa maison. Mais Mars est déterminé à partir et elle a besoin d’un allier. Elle ne s’est jamais encore retrouvée complètement seule, elle a toujours eu quelqu’un qui prenait soin d’elle. Elle a besoin de ce sentiment. Mais ses paroles lui font mal. Une boule dans son ventre prend place. N’y a-t-il jamais de répits dans cette ville ?

Ombre sent son regard sur elle alors qu’il finit sa phrase avec détermination. Y a-t-il vraiment un game over ? Si on meurt ici, revit-on quelque part d’autre ? Elle n’en est pas sûre et sa main se ferme avec force sur le siège. Il passe son chemin, avance. Il veut survivre. Elle aussi. Elle ne regarde pas en arrière, plus jamais un regard vers le lieu qu’elle retrouvera bien vite. Pas un regard vers Silence. Elle entend à peine Mars leur parler une dernière fois. Elle va avancer, c’est sûr mais une mélodie trône dans sa tête. Elle ne veut pas entendre. Seule sa voix, un petit murmure, raisonne une dernière fois dans l’amphithéâtre comme pour le marquer à vie tout en avançant vers la sortie, en suivant Mars.

« I hear the ticking of the clock
I'm lying here the room's pitch dark
I wonder where you are tonight
No answer on the telephone
And the night goes by so very slow
Oh I hope that it won't end though
Alone...

Et alors qu’elle passé la porte d’entrée, que cette dernière se referme sous un petit bruit, elle se tait.

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