Funambule ~

Doucement elle sort de son sommeil, elle sent le sommeil enlever le voile qui engourdissait ses membres. Elle sent une énergie nouvelle déferler en elle. Une énergie nouvelle mais froide. Elle sait exactement d’où viens cette énergie. De La Peur et de l’Angoisse.
Elle se relève et s’assoit, repoussant les bras de Naomi. Elle secoue la tête doucement, que c’est il passé la veille ? elle ne retient que de vagues souvenirs. D’ailleurs, ce n’était pas la veille, la nuit s’est obscurcit c’est tout. Le jour ne se pointera pas avant une petite dizaine d’heures. Une dizaine d’heure à rien faire, à attendre que Naomi, lui aussi sorte de son sommeil.
Elle se frotte les yeux, pourquoi a-t-elle était réveillée ? Pourquoi ?
Un appel. Une voix lointaine qui l’appelle, qui susurre son nom à son oreille.

June...

Une voix douce et innocente, une voix qu’elle doit juste écouter. S’imprégner de cette soudaine douceur, écouter la moindre sonorité que dira cette voix. Elle est rassurée, il n’y a qu’a l’entendre pour sentir son corps entouré par un voile de coton, de velours. Chaleureux, ça faisait tellement longtemps qu’elle ne s’était pas sentie aussi .. à l’aise. A sa place dans cette noirceur croissante. Elle sait qu’elle sera protégée, qu’a chaque fois la voix viendra la protéger.
Elle sourit et tend l’oreille.

tu veux oublier ton passé ?

L’Angoisse l’envahit, le passé. Le souvenir. Non, pas ça, pas encore une fois.

Reste avec moi. Reste à Nulle Part. June.

Le doute. La voix est-elle vraiment ce qu’elle prétend être ? Est-elle vraiment une amie ?
Elle soupire, le doute la envahie. Ça semble trop beau, beaucoup trop beau, beaucoup trop innocent. Mais si c’était vrai ? Si elle pouvait oublier ce qu’il venait de se passer ? Si elle pouvait oublier qui elle était et vivre juste au jour le jour sans se poser de questions. Les questions étaient ses véritables ennemies. C’était elles qui insinuaient le doute, la peur en elle. La voix n’était rien comparée aux questions qui la tourmentaient.
Pourtant la méfiance reste. Elle se laisse envouter par le charme de la proposition laissant de côté son intuition, pour une fois.
Rester avec la voix ne doit pas être quelque chose de compliquer.
Elle ferme les yeux. Que doit-elle faire pour avoir cette sérénité ? Tout d’un coup un éclair. Et des images. Des images sombres qui défilent de plus en plus vite, une valse d’images qu’elle laisse inconsciemment s’incruster en elle comme une obsession.
La Gare, le lieu de son arrivée, les rails toujours aussi sombres. La végétation partout, comme un mur impénétrable. Elle essaie de comprendre mais quelque chose la stop. Une image. Un lion. Bleu, il semble tout droit sorti d’un compte de fée. Magnifique tout simplement, un halo bleue l’entoure. Elle n’éprouve rien face à cette image. Ni amitié ni peur. Rien. Puis des gens se mettent à envahir sa tête. Des bruits de pas qui martèlent le sol, des visages qui fondent sur elle. Des visages défigurés par l’angoisse. Courbé les sens en alerte ils craignent quelque chose. Mais quoi ?
Plus rien, plus de bruit. Quelque chose qui se Dresse devant la lune. Elle la reconnait. La tour.
Elle avait été surprise par ce bâtiment. Ce truc qui osait traverser les nuages.
Ce truc sombre qui n’attirait personne, qui susciter la peur. Elle allait y aller.
Doucement elle se lève et ouvre les yeux. Elle était décidé.
Elle se penche vers Noa et lui glisse un de ses élastiques a cheveux autour de son poignet. Un rouge tout neuf, tout beau. C’est pour lui, pour qu’il puisse se souvenir.
Elle se relève et regarde le ciel. La tour qui semble au centre de la ville. C’est le cœur de la ville ?
Elle secoue la tête. Il faut qu’elle y aille. Elle commence à marcher, doucement à cause de la noirceur, puis son pas s’accélère, elle se fit à son instinct et a la vue de la tour. Son seul point de repère. Elle ne fait pas attention à ce qui l’entoure, a ce qui se passe autour d’elle. Ni au silence effrayant. Elle s’est isolée dans son esprit, elle tente de comprendre. Pourquoi la voix veut-elle l’emmener à la tour ? D’ailleurs qui est cette Voix ?
Elle sait qu’il n’y a que en y allant qu’elle trouvera des réponses. Y aller. Elle y est presque, elle est au pied, mais quelque chose la bloque. Un trou ? Non, le trou ne la bloque pas. Elle sent le sol qui glisse sous ses pieds mais ce n’est pas ça qui la dérange. Elle s’assoit les pieds presque dans le vide.
Le bruit. De l’eau ? C’est de l’eau ?
Elle touche sa blessure au bras, machinalement. Et se met a la frotter. De l’eau ? ça semble assez profond. D’ailleurs il semblerait que ça soit un précipice non ?
Elle se relève et soupire. Maintenant elle fait quoi ? Elle se tourne les pouces ?
Elle fait quelque pas et longe le fleuve qui doit sans doute dégouliner plus bas.

« Maintenant j’fais quoi ? »

Elle se sent bête mais elle a besoin de sentir la Voix en elle, sinon elle retourne voir Noami. Sinon, si elle ne l’entend pas, elle sent qu’elle cédera à la panique. Et ça c’est mal.

La petite poupée s'avance dans l'obscurité.
La petite poupée ne craint pas le noir et la solitude. Elle sait que sa maman est là pour la protéger.

Elle marche vers la Tour, la poupée. Doucement ses petits pas vifs résonnent dans la nuit. Elle sait où elle va. Le message est passé. C'est bien.

La petite poupée est face à un obstacle. Perplexe, elle observe le lac. Elle doute. C'est mal de douter. Aie confiance. Je suis là

Elle s'amuse. June est un jouet intéressant. Elle n'était pas sûre qu'elle délaisse son ami aux cheveux blancs pour la rejoindre. Mais son choix a fait d'elle un jouet privillégié. Elle est si proche à présent... Doucement, Elle sussurre. Avance June. Avance. Rejoins moi...

Aie confiance. Je suis là.

Elle ferme encore une fois les yeux. Avoir confiance ? C’est bien la première fois qu’on lui demande cette chose là. Avoir confiance n’est pas facile, en y réfléchissant bien. Avoir confiance demande un minimum de crédulité. Un Minimum de Naïveté. Elle n’est pas naïve, non, ce n’était qu’un jeu. A la gare, faire l’idiote ce n’était qu’un jeu. Ce n’était pas réellement elle. Alors pourquoi être ici ? Pourquoi se fier à cette voix doucereuse qui souffle des mots à son oreille ? Pourquoi se fier à des illusions ?
Elle n’est pas idiote.
Elle n’est plus qu’un vulgaire pantin mais elle a encore un peu de raison.
Une raison qui lui souffle de partir. De s’en aller aussi vite qu’elle est venue. Mais l’idiotie du pantin est toujours là, obstinée. Il veut faire confiance à la voix, il veut savoir la raison de sa venue ici. Mais la raison ne résiste pas. C’est trop facile de transformer la soumission en une simple curiosité.
June regarde autour d’elle. Sa main se dirige a nouveau vers la cicatrice de son bras, et elle ne peut s’empêcher de gratter, d’enfoncer ses ongles dans sa peau. Ne serait-elle pas Maso ? En plus d’être complètement folle évidemment.

Avance June. Avance. Rejoins moi...

Elle se retourne. Croyant à la présence d'une personne derrière elle. Pourtant il n'y avait rien. Toujours cette obscurité, toujours ce sentiment d'étouffement, oppressant.
Encore un élan de folie ?
La voix voulait donc qu’elle saute ? Qu’elle fasse abstraction de l’eau, du vide, de la nuit. De l’atmosphère qui régnait ici. Elle voulait donc qu’elle meurt ?
Soit.
Elle s’approcha du rebord, essayant de calmer sa respiration. Quelque chose attira son regard. Quelque chose qu’elle avait voulu ne pas croire. Quelque chose de fluo qui la fit reculer de quelques pas.
Du fluo.
Du orange sur ses cheveux ?!
Noami avait donc raison ? Son petit Macaron innocent avait donc eu un impact considérable sur sa chevelure.
Elle pris une mèche dans ses mains et observa.
Ce n’était que la pointe de ses cheveux qui était concerné. Le fluo de ses cheveux reluisait dans l’ombre. Pratique pour la retrouver dans l’obscurité.
Elle passa ses doigts sur l’orangé. Ce n’était pas de la poudre, pas un liquide. La couleur semblait venir de l’intérieur de chaque cheveux.
Elle sourit malgré tout. Après tout, mourir avec du style ça peut être pas mal, non ?
Elle esquissa de nouveau quelques pas vers le précipice.
Elle n’avait plus peur. De toute façon, qu’allait-elle regretter ?
Noami ? Calvetti ? Non. Elle ne les avait vu à peine quelques heures. A peine une journée entière. Elle ne pouvait pas s’y attacher autant. Puis elle était folle. Ce n’était sûrement que des illusions.
Elle avança encore d’un pas.
Le vide sous son pied. Elle retira son pied et le reposa sur la terre ferme.
Il allait falloir sauter.
Elle recula encore une fois, et se précipita ensuite. Dans le vide.
Alors ? Rencontrerait-elle le Sol ? La voix ? Ou n’était-ce que pur mensonge ?

Viens à moi... sussure la voix. Viens... répète-t-elle d'un ton où suppure l'envie.

La poupée s'élance. Elle se lance. Son corps de porcelaine tombe dans le vide. Il va s'écraser. Se désarticuler sur les parois rocheuses de la falaise. Le sang perlera sur sa tempe. La colonne vertébrale craquera dans un bruit sourd. Les os de son visage se réduiront en miettes, broyées par l'impacte. Et le jouet sera cassé. Il ne sera plus qu'un pantin sans vie, inanimé. Pauvre petite poupée.

Mais Elle a tout prévu. Le jouet ne se cassera pas. Il tombe bien pourtant. Il s'écrase aussi. Mais pas en bas. L'impacte n'est pas rude. Son petit corps frêle ne se craquèle pas comme on aurait pu s'y attendre. Il rebondit souplement dans le vide. Comme si un oreiller avait amorti sa chute.

June est à présent en suspension dans le vide. Ses pieds touchent pourtant une surface dure, une sorte de Pont invisible. