Descente aux... Euh.. Enfers ?

Un peu... SUPER vexé par le peu de réaction de Janvier, même si au fond, ça ne l'étonnait pas, il était visiblement destiné à être la cinquième roue du carrosse, Chancelier fut content de voir la motivation de Crescendo et Février face au danger et à l'adversité. Lui aussi était gonflé de courage. Mais quand Février ouvrit la porte, ben c'était plus trop ça. Pourquoi ça donnait sur les cellules ? Ils n'étaient pas censés sortir dans l'arrière du commissariat ? Intérieurement, il lâcha un long cri de détresse. Et si il allait faire une sieste dans les bras de Janvier. Peut être pas en fait. Mine de rien, il y avait un genre de froid entre eux quand Clow n'était pas là. Et puis de toute façon, elle dormait.

N'écoutant que son pseudo-courage et son envie de montrer qu'il était tout à fait capable de faire des choses sans chouiner/être ridicule/se planter (entourez la mention souhaitée), il se faufila entre Février et Crescendo pour s'engouffrer en premier dans l'escalier qui menait aux cellules souterraines. Lorsqu'il posa ses pieds sur les marches métalliques, un long grincement se fit entendre, comme si l'obscurité les appelait... Il s'arrêta un instant, son coeur battait à toute allure. Il n'était vraiment pas à l'aise. Pourtant c'était simple, il suffisait d'accepter les choses et il n'avait plus peur, il l'avait fait pour les ronces, il pouvait très bien le faire pour l'ambiance glauque qui régnait. Oui c'est ça. Tout était normal. Ce qui était bizarre ne l'était pas. Il était à Nulle Part et à Nulle Part, il n'y a rien de bizarre.

▬ Bon, l'escalier à l'air de tenir la route. Tenez-vous bien à la rampe, il ne faudrait pas tomber.

Mais vous connaissez Chancelier, toujours à montrer le bon exemple. Après tout, il n'y avait aucune lumière dans les cellules. Déjà sombre en journée, la nuit c'était même pas la peine. Le jeune homme posa un pied, puis l'autre et... Loupa la marche.

S'ensuivit une longue et douloureuse chute, entrecoupée de Aïe et de Paf qui laissait pensé que le pauvre Chancelier s'en prenait plein dans la figure. Et finalement, en arrivant au pied de l'escalier, il roula encore un peu pour embrassé langoureusement un mur. Victoire par K.O, pourrait-on dire.

▬ La... La voie est libre... Je.. Je vous attends.

On ne voyait rien, mais ce n'était pas difficile d'imaginer le pauvre permanté bleu les quatre fers en l'air et le regard hagard. Il lui fallait juste un peu de temps pour se remettre et ressentir un malaise.

C'est vrai. Il était dans des cellules. Le même genre que celle qu'il avait vu dans son souvenir.

Chancelier passa le premier, suivi de près par Crescendo. Bon, bah comme ça, si février tombait, il serait écraser par elle, et lui écraserait Chancelier. Bon, ca va, il aura une fille dessus, il ne mourra peut-être pas. Chancelier descendit une marche, et finalement, ce fut lui qui décida d'écourter sa vie, et de se marier avec un mur. Crescendo écarquilla les yeux, criant le nom, ou plutôt le surnom du gars aux cheveux bleus, et entreprit de le suivre en courant mais se ravisa bien vite. Il n'avait pas spécialement envie de finir comme son pauvre camarade. Une grimace horrifiée plaquée sur la face, il continua de descendre les marches une par une, ne se pressant pas, faisant bien attention à ne pas tomber une nouvelle fois. Après tout, Chancelier avait déjà évalué son poids une fois dans la journée, peut-être n'avait-il pas spécialement envie de vérifier s'il avait un virgule cinq grammes de plus.

- Tout va bien ? S'enquit le roux quand le bleu susnommé tenta de leur communiquer que la voie était libre.

Crescy se retourna vers Février et lui dit de faire attention avec un sourire, et continua de descendre. Les marches, avant de se retrouver devant Chancelier, toujours pas relevé. Le tableau était quelque chose d'assez comique en soi, avouons le, et pourtant Crescendo se pencha au dessus du corps affalé sur le sol poussiéreux, un air soucieux sur le visage.

- Rien de cassé, hein ? Je pense pas être assez fort pour te porter , grimaça-t-il en désignant d'un geste évasif ses bras maigrelets.

Était-ce l'ambiance de la ville ou la fatigue qui lui faisait dire les choses les plus idiotes aux monde, il ne savait pas. Alors il rougit, et se retourna pour observer l'endroit ou ils étaient rendus. Il lui fallut un long temps d'adaptation pour se faire à l'obscurité de ce qui semblait être un sous-sol avec des cellules.

Un frisson remonta le long de son échine. Des cellules, vraiment ? Quoi de plus spécial ? Surtout que l'endroit foutait vraiment la chair de poule. Les « cellules » étaient alignées dans un couloir dont on avait peine a voir le bout à cause du noir, et ressemblaient plus à des cages d'animaux cobayes à cause de leur taille. Lentement, à tâtons, il chercha un quelconque interrupteur sur le mur mais rien, il ne trouvait absolument rien. Oh, gosh. Cette expédition ne lui semblait plus tellement être une bonne idée désormais. Il avait l'impression de film d'horreur que la porte encore ouverte en haut des escaliers, qui jusqu'à maintenant leur apportait une faible lumière, allait brusquement se refermer.

Horreur. C'était le mot. Le peu de sang-froid qu'il avait pensé avoir jusqu'ici semblait vouloir le quitter. Alors, il serra les dents, voulant cacher la peur qui l'envahissait. Il aurait aimé pouvoir se dire qu'il en avait vu d'autres, mais sans aucun souvenirs de sa vie d'avant, c'était légèrement... pas possible.

Décidément, ces gens n'étaient pas très réactifs. Enfin, pas assez à son goût. Elle aimait quand il y avait de l'action, quand on s'activait autour d'elle pour donner le meilleur de soi-même, quand... Ok, elle aimait le mouvement. Mais peut-être étaient-ils tous fatigués, vu l'heure ? D'ailleurs, Janvier avait fait le choix d'aller se coucher, ce n'était pas pour rien.

Cheveux-bleus passa devant, s'engouffrant le premier dans le passage obscur constitué par la porte. « Passage Obscur », ça faisait très lieu de jeu vidéo. Elle nota l'idée dans un coin de sa tête pour éventuellement nommer l'endroit un peu plus tard. Les deux individus de sexe masculin – enfin, elle n'était toujours pas sûre pour Cheveux-bleus, mais elle se dit que c'était un gars, en fait – lui passèrent devant et commencèrent à descendre les marches de fer avant que le plus âgé des deux ne se croûte royalement dans les escaliers. Ouais, génial, une autre catastrophe ambulante ! Elle l'aurait bien rattrapé, mais Crescendo lui bloquait légèrement le passage.

Comme quoi avoir un nom mignon ne faisait pas de lui quelqu'un de très doué. Elle soupira et entreprit à son tour de descendre dans les profondeurs ténébreuses du mystérieux endroit, raquette en main, prête à se défendre contre les zombis féroces qui peuplaient les lieux et... Bon, ok, elle descendit les marches en se cramponnant à la rambarde pour pas faire comme l'autre pas doué. Arrivée en bas, elle constata que le Passage Obscur était en fait le cachot du commissariat. Des cellules s'alignaient dans la pénombre étouffante, toutes plus effrayantes les unes que les autres.

« Waouh... On se croirait dans un film d'horreur, ici. Il manque plus que le vent qui siffle et les bruits de chaînes qui s'agitent ! Et les fantômes ! Il manque les fantômes ! Dîtes, vous trouvez pas qu'on a de la chance qu'il n'y ait pas encore de fantômes ? »

Et c'était reparti, elle babillait de nouveau. Mais cette fois-ci, c'était plus pour évacuer le stress et faire baisser la tension palpable de l'air. Allez, quoi, souriez, c'est pas parce qu'on est tous paumés qu'il faut déprimer. Au contraire, c'est marrant, on se croirait dans un roman à suspense ! Douce ignorance de la Ville...

« Waouh... On se croirait dans un film d'horreur, ici. Il manque plus que le vent qui siffle et les bruits de chaînes qui s'agitent ! Et les fantômes ! Il manque les fantômes ! Dîtes, vous trouvez pas qu'on a de la chance qu'il n'y ait pas encore de fantômes ? »

Chancelier la regarda, sidéré. Il s'était relevé, non sans mal, mais avait pris l'habitude de s'en prendre plein la figure. Depuis qu'il était arrivé, ça n'avait pas arrêté. C'était de toute évidence une obligation pour lui de se vautrer à chaque fois qu'une nouvelle porte s'ouvrait. La fille qui répondait au nom de Février - il soupçonnait fortement Janvier d'être à l'origine de ce surnom - le sidérait. Mais il ne pouvait pas lui en vouloir, la façon dont elle parlait des choses montraient qu'elle se rassurait à sa façon. Elle n'était pas totalement insensible. Qui le serait ?

Après s'être assuré qu'il ne s'était rien cassé, il se faufila dans le dos de Février, posa ses mains sur ses épaules et dit d'un air faussement sérieux :

▬ Et bien nous n'avons pas cette chance, vu que dans la ville, il y a des ombres noires que l'on pourrait qualifier de fantômes. Mais bon, je ne pense pas qu'elles viennent dans un endroit si glauque. Soyons optimiste, hein ?

Il déporta son attention de Février pour s'engager dans les couloirs qui séparaient les cellules. Il grimaça en repensant à la scène qui s'était déroulée un peu plus tôt dans son subconscient. Mais ce n'était pas le passé, et il n'y allait pas avoir de jolies blondes en sous-vêtements dans ces cellules. Il passa ses doigts le long des barreaux et avançait un peu. Impossible de savoir combien de cellule il y avait, dès que l'on s'éloignait de l'escalier, on se perdait dans les ténèbres.

▬ L'un de vous a pensé à prendre une des lampes de poches en haut ? J'imagine que n... Un crissement le coup le stoppa, la porte de l'une des cellules s’entrouvrit dans un grincement terrifant. Celle-là est ouverte, essayons de voir ce qu'il y a dedans. Espérons qu'il n'y ait pas une jolie blonde.

Une jolie blonde ? Non. Un cadavre ? Oui, il y avait bien un cadavre dans un coin d’une des cellules glauque. Assis, adossé dans l’ombre. Il ne reste plus aucune chair sur ses os. Est-ce parce qu’il est là depuis longtemps ou autre chose ? Sur les murs de sa cellule, si quelqu’un les observait de près il y verrait des inscriptions gravé dans le plâtre desséché. Cette inscription, sûrement gravé par le cadavre lorsqu’il était en vie, mal écrite signifie : « Flic corrompu ».
Le commissariat cache bien des mystères…
Les autres cellules sont vides. En revanche au fond du couloir longeant les petites pièces closes se trouve un vieux bureau, sur le lequel est posé une caisse et une lampe de table, éteinte.

Il en était désormais persuadé, Février était dingue. Elle avait envie de voir des fantômes, ou que savait-il encore ! L'impression qu'elle donnait était d'être folle a lier, soyons réaliste, elle était arrivée par un train dans un ville qui semblait contrôler les souvenirs des gens grâce a des boules de lumière et rendait amnésique, ou des loups fous-furieux-mangeurs-d'hommes traînaient en libertés, et ou des ronces poussaient comme ça dans les toilettes du métro. Et elle, elle n'avait pas peur. Elle jubilait, s'excitait, babillait. God. Mais c'était quoi cette fille ?

Il allait probablement passer pour un adolescent peureux et traumatisé par les films d'horreur, bien qu'il n'ait aucun souvenir d'avoir vu pareille projection, mais il s'en fichait. Il avait peur, et il y avait de quoi. Il n'était pourtant pas quelqu'un de craintif à la base, mais là, vraiment, la fatigue accumulée, et tous ces évènements étranges avaient probablement changé sa vision des choses. Il ne comprenait d'ailleurs toujours pas comment Chancelier faisait pour ne pas se transformer en zombie psychopathe recroquevillé sur lui-même à pleurer. Vraiment, ça faisait quelques heures qu'il était arrivé par le train dans lequel il avait dormi, ne l'oublions pas, et pourtant, une pesante fatigue psychologique se faisait sentir. En sachant qu'il était quelqu'un d'assez sensible, les larmes lui montaient souvent aux yeux depuis qu'il s'était fait courser par ce loup. Il les ravalait à chaque fois mais il fallait regarder la réalité en face, il ne tiendrait pas bien longtemps sans craquer. Alors il allait explorer cet endroit vite, et remonter en haut tout aussi rapidement.

▬ Et bien nous n'avons pas cette chance, vu que dans la ville, il y a des ombres noires que l'on pourrait qualifier de fantômes. Mais bon, je ne pense pas qu'elles viennent dans un endroit si glauque. Soyons optimiste, hein ?

Oh mon Dieu. Il fut prit d'un léger tremblement alors que Chancelier expliquait ça et que ses yeux s'agrandissaient de manière démesurée. Non, là vraiment c'était trop pour lui. Il prit sa tête entre ses mains et la secoua. Combien de temps survivraient-ils tous ici ? Enfin bon, eux ça pouvait aller, ils étaient à l'intérieur. Mais, Clow ? Il était dehors, lui. Si ça se trouve il était déjà... Il secoua la tête, comme pour chasser ces idées noires. Non, il ne voulait même pas émettre cette hypothèse. Faites que son amie aussi aille bien. Pas elle, personne avait le droit de lui prendre, non, pas elle... Il soupira, après tout, le bleu avait raison, il fallait être optimiste et reprendre du poil de la bête.

Sa déprime avait légèrement régressée quand Chancelier demanda si quelqu'un avait pris une des lampes torches. Il secoua la tête et plongea ses mains dans ses poches, avant d'en ressortir son paquet de cigarettes et de l'ouvrir.

- J'ai pas de lampe torche, mais j'ai un briquet. Dit-il.

Un grincement sinistre se fit entendre, provoquant un sursaut au jeune garçon qui alluma son briquet en quatrième vitesse. Hm. Pas vraiment glorieux tout ça. L'objet ne produisait qu'une faible lumière éclairant à peine un mètre devant eux. Il allait falloir faire sans plus de clarté. Il s'avança légèrement dans la cellule, de peur que la grille se referme d'un coup et, s'aidant de sa ridicule flamme tenta de savoir ce qu'elle renfermait comme secrets.

Son cri ne mit pas longtemps à retentir alors qu'il reculait de plusieurs pas avec empressement. Un cadavre, la, juste devant lui ! Il s'agrippa plus fort a son briquet, tandis que des gouttes de sueurs froides commençaient à perler son front. Ses mains se firent plus moites quand il prit son courage a deux mains et se rapprocha du squelette. Il n'y avait rien d'autre que ce dernier, a part une inscription qu'il avait du mal à déchiffrer.

Cheveux-Bleus la fit légèrement sursauter quand il l'attrapa par les épaules et lui parla d'un ton sérieux des "Ombres" noires qui rôdaient. Haha, elle avait frôlé la crise cardiaque, n'empêche. Bien jouer le Bleu. Bien joué ! Elle sourit, espérant qu'ils trouveraient quand même bientôt un interrupteur. À l'évocation de la lampe de poche, elle fit non de la tête. Elle aurait bien proposé d'aller la chercher à leur place, mais se ravisa quand Crescendo prit la parole et leur montra son briquet. C'était plus fun avec une lumière faible, hein ? Elle se rendit compte qu'elle avait peur, seule dans le noir avec ces deux pas doués de services. Peur qu'un truc paranormal se produise ? Non, peur de se décevoir si ça arrivait vraiment. Peur de ne pas être à la hauteur du danger. Mais elle ne devait pas le montrer. Crescendo avait l'air d'être assez flippé comme ça, sans compter les efforts visibles de Chancelier pour rester optimiste en toutes circonstances.

La porte d'une cellule grinça bruyamment. Elle perçut un sursaut derrière elle, mais ne pouvait pas identifier son origine. Lequel des deux était le plus effrayé ? Le plus jeune des deux gars s'avança avec son briquet pour voir de quoi il retournait vraiment... Et poussa un hurlement tellement strident que Février fit un pas en arrière. La lumière vacillante avait, pendant une fraction de seconde, révélé l'existence d'un corps coincé au fond de la cellule. Ses os blanchis par le temps avaient luit quelques instants sous l'éclat de la flamme, puis s'étaient évanouis avec la clarté que Crescendo avait emportée avec lui lorsqu'il avait reculé précipitamment.

« Aaaah ! Mais t'es malade de hurler comme ça ?! La vache, tu m'as flanquée une de ces frousses... »

Dans un geste dont elle ne l'aurait jamais cru capable, le garçon retourna dans la cellule et s'approcha lentement du squelette avec son briquet. Elle le suivit à l'intérieur de la cellule, décidée à se prouver qu'il n'y avait aucune raison de paniquer. Et si le cadavre s'animait, comme dans les jeux vidéos ? Et si la porte se refermait brusquement sur eux et se verrouillait subitement ? Une étrange inscription était gravée tout près du corps.

« "Flic corrompu" ? Lut-elle à voix haute. Il s'est fait enfermé par un flic corrompu ? Bon, en tous cas y'a pas de quoi avoir peur, tu vois, c'est qu'un petit squelette de rien du tout, il nous fera pas de mal, il peut plus, maintenant. Et à mon avis, ça fait longtemps qu'il est là, il a plus de chair et ça sent pas plus le moisi qu'ailleurs. Euh... On sort de là et on va voir ce qu'il y a au bout du couloir, maintenant ? »

Peur. Elle avait peur, elle aussi. Elle avait fini sa phrase d'une petite voix mal assurée, et avait tiré sur la manche du garçon pour bien insister. Elle n'aimait pas se savoir enfermée. Même si la porte était encore ouverte, les vieux barreaux étaient là, eux. C'était stressant. Elle avait besoin de se sentir libre de ses mouvements, et les cachots, c'était définitivement pas pour elle. Alors autant bien rusher l'exploration, et remonter en vitesse.

Mais même si l'endroit était glauque et flippant, elle trouvait tout de même les découvertes excitantes et se dit qu'elle n'aurait jamais eu la chance de vivre une scène de film d'horreur pour de vrai si elle ne s'était pas réveillée amnésique dans un train, dans une ville où des loups mutants poursuivent les hommes. Oh... Et si les loups l'avaient bouffé, hein ? Naaaan, c'est pas possible. Ils seraient pas venus jusqu'ici.

Chancelier fut heureux quand Crescendo alluma son briquet. Une source de lumière, quelque soit sa taille, est toujours bonne à prendre. Il laissa l'adolescent éclairer la cellule. La découverte macabre qu'ils y firent ne le laissa pas indifférent. Mais à l'inverse de Février et Crescendo, il n'eut pas une réaction d'horreur. Oui, c'était un cadavre, un vrai. Il n'y avait pas de doute. Sur le coup, il avait sursauté, mais il avait enfin admis que ces cellules étaient normales et que donc, il n'avait aucune raison d'avoir peur. Encore ses idées étranges, ce drôle de comportement qui lui avait valut pas mal de soucis, et avec lequel il s'était mit la Ville à dos.

En fait, il y avait trop de chose étrange dans cette cellule. Il avait l'impression d'une mise en scène, avec un squelette pour personnage principal. Il ne fallait pas avoir peur du squelette, il avait l'impression que c'était autre chose encore. Les deux adolescents laissèrent libre cours à leurs peurs, cherchant à se rassurer chacun à leur façon. Ce que disait Février confortait encore l'impression de Chancelier. Et il ne put s'empêcher de faire part de ses inquiétudes aux deux autres :

▬ Vous ne trouvez pas ça bizarre ? Cette cellule est ouverte, et sa serrure n'a pas été forcée. Il est mort ici alors que la porte était ouverte, il n'était donc pas emprisonné. De plus ce ne sont que des ossements, au lieu de voir ce squelette droit, on devrait voir un tas d'os, vu qu'il n'y plus rien pour les tenir entre eux, ils auraient dû tomber, au moins une partie.

Ce n'était clairement pas normal. Chancelier balaya la cellule d'un regard sérieux, puis emprunta le briquet de Crescendo et attrapa quelques lambeaux de tissus qui traînaient sur le sol - probablement des vestiges des habits du squelettes- et coinça les charnières de la porte. Il n'était pas question qu'elle se referme toute seule. Si elle grinçait, alors c'était une personne la fermait. Une autre personne. Chancelier frissonna à cette idée, puis se tourna vers les deux adolescents.

▬ On l’évacuera plus tard. On va continuer comme tu l'as dit, Février, il souria à l'adolescent puis se tourna vers Crescendo. Il ne devait pas oublier que le pauvre en voyait de belles depuis son arrivée. Ça va ? Tu tiens le coup ? Interrogea t-il, Quand on en aura fini avec ces cellules, on ira se coucher nous aussi, ça ne servirait à rien de continuer l'exploration en étant crevé.

D'autant qu'une personne fatiguée s'effraie beaucoup plus vite et n'est pas capable de réfléchir correctement. Lui-même commençait à accuser le coup. Il savait que s'il était crevé, il ne pourrait pas protéger ses amis. Je dois tenir le coup jusqu'au retour de Clow... Pensait-il tout en avançant dans le couloir.

▬ Vous ne trouvez pas ça bizarre ? Cette cellule est ouverte, et sa serrure n'a pas été forcée. Il est mort ici alors que la porte était ouverte, il n'était donc pas emprisonné. De plus ce ne sont que des ossements, au lieu de voir ce squelette droit, on devrait voir un tas d'os, vu qu'il n'y plus rien pour les tenir entre eux, ils auraient dû tomber, au moins une partie.

Chancelier avait raison. Et la peur repris sa place dans le ventre de Crescendo qui se noua en même temps que sa gorge. Tout était si étrange ici, mais il n'y avait pas que cette histoire de cellule, tout ici paraissait... Vivant. Les boules de lumière, les ronces, tout. L'adolescent se tourna vers Chancelier et l'approuva d'un signe de tête.

- Ça l'est, concéda-t-il. Mais tout, l'est ici. Tu trouves çà normal toi, nous tous amnésiques, et nos souvenirs qui se baladent dans une sphère ressemblant à un mini soleil flottant ? Ou encore des Ombres semblables à des fantômes qui attaquent les gens ? Ou des ronces qui sortent du sol d'un coup ? Un train qui nous amène d'on ne sait ou, sans jamais repartir ?

Son regard restait accroché à son interlocuteur, comme s'il cherchait un endroit, un échappatoire pour ne plus voir ce cadavre.

- Tout est bizarre ici, répéta-t-il dans un souffle, et tout ressemble à un horrible cauchemar...

Il soupira, passant une main sur son visage fatigué et se tourna vers Février qui avait attrapé sa manche, voulant elle aussi sortir de cette cellule sordide. Ils sortirent donc, et Chancelier demanda à Crescy si il tenait le coup. Que répondre à ça ? Non, non, il ne tenait absolument pas le coup, il voulait seulement reprendre ce fichu train et qu'il le ramène d'ou il venait... Enfin, même s'il ne le ramenait pas d'ou il venait, ce serait probablement mieux qu'ici.

Mais il hocha quand même la tête. De toute manière, il n'avait pas le choix, il fallait que ça aille. Il fallait qu'il garde la tête froide, qu'il survive à tout ça. Il voulait connaître ce passé et il fallait l'avouer, il avait au fond de lui, l'espoir de sortir un jour d'ici. De retrouver, une famille, peut-être même des amis ? Il secoua la tête, décidant de se reconcentrer sur leur exploration et se dirigea vers le fond du couloir. Endroit ou ils trouvèrent une porte. Il déglutit, de peur de trouver un autre mort, et ouvrit cette dernière en fermant les yeux.

Chancelier exposait à haute voix ce qu'ils pensaient tous. Oui, évidemment que c'était bizarre. Évidemment qu'il fallait faire abstraction de ces anomalies pour continuer. Juste le temps de remonter, juste le temps d'explorer. Faire preuve de sang froid - ou de folie, qui sait ? - pour mener à bien cette première expédition au sous-sol. Février hocha la tête d'un air pour une fois assez sérieux. Oui, c'était bizarre. Cheveux-bleus coinça un bout de tissus trouvé par terre dans le battant de la porte, pour s'assurer qu'elle ne se referme pas subitement. Était-ce une bonne idée ? Ne valait-il pas mieux sceller cette porte et enfermer le cadavre suspect derrière elle, en attendant d'en savoir plus ? La laisser ouverte, n'était-ce pas laisser une brèche au surnaturel pour qu'il s'y faufile à la première occasion ?

La jeune fille frissonna. Non. Elle devait être courageuse. Elle ne serait pas aussi poule mouillée que le rouquin. Elle ne serait pas aussi bizarre que le bleu. Elle serait juste aussi fonceuse qu'elle-même, quitte à en payer le prix fort. Après tout, ne valait-il pas mieux profiter de la vie qui lui restait ? Parce qu'assurément, avec des loups qui rôdaient à l'extérieur et des squelettes dans les cellules des cachots, ses heures étaient comptées. Profiter. Être brave. Faire ce qu'une vie normale ne peut permettre. Être forte. Longer le couloir et regarder Crescendo ouvrir la porte. S'y engouffrer toute entière et avancer à tâtons. Heurter un bureau, poser ses mains sur un carton, les laisser s'attarder sur le bois poussiéreux du meuble, rencontrer une lampe. Appuyer sur l'interrupteur.

Lumière.

Appeler les autres en balayant la pièce du regard pour s'assurer qu'elle était bien vide.

« Y'a de la lumière ! Euh... R.A.S. de ce côté, je crois. Venez voir ! »

Braquer la lampe en direction des cellules pour s'assurer qu'aucun tas d'os ne prenait vie dans leur dos. S'intéresser au carton. Qu'y avait-il dedans ?

Questions réthoriques. Crescendo était visiblement à sa limite. Il valait mieux pour eux que la suite des opérations se fasse sans accro, sinon il n'allait pas réussir à gérer des gens ayant pété un plomb. D'une certaine façon, il avait déraillé lui aussi. Tout est bizarre, mais le plus bizarre, c'est toi, glissait une voix dans sa tête. Elle n'avait pas tort cette voix. Sa conscience se réveillait-elle enfin ? Ou bien était-il en train de perdre la tête ? Que ce soit l'un ou l'autre, il espérait juste que cela ne se verrait pas trop.

Crescendo et Février semblaient pourtant avoir pris la résolution du courage. Une bonne chose pour l'instant. Il les suivit dans la pièce du fond. La lumière était une bénédiction. Il lâcha enfin le briquet. Ce n'était pas le moment d'user inutilement la flamme. Ils ne savaient pas encore combien de temps l'électricité tiendrait. Elle pouvait très bien s'arrêter, après tout, on était à Nulle Part.

La pièce n'avait pas l'air d'être un bureau ou une salle de stockage. Il n'y avait rien à part un bureau. C'était peu pour que ce soit une salle de gardien. Peut être une salle d'interrogatoire. Suivant de près les deux adolescents, il jaugea la caisse qui attendait patiemment sur la table. Avait-elle un rapport avec l'inscription trouvé à côté du squelette ? Avait-elle seulement des informations de premier ordre ou était-elle juste une simple caisse avec des produits d'entretiens et autres bêtises du genre ?

▬ Et si on remontait avec elle ? On pourrait en profiter pour faire un topo de toutes les informations qu'on a récupéré. Il faisait bien sûr allusion aux diverses papiers trouvé dans le placards aux couvertures. On embarque aussi la lampe pour éclairer en haut. Et pourquoi pas quelques matelas, ce sera toujours mieux que dormir par terre.

Si possible, il voulait éviter autant que possible de devoir descendre aux cellules. Elles ne leur serviraient à rien, il ne comptait pas jouer aux flics et coincer des gens dans les cellules. Les personnes qui étaient passée avant eux n'avaient pas l'air de l'avoir fait non plus. Le mieux pour lui serait pour condamner l'accès, mais il préférait attendre le retour de Clow pour en parler.

Lumière. Génial. Crescendo soupira de soulagement, enfin un peu de lumière. Il commençait vraiment à étouffer, ici, la seule chose dont il avait envie, c'était de remonter la-haut. Et puis, si ça se trouvait, le café qu'il avait ingurgité quelques minutes avant le faisait stresser plus que la normale, car il était plus énervé ! … Non. Soyons réalistes et acceptons la réalité en face. Il avait la frousse. Shit. Il aurait aimé être courageux et rassurer au lieu de flipper. Mais il n'arrivait pas a jouer au héros. Pas ici, pas maintenant. Et probablement qu'il n'y arriverait jamais.

Lentement, il s'approcha du carton et l'observa comme les deux autres, avec une certaines méfiance. Nan mais stop. Fallait se reprendre, rien n'allait sortir de dedans, et la porte n'allait pas brusquement les enfermer dans ce sous-sol, allez, courage. Il inspira longuement, mais ne cacha pas son soulagement quand Chancelier parla de remonter. Il attrapa vivement la boite dans ses bras, et suivit des deux autres, se dirigea vers la sortie.

Heureux ? Presque. Soulagé ? Assurément. Il traversa le couloir en frissonnant légèrement, surtout quand il passa devant la cellule au cadavre. A cause de tout ça, il avait chaud et sa tête tournait. Il remonta les escaliers avec précaution, histoire de ne pas faire comme Chancelier, et arrivé en haut, déposa le carton par terre. Et s'allongea par terre, sur le sol froid. Mon dieu, que ca faisait du bien. Il pousserait même le vice plus loin. Son regard dériva vers la porte de commissariat. Sortir d'ici lui ferait le plus grand bien, il en était persuadé. C'est ce qu'il s'était passé quand il était sortit du train, et qu'il avait atterrit dehors après avoir faillit mourir sous la lame d'un fou furieux. Il se redressa, et se décida enfin à sortir.

- Il faut que je prenne l'air, souffla-t-il aux autres.

Arrivé dehors, il prit une grande bouffée d'air comme s'il suffoquait depuis qu'il était rentré dans le commissariat, et sourit. Il s'offrait le loisir de ne plus penser ni réfléchir a ce qu'il se passait dans cette ville. Un poids en moins, pour seulement quelques minutes, certes, mais un poids en moins quand même.

Embarquer le carton : check. Bon, plus que la lampe et les matelas.

« On devrait remonter la lampe en dernier, non ? Comme ça on aura encore de la lumière pour sortir les matelas. »

Elle se voyait mal porter des matelas dans le noir dans un endroit aussi glauque. Pas que le glauque la dérangeât, mais avec un matelas dans les bras, il était difficile de courir ou de se battre - oui, parce que dans sa tête, le squelette allait s'animer et faire office de monstre effrayant coinçant ses victimes dans la pièce souterraine reculée du commissariat. Comme dans les films d'horreur, quoi.

D'un geste déterminé, elle empoigna le premier matelas de la pile, et, comme il n'était pas spécialement épais, elle le porta sans trop de mal à travers le couloir. Un bout du support-pour-dodoter-tranquillement traînait misérablement par terre, mais elle s'en fichait pas mal. Vu la tonne de poussière qu'il y avait déjà dessus, de toutes façons... Elle devrait le secouer comme il faut dehors ! Elle se demandait si elle aurait à redescendre par la suite.

Mais après tout, Cheveux-bleus était un homme, il devait donc être capable de remonter deux ou trois autres matelas sans problèmes, non ? Héhé, compte pas là-dessus Février, tu vas aussi devoir t'y mettre. Bon allez, j'en remonte un deuxième puis je reste en haut, il fait un peu noir quand même, ici, et puis ça sent le moisi. Elle laissait le matelas en plan devant la porte au moment où Crescendo lui annonçait qu'il avait besoin de prendre l'air.

Elle fit un aller-retour en traînant une deuxième couchette dans l'escalier, l'empila sur les autres et décréta qu'elle en avait assez fait. Chancelier pouvait bien remonter la lampe, non ? Oh, il avait l'air super gentil, il le ferait sans doute. Puis elle entendit des voix venant de l'extérieur.

« Crescendo est sorti, mais c'est pas sa voix, qu'on entend... Je me demande avec qui il parle. Peut-être que ce sont des gens qui pourront nous aider ? Je vais voir, je reviens ! »

Elle passa la porte d'un pas vif, tornade de volonté déterminée à satisfaire sa curiosité.