Je m'éloigne rapidement du manoir, fuyant Joke, fuyant le temps qui s'écoule beaucoup trop vite. Je m'arrête le long d'un mur, me laissant tomber à genoux au sol pour reprendre mon souffle. Fait chier... Jetant à nouveau un regard sur mon compteur, je me rend compte que j'avais franchis la barre des quatre heures restantes. Je me retiens de balancer mon portable contre le mur, je dois le garder sur moi, pour voir combien de temps il me reste.

Que faire... Que faire... Je frappe mon poing contre le sol dallé contre ma rage, mon impuissance. I am powerless... Je regarde l'état de ma main, mes jointures sont éraflées suite à mon coup, commençant à suinter légèrement de sang. Un léger picotement se fait ressentir, mais je l'ignorais. Qui sait quelle souffrance plus horrible je vais ressentir, une fois ce maudit décompte arrivé à zéro ? Je soupire, levant ma tête pour regarder le ciel. Que dois-je faire...?

Vive, mais un peu lente, comme si elle avait essayé de l'atteindre sans succès auparavant, une lueur vint se poser gentiment devant Août.

Spoiler:

Redressant légèrement mon visage, mon regard croise une nouvelle lueur lumineuse. Un nouveau souvenir. Un doute s'empare de moi, pourquoi est-ce que je continu de résister au juste ? Pourquoi je ne me laisse pas mourir ? En touchant ces souvenirs, je ne fais que retarder l'inévitable après tout... Sauf que, plus tard, cet "inévitable" sera plus douloureux, car j'aurais envie de retrouver des gens du passé. Mais je ne peux pas concevoir de me laisser crever comme ça, pas de cette façon. Je dois la retrouver.

- Kateya...

Je venais de murmurer le prénom de cette femme qui était si importante pour moi dans le passé. Je suis allé jusqu'à voler et tuer pour elle... J'approche ma main de cette lueur, je veux en apprendre plus sur elle, sur cette fille qui a fait autrefois battre mon coeur. Je ferme mes yeux, espérant entrevoir à nouveau son visage dans ce fragment de ma mémoire.

Doucement, presque timidement, les souvenirs envahissent la mémoire d'Août.

Août:

Je sors lentement de ce souvenir, reprenant lentement mes esprits. Je serre mes poings, encore en colère suite à ce souvenir. Ces enfoirés... C'est de Kateya dont ils parlaient. Jamais je les laisserais faire ça, elle est à moi, pas à eux. Je me redresse lentement, regardant mon compteur qui était repassé à six heures. Je vais la retrouver, non, je dois la retrouver. Je me met donc en route, suivant une direction à l'aveuglette.

Spoiler:

Soudain, une onde de choc. Cendrillon, éjectée de la Tour.


La surprise fut de taille. Elle marchait, simplement vers eux, luttant contre son genou et contre la flotte, quand elle fut propulsée, violemment. Mais, au lieu, comme elle s'y attendait, de manger le mur de plein fouet et de se retrouver complètement submergée, dans sa disgrâce évidente, elle passa dans un autre univers. Elle découvrit dans le même moment que la Ville pouvait aussi vous téléporter en plein déplacement, et non pas uniquement à l'arrêt. C'est pourquoi elle passa soudain de l'obscurité de la Tour, sa puanteur, sa moisissure, à la lumière d'un soleil bien portant, flamme divine lui brûlant l'orbite de toute sa majesté. Et elle retomba, sur le sol. Roula sur quelques mètres dans l'herbe.

Au passage, elle perdit son médaillon, qui était dans sa poche. Ce médaillon vint atterrir aux pieds d'un homme qui traînait là. Sa tenue, classieuse, n'avait rien à envier à ces tueurs de sang-froid ou ces hommes d'affaires plutôt louches. Cependant, elle était encore trop sonné pour savoir à qui elle avait affaire, ne voyant, au plus, que sa ceinture en redressant la tête. Ses cheveux lui obstruaient la vue, après son atterrissage, et elle mit un peu de temps, tout de même, pour reprendre son souffle. Observer son environnement ne lui vint pas à l'esprit, seules la surprise et l'incompréhension occupaient son attention. Son téléphone, son pince-nez, ses chewing-gums, éparpillés autour d'elle. Elle ne prit même pas conscience tout de suite de la présence d'un homme qui avait marqué sa vie.


Oh putain, ça pour un décollage ... Faut juste que je sache où j'ai atterri ..., se dit-elle à elle-même, reprenant peu à peu le contrôle de ses émotions, son cœur battant toujours la chamade.

Sans m'y attendre, quelque chose arrive en face de moi... Enfin, arriver est un bien grand mot. Elle a complètement atterrit en face de moi. Un médaillon arrive à mes pieds, je me baisse pour le ramasser, l'examinant du regard. Un pendentif en forme de parapluie... Je regarde la demoiselle qui venait d'arriver de nulle-part. Toutes ses affaires étaient éparpillées au sol.

- Est-ce que vous allez bien...?

Je m'accroupis en face d'elle, l'aidant à ramasser ses affaires. Puis, mon regard se pose sur son visage, par pur curiosité. Et la, j'écarquille mes yeux en reconnaissant ce visage si familier. Je lui relève son visage, la regardant plus attentivement.

- Kateya...? C'est bien toi...?

Je la regarde, à moitié soulagé de la revoir, mais avec une légère crainte. Et si ce n'était pas elle ? J'attend de voir sa réaction.

Spoiler:

Elle relève la tête, les cheveux en bataille. Soyons présentables, elle essaye de se redresser du mieux qu'elle peut, s'asseyant plus ou moins allègrement, sur les genoux. Ses fesses tombent lourdement au sol, et elle soupira. Connasse de ville, où elle l'avait envoyée, encore ? Elle ramasse ses affaires, aidée par l'étrange monsieur, et son regard s'arrêta sur son visage. Ses cheveux. Ses traits. Un très bref instant, mais elle s'y arrêta. Elle le connaissait. Comme quand elle avait croisé ce Gabriel, sauf ... Sauf qu'elle ne ressentait rien de négatif, pour lui. De l'intrigue. Un peu d'affection. Un mélange des deux. C'est ce qu'elle ressentit, en une seconde, et alors qu'elle se détournait, un peu gênée par cette impression, il l'amena à son visage du bout du doigt. Leurs yeux s'entremêlèrent.


Kateya ... ? C'est bien toi ... ?
Cendrillon, pendant quelques secondes, jeta son regard dans le sien. Elle le sonda, presque. Puis ... Elle étouffa un rire. Rire qu'elle ne put empêcher de sortir. C'est ça. Les nerfs, la tension, la fatigue, elle lâcha. Elle éclata de rire, littéralement. Elle reprit son souffle, quand elle en fut capable. Ses éclats raisonnaient, s'éparpillaient dans l'air tel un verre brisé. Stanislas ?! Noooooon, plus sérieusement, appelle-moi Cendrillon, si tu veux, Kateya c'est pas moi, Kateya c'est ... C'est ..., lui dit-elle rapidement, son cerveau faisant petit à petit la liaison entre ce qu'il venait de dire et ce qu'elle venait de vivre en ce moment même. ... C'est peut-être moi ... Je sais pas si c'est moi .... Son visage s'attrista. Oui, c'était peut-être elle. Mais lui, qui était-il, alors, pour la connaître ? Pour connaître son prénom ? Sa voix s'était petit à petit éteinte, dans un souffle. La douleur n'existait plus. Ses blessures n'existaient plus. Cette Ville n'existait plus. Cette homme était une partie de son passé. Une partie importante de son passé. Sa voix rassembla ses dernières gouttes d'espoir, pour tenter de faire couler de l'eau sous le pont de sa vie.


