22h-00h

Chocolat n'eut pas un instant d'arrêt quand elle mit enfin les pieds dans un lieu sec, s'écartant enfin des eaux sales et putrides des égouts. Ses chaussures trempés salissaient un peu plus le sol poussiéreux dans des splash légèrement écœurants et sonores.
La jeune fille ne se retourna jamais pour vérifier que l'inconnu l'avait suivit, ce n'était pas ce qui l’intéressait. Une seule chose l’intéressait à présent. L'idée que bientôt, peut-être, elle pourrait mettre la main sur autant de sucre, chocolat, bonbon qu'elle le voudrait faisait frémir la petite blonde. Son estomac se serrait douloureusement et avidement d'impatience.

La fiole bleue.

Il fallait qu'elle la trouve, vite, vite, vite ! Il fallait qu'elle recolle son cœur de sucre poisseux, il fallait qu'elle rebouche son estomac de glucose, il lui fallait du sucre. Plus de sucre que les misérables choses qui restait dans sa poche. Chocolat se lécha les lèvres, gémissante de frustration et du manque d'amour sucrée.

La fiole bleue.

S'enfonçant un peu plus dans les étranges couloir, la sucrerie mouvant ne faisait pas plus attention à son environnement, qu'à l'homme qui la suivait toujours, ou pas, peut-être. Elle était fixé sur son objectif, elle voulait l'atteindre vite, trop vitre, si vite. Se forçant à se calmer et jetant un regard triste et timide autour d'elle, la blondine ouvrit un porte au hasard, entre deux statuts étranges qui semblaient la fixer de leurs yeux Morts. Ignorant le panneau signalant « Réservé au personnel », Chocolat pénétra dans la pièce et fixa de ses yeux d’absinthe les nombreuses feuilles étalés sur le sol.

Et pas de fiole bleue.

Le jeune homme crut qu'il avait joué les bons chevaliers servants et que maintenant, ils allaient pouvoir quitter ce lieu putride et immonde et rejoindre l'air frais et un lieu sec ! Or non ! A la place, cette inconnue se releva, prit des mains de Key la lampe de poche et commençait à avancer en lui ordonnant de le suivre.

Key aurait voulu dire non et surtout, il n'aurait pas confier sa survie dans ce lieu lugubre en faisant confiance à cette fille marionnette - oui, elle avançait comme une marionnette, comme une folle malade ! - mais il ne connaissait pas plus le chemin de retour. Il se résigna donc et emboita ses pas.

Au fur et à mesure qu'ils avançaient, il se rendit compte qu'il y avait de plus en plus d'eau ce qui ne pouvait signifier qu'une chose : il pleuvait dehors. ET s'il pleuvait, cela allait dire qu'en très peu de temps, cet endroit allait être inondé.

- HEY TOI ! Ecoute t'es sûr de ta route là ? Parce que je t'explique, là y a trop d'eaux et j'ai mieux à faire que mourir ici tu vois !

Nan, il n'avait pas mieux à faire ! Il n'avait rien à faire plutôt ! Mais bon, il préférait poireauter comme un poireau dans un petit champ que mourir dans des égouts infestés de rats ou mourir noyé par des eaux sales et puantes. Il méritait mieux voyons !

ET puis par miracle, il put voir une échelle avec une trappe. La petite l'emprunta et Key ne se fit pas prier pour la suivre, le sourire presque aux lèvres à l'idée de finir dans un lieu sec et à l'abri de ces égouts ou de la pluie qui accable ce monde de malades.

Immédiatement, et complètement dégouté, Key commença à se déshabiller, en ayant en tête de ne garder que son sous vêtement, histoire de presser et égoutter ses vêtements détruits. Malheureusement, à peine a-t-il eu le temps d'enlever sa veste et a déboutonné sa chemise que la demoiselle s'éloignait déjà.

Il enleva ses chaussures, vidant de l'eau qui s'y était accumulé, il la suivit.

- Ecoute petite, pour le moment on reste là, on se sèche un bon coup et après on continue non ? La, tu peux pas rêver mieux comme endroit sec tu vois. On pourra trouver un truc pour faire un petit feu tu sais et ... HEY ! Tu m'écoutes au moins ?!

Non, elle n'écoutait pas et avançait. D'ailleurs, depuis tout à l'heure, elle ne lui avait pas lancé un regard. Etait-il vivant ? Etait-elle vivante ? Etait-ce un fantôme ou une chose bizarre comme dans le train ? Ou alors l'était-il devenu sans s'en rendre compte depuis son arrivée dans cet enfer ? Il commençait sincèrement à paniquer et son coeur commençait à palpiter dangereusement.

Il n'aimait pas cette sensation mais alors pas du tout.

- Purée, parle moi MERDE !

Elle continua à avancer et à ouvrir une porte. Key ignora la déco, s'avança vers cette fille, mit la main sur son épaule et la retourna vers elle.

- Tu me vois ? Tu m'entends BORDEL ? Parle moi ... pitié.

Sa voix se mourut dans un murmure implorant. Il tremblait de peur, peur de ne pas comprendre, de ne pas maitriser la situation. Bon sang, il n'en pouvait plus de ne rien savoir, d'être si perdu ! Ses médicaments ... C'était quoi déjà ces médicaments ? Cela pourra-t-il l'aider à se calmer et à évacuer les idées noires ou cette peur sourde en lui ?

Frénétiquement il chercha dans sa veste et trouva le paquet. C'était un peu mouillé mine de rien et, malheureusement, certains des médocs s'étaient carrément dissoutes.

- Sérieux ... sérieux ....

Il abandonna sa recherche aussitôt qu'il l'avait commencé. Il avait réussi à effrayer la gamine et maintenant elle pleurait, elle sanglotait et elle n'était pas prête à s'arrêter. L'albinos était encore plus mal à l'aise que tout à l'heure, encore plus nerveux et c'est avec une maladresse mêlée de colère qu'il s'éloigna un peu d'elle en jetant un regard sur les papiers au sol.

Il était étonnant de voir à quel point les détails les plus insignifiants avaient leur importance dans des moments pareils où l'on voulait éviter un regard ou ignorer un bruit, un corps, une masse.

Il tombe ainsi sur des feuilles dont les différents contenus n'avaient aucun sens. Eh bien, il y avait peut-être moyen de calmer la blonde avec toutes ces stupidités écrites de la main d'un fou ou d'un grand rêveur apparemment.

- Hey ! Regarde moi ça ! Le T-Rex 154 est dans le dépôt, on attend de l’aide. Comme si un T Rex, ça existait et que ça pouvait se déplacer.

Il essayait de rire mais cela ne servait pas à grand chose. Soufflant, énervé, il se relève et se met en face d'elle.

- Bon écoute ... on a mal commencé. On redémarre okay ? Par exemple, on peut déjà dire nos prénoms ...

Il buta sur ce mot. Il ne connaissait pas du tout son nom et prénom, pas encore. A nouveau il paniqua. A nouveau il ferma les yeux pour retrouver son calme. Il rouvrit ses paupières et fixa à nouveau cette fillette.

- Ou nos surnoms si, comme certains, tu as un oubli de nom et prénom. ET tu vas juste me dire ce que tu cherches parce qu'on dirait que tu cherches quelque chose. Okay ?

Il attendit une réponse. Enfin attendre était un gros mot avec lui. Il jeta un coup d'oeil sur lui et ses yeux tombèrent sur sa petite clé autour du cou. Une idée germe dans sa petite tête.
Aussitôt Il se met bien droit et tend la main à la dame avec un magnifique sourire.

- Je m'appelle Key et je suis un jeune homme en parfaite santé, du moins je le pense, et euh ... J'essaye de retrouver mon chemin vers une vraie civilisation. La ville, je ne la reconnais pas et surtout, elle est bien trop vide ! Et toi ? Comment t'appelles tu, comment es-tu arrivée ici ?