Miroir, Miroir ~

20h-22h

Sa main s'est posée sur la pierre froide. Et ? Et alors ?
Elle sent le froid s'infiltrer en elle, engourdissant ses bras, puis ses jambes, doucement, cpmme un poison, son regard se brouille. Et ?
Et elle ouvre les yeux. Tout d'abord elle ne voit rien, encore une fois elle ne voit que la Nuit et le noir. Elle sent juste l'eau qui s'infiltre dans ses chaussures, elle sent aussi la pourriture de l'eau stagnante. Se trouve-t-elle dans un marais ? Le Niveau de l'eau atteint son genou désormais. Elle ne bouge pas, et se frotte les yeux. Voilà, elle voit mieux maintenant. Elle réussit à distinguer les murs, comme à l'extérieur, de la pierre. Pourtant, ce n'est pas ça qu'elle voit, ce n'est pas ça qui lui saute aux yeux. C'est ces ronces. Encore est toujours présentes. Elle ne bougent pas, demeurent dans leur sommeil, pourtant June sens que leur présence ne signifie rien de bon, rien qui ne puisse l'aider à ce tirer de cette merde. Parce qu'à tous les sens du termes, elle semble être dans la merde. Jusqu'aux genoux. Peut être est-il encore tant de se tirer d'ici ?
Malgré cette envie de quitter sur le champ ce lieu, elle ne peut s'empêcher d'avancer, vers le coin de la pièce.
Elle sent les algues se coller sur ses jambes nues, mais elle avance tout de même, sans doute a-t-elle déjà connu pire que ça, non ?
Elle voit alors le miroir, et la table en dessous. On dirait une coiffeuse. Peut être qu'une jeune fille a habité là, avant. Cela ne semble pas impossible. Cette tour lui fait penser à celle d'un conte de fée. Lequel déjà ? Elle ne sait plus. Plus du tout, mais elle sait qu'une "princesse" a était enfermé dans une tour. Une tour comme celle là ? Peut être. Un sourire s'esquisse sur son visage. Peut être que la princesse a réellement existé ? Son regard se pose sur la table. Trois clefs sont posées. Qu'attendent-elles ? Elles n'ont rien à faire ici. La jeune fille relève la tête, elle se voit dans le miroir, elle semble fatiguée, des cernes ornent son visage blanchâtre. Elle voit aussi ses cheveux, luire d'une étrange façon dans la semie-obscurité de la pièce. Elle rigole, c'est drôle, sa fatigue lui provoque des hallucinations. Elle remarque quelque chose d'autre. Elle se penche vers le miroir terni par l'âge, en souriant de façon exagérée. Oui, elle a bien des dents de chat. C'est bizarre. Cela ne la fait plus du tout rire maintenant. Le rire est passé à une sorte d'agacement. Elle recule de quelques pas, se fixant toujours dans le miroir. Elle voit alors la porte, derrière elle. June se retourne, ce n'est pas seulement une porte que l'on peut voir dans cette pièce. Non, ce sont trois portes qui se trouvent ici.
Logique, trois portes, trois clefs.
La Brunette s'approche d'une des portes et essaye de l'ouvrir, elle est verouillée. Rien d'étonnant non plus.
Elle commence alors à observer la pièce, minutieusement. Tout d'abord, il y a ces murs incrustés de ronces. Ces trois clefs pour ces trois portes. Ce miroir et cette table. Ce trou dans le mur. Elle s'approche encore une fois, ce n'est pas un trou, c'est un escalier. Il semble enseveli sous l'eau. Non, il ne semble pas, il l'est. Encore une fois, logique, car l'escalier descend, sans doute au sous-sol.
Elle sourit encore une fois, elle aime sentir de la logique dans ce lieu. Cela la rassure en quelque sorte. Elle n'a plus envie de partir, mais juste de comprendre. De savoir à quoi sert cette tour. Qui est au centre de la ville.
Mais encore une fois, elle sent que quelque chose lui échappe. Qu'elle a beau fouiller sa mémoire, son savoir que ce quelque chose d'illogique ne sera jamais résolu. N'aura jamais trouvé de raisons valables.
June se dirige vers la table, elle prend les trois clefs les met dans la poche de sa veste et commence à réfléchir. Que faire ? L'eau lui semble glacée à présent. Elle monte sur la table et s'assoit comme les indiens. C'est rigolo. C'est marrant tellement sa situation n'est pas crédible. On a voulu lui faire une sale blague, c'est ça ?
Non, ce n'est pas ça. Plus de mémoire, c'est pas logique.
Elle se penche vers l'eau, s'amusant à faire tourner les algues autour de ses doigts. L'eau est trop paisible à son goût.
Elle s'adosse contre le miroir en soupirant. Le miroir tangue un peu, puis se stabilise. Elle pense à la table, ce n'est pas normal. Le bois aurait du moisir, dans cette eau là.
Encore quelque chose d'illogique. Elle sent la colère monter en elle, elle ne peut s'empêcher de se lever et de tirer une clef de sa poche. De toute ses forces, elle la lance contre le miroir. Qui se brise légèrement. Elle reprend la clef, tombée sur la table, et la jette avec plus de force, transformant toute sa rage en énergie. La clef tape contre le miroir, les fissures se forment, traversant le miroir en parts inégales. Le splash de l'eau retentit. La clef est tombée à l'eau, mais elle s'en fous. Elle semble juste fière d'elle. Voilà, la malchance la suivra ! On verra bien si les superstitions bidons sont bien réelles !
On verra bien, ouais.

Ca fait clang. Le clef tombe. Ca fait cric. La glace se fissure nettement. Ca fait plouf. La clef ripe dans l'eau. Ca fait vrrrr. La tour tremble.

La Tour tremble. Tu as cassé mon Miroir, effrontée ? Qui es-tu June ? Qui es-tu pour t'être octroyé ce droit ? Tu n'es rien du tout. Rien qu'une poupée de chiffon animée. Et tu vas souffrir June.

A peine a-t-elle fissuré le miroir que la Tour s'est secoué d'un violent séisme. La commode bascule sur l'autre bord de la pièce. Elle tombe dans l'eau. Son visage est couvert d'algues gluantes et froides. L'eau commence à scintiller doucement d'éclats fluorescents. Sa main a trouvé le miroir cassé et s'est égratignée contre un fragment. Le sang goutte lentement de la petite blessure. Il s'écrase sur le verre. Et l'encre rouge forme les mots : " Je te briserais comme ce miroir June ".

La Tour tremble toujours. L'eau fluorescente éclaire l'annonce lugubre. Vision dysphorique.
Vision qui s'efface subitement. Elle sent son corps s'engourdir. Elle n'arrive plus à parler, ni même à penser. Le monde change autour d'elle. Le monde s'ouvre sur autre chose. Autre chose qui n'est pas non plus agréable...

Spoiler:

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Miroir, Miroir ~

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