Kateya ... Était-elle nageuse ? Elle sortait ? Elle avait une ... Une coloration rouge, comme ça ? *lui tend une mèche de cheveux, désemparée* Elle était moqueuse ? Est-ce ... Qu'est était enceinte ... ? Tu la connaissais bien ? On la poursuivait ... ?

Sa voix remontait le fil de sa corde sensible. L'enfant la hantait de nouveau.
Elle ne pesait plus ses mots. Sa question, une avalanche. Les réponses, elle l'espérait, une équipe de secours qui viendrait la déloger de de merdier dans lequel elle était enfoui.
Sa voix ne pouvait s'empêcher. Elle se débattait, tant bien que mal.
Sauve la.

J'hausse un sourcil quand elle se met à rire, ne comprenant pas l'origine d'un tel fou rire. La chute a du la rendre un peu folle je pense... « Stanislas ?! Noooooon, plus sérieusement, appelle-moi Cendrillon [...] ». Ouai, c'est ça, elle a du atterrir sur la tête. Puis, elle se met à réfléchir, cherchant l'origine de son prénom. Je n'ai aucun doute, je sais que c'est elle... Mais elle ne semble pas se souvenir de moi, encore moins de son prénom. Elle commence donc à me poser une série de question, sans doute pour s'assurer que Kateya, c'est elle. Je soupire légèrement avant de réfléchir aux éléments que j'avais récupérés dans mes souvenirs.

- Kateya... Semblait être quelqu'un de vraiment important pour moi... Je sais qu'elle s'est fait enlevé une fois, et j'ai été jusqu'à tuer pour la sortir de là... Mais dans mes souvenirs, elle avait les cheveux bruns... Tu as peut-être fait une coloration plus tard pour échapper aux gens qui nous traquait...

Je prend entre mes doigts la mèche de cheveux rouges qu'elle me tendait avec un léger sourire.

- Mais cette couleur te va bien aussi... Ensuite, pour répondre au reste de tes questions, je ne sais pas si elle était nageuse... Et on la poursuivait bien... On s'était échappé tout les deux... J'entrais en effraction dans des maisons pour voler de quoi vivre pendant notre fuite...

Un peu hésitant au début, je fini par la prendre doucement dans mes bras, voulant apaiser sa détresse. Je la regarde, protecteur, maintenant que je l'ai retrouver, je compte bien la protéger de cette ville.

- Au faite, tu peux m'appeler Août, je me souviens toujours pas de mon prénom.

Enfin, quelques informations. Pas sur elle, sur Kateya. Enfin, à supposer qu'elle n'est pas Kateya. Il se mit à réfléchir et à lui fournir des éléments de réponse. Très important ... Fait enlever, on se rapproche, on se rapproche ... Des cheveux bruns, oui, sa couleur rouge était évidemment une coloration, elle-même l'avait remarqué en lui tendant sa mèche, aucune femme au monde ne pouvait avoir un rouge aussi flamboyant, et puis comme il le disait, ça lui allait bien de toute manière, autant que ça allait bien au fait qu'elle soit poursuivie. Quoi de plus normal pour échapper à ses malfaiteurs ? Il volait pour elle ? Elle en rougit, voilà quelqu'un de diablement acharné pour sa personne.


Même si elle n'était pas Kateya, elle se sentait importante.
Un bout de temps que c'était pas arrivé. Depuis son amnésie, en fait.
Au faite, tu peux m'appeler Août, je me souviens toujours pas de mon prénom.. Il lui dit ça après l'avoir prise dans ses bras, et étonnamment, toute Cendrillon qu'elle était, toute sauvage qu'on la connaissait, elle ne se débattit pas. Elle n'en avait ni la force ni l'envie. Un moment de calme avant l'évidente tempête qui arrivait chaque fois que le sort nous laissait nous reposer. Et puis ce froid qu'elle ressent chez lui, c'est peut-être ce qui l'a en premier lieu attirée avec lui. Charmeur, dangereux. Son côté féminin, quoi. Elle finit cependant par se dégager, parce que j'aime pas la guimauve. Et se lever, aussi, après avoir pris et remis en place toutes ses affaires.


Elle allait prendre le médaillon, quand ses doigts restèrent sur sa main. Pourquoi ? Parce qu'elle avait enfin retrouvé quelqu'un. Elle le savait, elle le sentait. Toutes les chances étaient là pour qu'elle soit bien cette Kateya, même si aucune certitude n'était encore admise. Et puis elle avait bien le droit de retomber sous le charme de ce tueur froid, qui volait et tuait juste pour ses beaux yeux, non ?
Août ... Je sais pas comment t'as eu cette idée ... Que ce soit moi ou non, on doit trouver comment sortir d'ici, ou au pire des cas comment survivre ici., lui dit-elle, d'une voix d'abord moqueuse, joueuse, puis plus déterminée que jamais. L'espoir était permis, alors elle ferait tout ce qui est en son pouvoir pour le ramener au sein de leur couple duo. Mesdames et messieurs, Mr. et Mrs. Smith sont dans la place, version Cheveux rouges !

Le fait de la voir déterminé suffit à me faire sourire légèrement. Je me redresse en la regardant, puis, je lui tend ma main pour pas qu'elle reste au sol. La réalité revient sauvagement quand je me rappelle de mon décompte, combien de temps pourrais-je rester avec elle...? Est-ce que je dois lui en parler...? Peut-être qu'elle connait une solution, j'ignore depuis combien de temps elle est dans cette ville.

- Ecoute... Je sais pas vraiment "combien de temps" je pourrais rester avec toi. Tu as du toi aussi te réveiller avec un compteur dans un train, il y avait 72h au départ. Pour ma part, il m'en reste que six... J'ignore encore ce qu'il va se passer à zéro, mais je vais tenter de faire tout mon possible pour ne pas y arriver.

Je jette tout de même un regard à mon compteur, comme pour m'assurer que du temps n'avait pas disparu mystérieusement. Je soupire doucement, regardant le mur à côté de nous. Il faut que je change de sujet, pour pas plomber l'ambiance avec ces histoires de compteur. Je ne vais pas non plus lui parler maintenant des loups et autres créatures présentes dans cette ville, ça attendra plus tard.

- Tu penses que ce mur pourrait-être la délimitation de cette ville ? Si c'est le cas, en passant de l'autre côté, on devrait réussir à s'échapper.

Il marquait un point. Le compteur. Elle regarda précipitamment son sablier, pour voir qu'il était encore plein. Sur le socle, était marqué 70h. Comment avait-il fait pour perdre tant d'heures ? Elle n'était pas là depuis deux heures seulement, elle en était sûre. Quelque chose lui rendait du temps. Du temps de vie. Du temps de jeu. Lui, il lui restait six heures ... Allait-il disparaître, au bout de ces six heures ? Mourir ? Se voir attribuer quelque chose de spécial ? Elle l'ignorait, mais comme elle connaissait la ville, ça s'annonçait plus ou moins mal. L'inquiétude se lisait, dans ses yeux. Son sablier suspendu au bout des doigts, il pointa de son doigt, à lui, le mur. Ce grand mur.


Tu penses que ce mur pourrait-être la délimitation de cette ville ? Si c'est le cas, en passant de l'autre côté, on devrait réussir à s'échapper., lui adressa-t-il dans une saute d'espoir. Cependant, comme ses heures, les nouvelles furent bien tristes. Elle lui donna une petite claque sur la tête, presque mécontente de lui. Il pensait à se sauver ? N'avait-il pas conscience de ce qui se passait ici ? T'es dans une ville qui peut t'envoyer où bon lui semble, qui enlève le passé de dizaines de personnes simultanément pour lui rendre à son bon vouloir, et tu penses qu'on peut s'échapper par un simple mur ? Tu rêves, c'est impossible, pensons plutôt à survivre ou à comprendre, le moyen de s'échapper peut pas être aussi simple ..., lui adressa-t-elle dans un soupçon de déception. Elle aurait aimé, elle aussi, passer par-dessus ce mur et s'enfuir, loin. Même de son passé, elle avait retrouvé Août, c'était une grosse partie, tout allait bien. Elle posa un doigt sur son front, fermant les yeux pour réfléchir, et jeta un œil circonspect sur son compteur, à lui.


On devrait commencer par trouver comment te rendre du temps ...
Il fallait parfois être rude pour aider son partenaire. Elle avait été rude.
Elle le regrettait, sans le regretter. C'était nécessaire. Vital.
Reprends-toi. Et l'homme que j'aimais, il est où ?

La rousse me donne une petite claque derrière la tête après mes paroles. Je la regarde en haussant un sourcil, ne comprenant pas l'origine d'un tel geste. Elle commence à parler, à me reprocher d'être rêveur concernant la phrase que j'avais dis avant. J'hausse les épaules en soupirant, regardant mon compteur.

- Je sais que les souvenirs qu'on récupère nous rende du temps... Deux heures si j'ai bien compté. Mais j'ignore encore comment j'ai perdu autant de temps... Une chose est sûre, je ne suis pas dans cette ville depuis 70h. Donc la seule manière que je vois pour récupérer du temps, c'est de retrouver des souvenirs, mais comme je suis sûr que tu es Kateya, en restant avec toi, je devrais en retrouver.

Je la détaille, m'attardant sur son visage. C'est le même, aucun doute possible. Je prend son poignet, me collant contre le mur à l'ombre, la chaleur commence à être pesante. Mon regard est posé sur l'église.

- Est-ce que tu accepterais de me raconter ce que tu sais de toi pour l'instant ?

Il en était sûr alors ? C'était bien elle, qu'il avait essayé de sauver, pour qui il avait volé, tué ? Mais qu'est-ce qu'elle avait fait, pour en arriver là ? Pour qu'un homme de sa classe naturelle en vienne à commettre de tels méfaits pour sa personne ? Elle qui n'était que femme, finalement. En tout cas, c'était bizarre, au fond d'elle. Parce qu'il était de son passé. Peut-être celui qui l'avait mise enceinte. Peut-être celui qui l'avait foutue dans cette merde sans le vouloir, qui sait ? Il n'empêche qu'il avait besoin de temps. Et selon ses calculs, le temps, c'est des souvenirs. Il lui fallait donc des souvenirs. Elle lui sourit, se voulant rassurante bien que mauvais actrice: au fond, elle était anxieuse. Pour son sablier, à lui. Elle en aurait même bien échangé: lui avait un but, pas elle.


Leurs regards se croisent encore. Elle rougit encore. Ce froid glacial ... Elle comprend pourquoi elle sortait avec, en tout cas. C'était craquant. Elle eut du mal à s'en défaire, tandis qu'il cherchait de l'ombre, ainsi que des réponses. Est-ce que tu accepterais de me raconter ce que tu sais de toi pour l'instant ?, lui dit-il de son air sérieux. Question rhétorique à laquelle elle répondit par la rhétorique. Non j'accepte pas, après tout si on recolle les morceaux, t'étais juste l'homme de ma vie ..., lui répondit-elle dans un mordant qu'on lui connaissait si bien. Sourire moqueur. Petit haussement des yeux, l'air de dire Allons, ça va de soi. Patate, va. Ce que je sais ... Que je suis, nageuse, enceinte, que j'étais poursuivie par des types qui ont mis le feu à un bâtiment pour me voir morte ou entre leurs mains, que j'ai rencontré un petit rouquin aux allures de fillette dans un boîte de nuit. Je pense que c'est tout ?. Elle énumérait, sur ses doigts, chacun des points qu'elle avait éclairé dans sa réponse, les yeux cherchant dans le ciel ce qu'elle avait retrouvé depuis son arrivée. Et elle se retourna pour lui faire une tête, tout à fait innocente. Tout à fait.


Je sais aussi que je suis la meilleure, et j'ai croisé un connard aux airs de gay nommé Gabriel. Je comprends aussi maintenant pourquoi tu m'as fait craquer, en passant. Grand fou va.
Elle se sentait libérée d'un poids. Un lourd poids.
Le père, c'était probablement lui. Ou pas, mais bon.
Il n'empêche qu'elle retrouvait sa bonne humeur et ses grands yeux bleus le traduisaient.
Mais un jour, la nation de la Ville décida de passer à l'attaque.

Je la regarde, un peu surpris de sa réponse, mais son sourire moqueur me montre qu'elle se foutait simplement de ma gueule. Elle a vraiment un sale caractère, comment ai-je pu faire par le passé pour sortir avec elle ? A moins qu'elle me changeait les idées, avec son caractère bien trempé et sa moquerie. Elle consent enfin à me révéler son passé, du moins, du peu qu'elle s'en rappelle. Je l'écoute, attentif, frémissant légèrement quand elle évoque les hommes qui la pourchassait. Et si c'était ma faute ? Je me souviens brièvement que mon père n'était pas un homme saint d'après mes souvenirs, et l'homme que j'ai tué, il a parlé de travailler pour mon père... Il n'y a pas que ça qui me perturbe dans tout ça, c'est le fait qu'elle ai été enceinte, et il faut être aveugle pour constater qu'elle ne l'est plus. Est-ce que cet enfant est ici aussi... Où est-ce qu'il est à l'abri en dehors de cette ville ? Mais si c'est le cas, avec qui ? Trop de question sans réponse, la réponse viendra plus tard, avec de nouveaux souvenirs.

- Je sais aussi que je suis la meilleure, et j'ai croisé un connard aux airs de gay nommé Gabriel. Je comprends aussi maintenant pourquoi tu m'as fait craquer, en passant. Grand fou va.

Je la regarde, amusé. A part ça, elle ne se monte pas du tout sur un piédestal, à croire qu'elle aime se jeter des fleurs. Je rougis légèrement à la fin de ses paroles, détournant mon regard. Grand fou... Et puis quoi encore ? Je lui colle une petite pichenette sur le front, un sourire amusé dessiné sur mes lèvres.

- Tu sais ce qu'il te dit, le grand fou ?

J'ébouriffe légèrement ses cheveux, le regard perdu dans le vague. On doit sortir d'ici, du moins, elle doit sortir d'ici. Pour retrouver le gosse. Je regarde la route, ne sachant pas vraiment ou aller.

- On va bouger un peu si tu veux, c'est pas en restant ici à blablater qu'on va changer quelque chose, autant faire le tour de cette ville.

La bandoulière de la guitare se resserre autour de ma gorge, de façon de plus en plus forte. What the fuck is that thing ? Encore un coup foireux de cette ville de cinglés. Je lâche brièvement le poignet de Dame – pas moyen à ce que je m’habitue à ce Ali’, je ne la connais pas, après tout. Maintenant, je veux dire – et bataille un instant avec les sangle, sans cesser de courir. Les instruments sont à nos trousses, pas besoin d’une vision à 360° pour s’en rendre compte. Je déboule hors du conservatoire, Dame sur les talons.

- Fiche-moi la paix saleté de… !

J’arrive de justesse à faire passer la sangle par-dessus ma tête. Avec une corde directement attachée à mon cou, ça aurait été beaucoup plus difficile, mais une sangle de guitare, ça enserre aussi le torse, pas seulement la g…

«  Ca c'est du forcing !! Mais où est-ce qu'on va ?  »

Avant de lui répondre, je me permets de commettre une hérésie. Je balance la guitare en arrière – pas bien lourde, soit dit en passant – vers la foule d’instruments qui nous « courent » après. J’avais raison, c’est un spectacle plutôt ridicule.

- Aucune idée mais loin de ces trucs ! On dirait que notre petit passage en force ne leur a pas beaucoup plu.

Je ne connais pas cette partie de la ville. Toujours est-il que, quand je capte sur ma gauche, près d’un haut mur gris, un éclair roux, je ne peux m’empêcher d’écarquiller les yeux et de me précipiter vers ledit mur. Un coïncidence pareille peut-elle être possible ? C’était deux éclairs roux, en fait. Il y a une fille avec lui, mais ce n’est pas Joke. Mon cœur se pince. En espérant, petit crevette, qu’il ne te soit rien arrivé, sinon le blasé va m’entendre. Pas le temps pour les explications. Je m’arrête devant eux, essoufflée, et pointe nos étranges poursuivants du doigt :

- Je… vous… restez ici toute la journée à regarder les fleurs pousser ou vous venez avec nous ? Ah et Août, en fait tu n’as pas vraiment le choix si tu ne veux pas te faire agresser par des instruments furieux.

Heureusement que je le connais, le blasé, sinon il nous aurait sûrement prises pour deux folles échappées de l'asile.

Spoiler:

Bienvenue !:

Tu sais ce qu'il te dit, le grand fou ?
Il lui ébouriffa les cheveux, signe de tendresse. Elle en rougit légèrement, d'ailleurs. Il était pas si froid que ça, quand il voulait. Et une pichenette, en prime. Si elle n'avait pas été préoccupée par le fait qu'elle ne connaissait pas cet homme mais qu'il la connaissait, ou encore par le fait qu'elle ne savait, au final, toujours pas si c'était elle, Kateya, elle aurait pu gentiment se battre avec lui et s'échanger des politesses bien senties. Sauf qu'un événement assez particulier vint interrompre leurs ébats de reconquête comme ses pensées, comme sa suggestion de partir à deux loin d'ici, ailleurs dans cette ville.


Du bruit. Du bruit, et deux femmes qui nous courent après ... Euh non, qui sont poursuivies. Poursuivies par ... Des instruments de musique ? Sérieusement ? Avant même que la première d'entre elles n'arrivent, elle éclate de rire, littéralement. Devant eux, devant lui, oui, elle éclate de rire. C'était probablement la chose la moins prévisible qu'elle eut vu depuis son séjour ici. Elle parle, elle l'appelle, donc elle le connaît. Mais Cendrillon ne peut s'empêcher de lui faire la remarque. Et c'est quoi qui vous court après, exactement, des instruments-zombies dirigés par le Caporal Trombone ?, lui glisse-t-elle avant de ricaner de nouveau. La scène était trop comique pour passer à côté.


Et voilà l'autre qui s'amène, paniquée plus qu'autre chose, ne pensant qu'à fuir. Non, sincèrement, fuir ? Face à des banjos et des triangles ? Hors de question.
On va pas s'enfuir face à ça, quand même ?! Y peuvent pas être si nombreux, y'en a quoi, quatre, cinq ... Six, Sept ... Ah oui, tout ça ... Aaaah là ..., lâcha-t-elle au fur et à mesure qu'ils s'approchaient. Et elle rit encore, mais d'un petit rire gêné. Elle avait eu tort de se moquer. Mais bref, on s'excusera plus tard. Pour l'instant ...

Notre moment de tranquillité est troublé par deux folles arrivant comme des dératées dans notre direction. J'hausse un sourcil en les regardant, Xéna faisait partie du lot, c'est la crevette qui va être contente... Sauf qu'elle n'est plus avec moi pour le constater. Elles semblent paniquées, elle me montre ses poursuivant du doigt. Des... instruments de musique ? D'accord... Si j'étais pas dans cette ville de fou, j'aurais songé d'aller voir un psy, mais ici tout est possible, même des instruments de musique qui nous pourchasse pour nous éventrer à coup de triangle deviendrait presque une banalité.

Je n'ai pas le temps de réagir que Cendrillon m'embarque déjà. Je me contente donc de courir et de les suivre pour échapper à ces instruments successible de nous buter d'un coup de corde. Une mauvaise note et c'est la trappe.

Spoiler: