Go To A Toy Store They Said... It Will Be Fun, They Said...

Visiter le centre commercial. Le centre commercial perdu dans la pénombre, après avoir parlé de tous ces trucs bizarres. Geniaaaaal ! Enfin, j’ai dit oui, je vais pas revenir en arrière. Je me contente donc de suivre Landscape. Va savoir ce qu’on peut trouver dans… Un magasin de jouet ? Super.
Je sens un frisson parcourir mon dos. Du calme October, c’est pas le moment de flipper. Tu feras ça après. Si d’aventure quelque chose nous tombait dessus, il faut que je sois prête à réagir.
Jugulant ma peur, j’avance à la suite du blond dans le magasin. Et alors qu’on avance dans le silence totale, une mélodie nous fait sursauter, et je retiens un cri de justesse. Regardant autour de moi, je vois une boite à musique sur le comptoir, que prend Landscape. La musique s’arrête. Finalement, je ne sais pas quel est la meilleure des choses : une musique flippante ou un silence oppressant ?
Bref, je raconte n’importe quoi. Faut que je me secoue maintenant sinon on va finir par s’ennuyer. Landscape va fouiller le comptoir, alors que je me tourne vers les rayons. Euh, wait. Je fais un pas en arrière. Dans la pénombre, je distingue que cet endroit n’est pas… normal. Logique en même temps, avec cette ville, à quoi je m’attendais ? Cela dit, c’est vraiment flippant. Des jouets en bois, recouvert d’une fine pellicule de poussière, et des poupées dont le regard éteint fait froid dans le dos. Pas vraiment ce à quoi je pourrais m’attendre –car oui même si on est amnésique, on sait encore que sans pouvoir imaginer clairement à quoi ça devrait ressembler, que c’est chelou tout ça-.
Je tends la main vers une des poupées, une de celles qui sont encore correct –tant niveau soin que niveau faut-pas-qu’une-simple-poupée-fasse-flipper-. Mais au moment où je m’apprête à la détailler, je fais un bond et me retournant.
La musique a recommencé.
Et bien que je connaisse déjà la réponse, je demande à Landscape :

« C’est toi qui l’as réenclenchée ? »

J’aime vraiment pas cet endroit. Super, le « paradis des enfants ». J’appellerai plutôt ça un magasin-fait-juste-pour-emmerder-les-amnésiques-que-nous-sommes-en-nous-faisant-penser-que-ça-allait-être-sans-problème.

Non, ce n’était pas lui. Evidemment. Je m’attendais à quoi ? C’est vraiment de pire en pire dans cette ville…
Oula, on se calme. Je vais pas encore me mettre à psychoter pour… pour une boite à musique qui fait des siennes ! October, tu touches le fond ma chère. Faut vraiment que t’arrives à tout mettre au clair. Après, oui, tu pourras être effrayée. Sur des trucs sensés. Aller, imagine Hippocrate s’il te voyait là. Oui, voilà, il se foutrait de toi. Et tu veux qu’il se foute de toi ? Non. Alors arrête miss-effrayée-pour-un-pauvre-truc-ridicule. Landscape était dans le ventre d’un… D’un quoi au juste ? D’un monstre-des-marais –Aiiiight c’est stéréotypique ce genre de monstre !-, et il n’en fait pas un plat, même si ça l’a secoué. Aller, bouge tes fesses, et arrête de trembler.

« Tu veux rester là ou... »

La phrase qu’il avait commencé, me sortant de mes pensées débiles et décalées sur les bords, s’arrête dans un sursaut. Moi aussi je me sens réagir. Fichue musique ! Si je pouvais l’étrangler…
D’ailleurs, Landscape est plus rapide, et plus efficace surtout que moi. D’un geste énervé, il balance une poupée dans la boite à musique. Le silence suit dans la seconde après le fracas que font les deux objets en tombant. Une chose est sure, la poupée a pas survécu.
Et la boite ? Elle devait être en diamant pour être encore entière vu le choc. Et si ça continuais malgré tout… ? Non, non tu arrêtes ça. On a dit plus de psychotis. En plus avec des si on mettrait… on mettrait… On mettrait la Ville en bouteille !
Mettant le plus possible mes inquiétudes de côtés, je me tourne vers Landscape qui regarde vers le comptoir. J’esquisse un sourire.

« Bien visé ! »

Ouais, ouais useless, je sais c’est bon. M’enfin, fallait bien que je dise quelque chose. Et c’est pas facile de à la fois chercher quoi dire, s’empêcher d’avoir une certaine mauvaise tendance au niveau garçon et aussi ne pas faire d’élucubration sur cette fichue musique. Les filles peuvent faire plusieurs choses à la fois, mais faut croire qui a des limites.
Mon sourire se fige alors sur mon visage, contrastant avec l’expression de stupeur et de frayeur qui ne tarde pas à se frayer un chemin sur mon visage. Je sens un frisson parcourir mon dos. Comment c’est possible que… Mais elle… Du calme. Il doit y avoir une explication normale, la boite était bien tombée c’est tout. Un autre frisson secoue mes épaules malgré moi.
Parce que la musique avait repris.

Spoiler:

Une lumière entre dans la pièce avant qu’on esquisse le moindre geste. Euh, attends, quoi ?! Une lumière ? Mais cette boule lumineuse, ça veut dire que c’est un souvenir non ?
Je sens mon cœur cogner contre ma poitrine. S’il est pour Landscape, ce serait tant mieux. Parce que même si au fond, je serais un peu déçue, je n’aurai pas à me battre contre moi-même. Je ne sais pas si je veux vraiment connaitre mon passé, maintenant. Et si je découvrais, une fois de plus, un autre garçon, ou pire ? Je commence à me dire que si ça se trouve je me faisais une partrouze par soir.
Bien sûr c’est de l’exsagération hein, je me pense pas comme ça. Je crois vraiment en mes sentiments, tant quand je regardais les deux garçons de mes souvenirs que Landscape ou… Novembre…
Non October, non, chut ! Tu vas arrêter de te dire ce genre de truc. Tu es irrécupérable ma pauvre fille.
Et en plus, comble de tout ça, c’est que la sphère s’arrête devant moi, éclairant sans doute mes traits incertains. Oh, super. Je me sens me crisper. Savoir ou ne pas savoir, telle est la question. J’en ai extrêmement envie, mais d’un autre côté, j’aurai préféré que cette lumière ne soit jamais venu à moi.
Landscape m’ébouriffe alors les cheveux

« Vas y, touche le... Je reste prêt de toi le temps que tu découvres ton passé... »

Sa voix me rassure, et me convaincs, alors que j'essaie de sourire même si c'est un peu rater. Après tout, je ne crains pas grand-chose… Au moins physiquement parlant. Et puis fuir ne me mènera à rien. Alors que je lève une de mes mains pour toucher la sphère, je prends dans un mouvement presque inconscient celle du blond avec mon autre main. Je ne sais même pas si je risque pas de la lâcher, mais qu’importe. Au diable ma fierté, ça me rassure. Je suis pitoyable.
Et la misérable froussarde amoureuse transi de mecs que je suis plonge dans ce fragment de passé venu de nulle part.

October:

J’avais eu droit au souvenir effrayant, au souvenir joyeux… Je n’étais pas prête à la violence avec laquelle ce souvenir-là m’accueille. Je sens, alors qu’il s’écoule peu à peu, la colère que je ressentais à ce moment-là. Contre cette fille. Contre mon impuissance.
Qui était-elle ? Une amie, une sœur, une cousine ? Va savoir, avec cette amnésie débile. La colère du souvenir me submerge, il faut que je me calme. Ce n’est pas réel. C’est juste un moment de mon passé, arrivé si ça se trouve il y a plusieurs mois.
Fichue boite à musique. Oui, vraiment. Sans celle dans le magasin, j’aurai échappé au dilemme de vivre ou non mon passé. Sans cette boite, la brune aurait peut-être été moins triste. Super. Et en plus, j’aimerais bien savoir qui est la personne qui l’a mise dans cet état, dont je suis persuadée qu’il ne veut pas d’elle.
Je me sens me crisper mentalement, car je ne peux vraisemblablement pas changer quoi que ce soit au souvenir, et peut-être même dans la réalité, va savoir. Je n’ai même plus conscience de la main de Landscape dans la mienne.
Un nouveau mec. Exactement ce que je voulais éviter. Malgré l’amour que je ressens pour lui, mon peu de mental encore connecté à la réalité est dégouté, effrayé, déçu. De moi, évidemment.
J’entends les notes de la boite à musique, qui semble se mêler à celle réelle alors que je reviens peu à peu à moi. La colère reste, boule stagnante dont il fallait que je me débarrasse sans trop pouvoir. Le blond tient toujours ma main.
A la vue de ce dernier, je sens les larmes de déception et d’abdication se frayer un chemin jusqu’à mes yeux. Non, ne pas pleurer, surtout pas. Tu n’es pas faible, tu ne vas pas pleurer simplement parce que tu es dégoutée de te rendre compte que tu as un coup de foudre avec le moindre garçon rencontré.
Je ne dis rien. Si j’ouvre la bouche, ce seront des sanglots de rage et de désespoir qui sortiront, et je ne le veux surtout pas. A la place, je lâche la main de Landscape –mettre le plus de distance possible entre un énième coup de foudre, car oui au final c’est un peu ça- et m’avance dans la boutique. Jusqu'au comptoir.
Cette boite à musique… Elle joue encore sa musique, brisant le silence. Me rappelant ma rage ancienne de ne pouvoir aider la brune, et celle nouvelle d’être ce que je suis. D’un geste hargneux et nerveux, je prends la boite gisant au sol entre les boutes de porcelaine de la poupée brisée, l’envoyer voler au mur opposé, pensant au dernier moment à pas l’envoyer par erreur sur Landscape. La boite se cogne avec fracas contre le béton, tombant en sol avec un dernier son étouffé avant que le silence ne s’installe de nouveau.
Je serre les dents, gardant tant bien que mal une expression neutre et calme. Je pensais que ce geste me ferait aller mieux, mais non, je suis toujours en colère. Extrêmement en colère contre moi-même, me refusant de regarder Landscape, gardant mon regard fixé sur le comptoir, là où était la boite avant notre arrivée. Je sens un liquide chaud couler sur mon doigt –bien joué October, tu as réussi à te couper légèrement-. Vraiment, tu es inutile. Que fais-tu là ? A quoi joues-tu avec tous ces garçons ?
Sincérité ou pas, c’est ignoble d’aller comme ça d’un mec à l’autre. Même si je peux pas m’en empêcher. Ne pleurs pas October, sinon tu toucheras le fond. Pauvre garce.

Landscape me rejoins, attrapant la main où je me suis coupée. J’y jette un coup d’œil. C’est juste une écorchure, mais vu que c’est au doigt, ce genre d’endroit a la sale habitude de saigner pour un oui ou pour un non. Tant pis. Je sens le garçon planter son regard ambré dans mes yeux vairons en même temps que je sens mon poing se serrer alors qu’une nouvelle vague d’émotion me submerge. Je suis pitoyable, ridicule, et incapable de me contrôler un tant soit peu. Génial.

« On va retourner à la pharmacie pour te mettre un pansement sur ton doigt... Même si c'est qu'une légère coupure, on va éviter que ça s'infecte comme pour mon bras. »

A vrai dire, j’aurai presque préféré ça plutôt que de continuer cette décadence. Mais l’idée d’une quelconque mort me fais bien trop peur, aussi je me dis qu’il vaut mieux, il a raison. C’est alors qu’il m’ébouriffe gentiment les cheveux, et je sens le rouge me monter légèrement aux joues. Je sers mon poing plus fort, cherchant à m’empêcher –vainement- d’avoir de telles réactions.

« On sort ? »

Je me contente d’acquiescer, car vu l’état dans lequel je suis, si je tentais de parler soit je me mettrais dans une profonde colère pour un rien, à la manière d’Hécate un peu plus tôt, et je me refuse une telle réaction, soit je me mettrais à pleurer. Et la deuxième hypothèse est la plus vraisemblable vu mon état désabusé, alors mieux vaut ne pas tenter.
Je me retiens de le toucher, lui prendre le bras ou quoi que ce soit. Arrête October. On ne rigole plus maintenant. Tu as vraiment dépassé les bornes. Tu te rends compte, en tout et en comptant les souvenirs, cinq mecs rencontrés, cinq mecs que tu apprécies un peu trop.
Ces pensées tournent en boucle dans ma tête, et je baisse précipitamment la tête quand je sens une larme s’échapper. Les autres se font de plus en plus menaçantes. Me contrôler, surtout me contrôler. Sinon je vais devenir une véritable femme-fontaine… Euh non, une fontaine tout court.

Bravo. Oui, bravo. Tu sais même pas être discrète quand tu pleures. Landscape me prends par les épaules, alors que je continue à fixer le sol. Si je le regard, je n’arriverais plus à retenir mes larmes, je le sais.
Il essaie de me rassurer. Dans une autre situation, j’aurai trouvé ça mignon, et mon cœur aurait battu un peu plus fort. Bon, si mon cœur prend une vitesse bel et bien plus rapide, en revanche, j’ai plus envie de lui dire de se taire. Pas par méchanceté, mais car ses mots me donnent juste envie de m’écrouler sur mon triste sort de loveuse-de-tout-ce-qui-bouge-et-possède-quelque-chose-entre-les-deux-jambes.
Voilà que j’arrive à me faire des pensées bizarres. De mieux en mieux. Comment puis-je continuer à me tirer vers le bas alors que j’ai déjà touché le fond ?
Quand je le sens effleurer ma joue, essuyant la larme traitresse m’ayant échappée, je me sens frissonner à ce contact. Stupide fille. Mes yeux menacent de plus en plus de me trahir. Hors de question.

« Je ne te jugerais pas, c'est ce que font les amis non ? Si tu as besoin de parler, ou si je peux me rendre utile d'une quelconque façon, dit le moi d'accord ? Et puis, on est une équipe, et entre coéquipier, on doit s'entraider dans les mauvaises passes. »

Une équipe… Des amis… Bordel, je me hais de me sentir mal d’entendre ça, et non plus. C’est débile, idiot, puérile, ridicule, bref, tous les adjectifs péjoratifs existant. Mais je ne peux pas lutter. Donc en plus de tout ça, je suis faible. Et la seule chose là pour me sauver, et qui commence au fur et à mesure que je répète en boucle les paroles du blond dans ma tête, c’est ma fierté.
Il m’ébouriffe les cheveux une fois de plus à ce moment, avant de rajouter l’air un peu gêné qu’il devait me saouler. Malgré tout le dégout en moi s’attaquant à mon esprit, un sourire flotte quelques secondes sur mon visage avant de repartir, tel un mirage. Oasis bienvenue dans le désert où j’agonise, qui ne s’avère être qu’un moyen de mieux replonger dans la haine contre moi-même.
Je sens ma dernière barrière craquer, et je me jette à moitié contre Landscape, me lovant contre lui, le visage dans son t-shirt, mes mains agrippant celui-ci comme une bouée de sauvetage pour ne pas me noyer définitivement. J’ai bien conscience que je dois avoir l’air d’une gamine à ce moment-là, et la dernière chose dont j’ai envie c’est que le garçon me considère comme une petite sœur, mais mes remparts ont été abattus les uns après les autres, par mon souvenir, par lui, par moi. Les larmes se libèrent d’un seul coup. Je ravale un sanglot, juste le temps de lancer, plainte agressive contre moi-même :

« Je suis une garce ! Je… »

Un sanglot me rattrape, et je ne finis pas ma phrase. Qu’est-ce que je pouvais bien dire de toute façon ? Que je craque sur tous les garçons, lui compris ? Que là, dans l’instant, c’est en partie parce qu’il ne me verra que comme une amie que je suis mal, et que le fait de penser ça me fait encore plus souffrir ?
Hé la Ville, si tu m’entends, parmi tous tes tours magiques et de passe-passe improbables, y a pas le changement de personnalité et d’identité ? En plus, non seulement je suis pas bien, mais en plus je passe pour une idiote incapable d’être toute seule, comme une enfant de bas âge. Su-per.

Landscape tente de me rassurer, me serrant contre lui. Il parle d'apprendre de ses erreurs... S'il savait. Justement, je n'apprends rien, vu que je refais encore les mêmes erreurs. Stupide fille. Et puis ca lui va bien de m'interdire de m'injurier, mais non seulement c'est pas possible, mais en plus il le ferait lui-même s'il savait.
Il me parle alors de son passé, se relançant dans une des tirades dont il a le secret. Ca aurait presque pu me faire sourire, surtout de savoir qu'il est sans doute célibataire. Pauvre garce.
Il continue, disant qu'on ne devrait pas refaire les erreurs dont on c'est ainsi rendu compte, un rire mauvais m'echappe, une demi-seconde. J'aimerai bien, mais je suis prisonnière d'un inconscient qui me dépasse.
Je le sens me serrer un peu plus fort, et je ne peux l'empêcher de constater que j'en profite un peu, respirant son odeur et mon attention désormais fixée sur les deux bras m'entourant. Avec ça que mes remparts se sont effondrés, je n'ai plus vraiment l'impression de contrôler quoi que ce soit, et ma fureur retombe alors qu'il dit quelque chose qui me touche profondemment, qu'il ne veut pas que ce souvenir m'anneantisse, qu'il m'apprecie...
Comme dans un rêve, je ne vois plus ce que je fais. Mes sanglots s'appaisent alors que je suis toujourson etrainte, et quand enfin ça va mieux, mes pensées semblent toutes disparaitrent a la fois. Seules deux reste: une étant ma volonté d'avoir raison, l'autre une simple envie. Ke première comprend vite que la deuxième va gagner, et pense amèrement que comme ca au moins il saura que je mérite d'être traitée de garce.
Je me sens me détacher le légèrement de contre son torse, juste assez pour le regarder dans les yeux. Sans doute que mon regard vairons devait alors etre troublant. Et je me vois, me sens, tout ce que vous voulez mais je n'ai pas l'impression d';etre au commande -meme si je ne suis pas vraiment contre ce qu'il se passe, même si je me traite de garce en boucle dans ma tete- m'appuyer sur la pointe des pieds. Venir embrasser Landscape.
Quelques secondes, deux ou trois pas plus, qui me semblent se rallonger, distordant le temps. Mais je me rends compte de ce que je fais, et me recule brusquement. Les joues devenant cramoiie, je me retourne dans le même moment, me dirigeant vers la porte du magasin. Bravo, bien jouer, gg October. Tu viens de ruiner toute ta crédibilité
Tu vois Landscape, je suis une garce.

Je suis en train de me traiter de tous les noms, quand je sens la main de Landscape sur mon poignet. Un frisson s’empare de mon dos, et malheureusement ce n’était pas de la peur. Pauvre idiote.
Je n’ai pas le temps de me décider à réagir, une partie de moi m’ordonnant de récupérer mon poignet et de continuer à marcher, à fuir plutôt, et l’autre me sommant de faire l’inverse. Le blond m’attire contre lui, et je sens mon cœur s’accélérer un peu plus. Bon sang, je suis vraiment irrécupérable… Mais je me sens bien, contre lui. Au moins je me calme. Jusqu’à ce qu’il prenne la parole, voulant me dire quelque chose avant de s’interrompre. Voilà, j’ai tout trucidé, toute chance d’essayer de… l’avoir, puisqu’il faut parler net, est perdue. Bravoooo ~.

« Ecoute... Tu me laisses pas indifférente, je te mentirais si je te disais le contraire... »

Tu vois, c’est ce que j’avais dit, il te détes... Attends, QUOI ?! Je sens mes yeux s’écarquillés, alors qu’il met ma main sur sa poitrine. Je mets un certain temps à remarquer ses battements de cœur, les miens se répercutant dans tout mon corps, de ma tête jusqu’au bout de mes doigts. Je les sens irréguliers… Il ne mitonne pas donc juste pour me faire plaisir ? Je me sens fondre –seule chose dont je suis encore capable-.
Mais, car il y a toujours un mais, c’est la vie ma pauvre Octy, il reprends :

« Mais j'ai juste besoin d'un peu de temps... j'ai pas envie de te dire oui sur un coup de tête pour que tu souffres par la suite. Mais ça ne veut pas dire que je ne t'aime pas, d'accord ? C'est juste... si soudain... On se connait depuis à peine deux heures à tout casser... »

Il n’a pas tort. Mais s’il savait ce qu’il se passe dans ma tête, il ne prendrait pas compte du nombre d’heure. En fait, il s’enfuirait surement en courant.
C’est cette pensée qui, vilement, me convainc de ne pas lui en parler. Pas dans la seconde. Je sais que je le ferais –je m’en fais la promesse, j’en suis peut-être une car je ne peux pas contrôler certaines choses, mais je ne serais pas une garce volontairement-, mais là c’est pas vraiment l’envie première que j’ai. Je veux juste… juste réussir à aller mieux. Ne plus jamais ressentir le désabusement de ce matin, un peu plus tôt.
Le garçon vient alors m’embrasser, rien que quelques secondes, et je sens mon cœur, mon ventre aussi, papillonner sous le baiser. Je suis tellement bien comme ça…
Le futur me fait peur. Mais tant pis. Ce genre de moment me suffit largement pour avoir envie d’affronter cette Ville débile, et mon passé chelou. Même simplement sa main caressant mes cheveux, qui me sort un sourire béat.
Finalement, il me dit qu’il allait soigner ma blessure. En fait, c’est là que je me rends compte que j’ai vraiment été une handicapée pour avoir réussi à me couper. Je ne dis rien, encore trop perturbée, rechignant à bouger. Enfin, on n’allait pas rester dans cette boutique encore quinze siècles.
On se met à marcher, et je me concentre sur le sol, histoire d’éviter de me casser la gueule en étant trop dans les nuages, mon cœur battant encore à tout rompre. Une pensée correcte et heureuse me traverse alors l’esprit : maintenant, je ne devrais plus me mettre à baver et avoir envie de me jeter sur les autres mecs, si mon subconscient sait que je ne… laisse pas Landscape indifférent. Cela dit, le problème de mon ancienne vie me hante. Pourquoi je suis comme ça ?
Je veux virer le silence qui est revenu. J’ouvre la bouche, la referme. Me reprends, et m’apprête à dire quelque chose, avant de fermer une fois de plus ma bouche en me rendant compte que je ne trouve pas ce quelque chose. Ouvre, referme. Arrête de faire le poisson October.

« Je… »

Bon, tu as commencé à parler, tu finis maintenant ! Seulement, pour dire quoi ? Je secoue la tête, ce qui signifie « laisse tomber », la visage soigneusement baissé pour cacher mes rougeurs et mon regard vairon qui est passionné par le sol.. Ce que tu as l’air bête quand tu es gênée espèce de cœur d’artichaut.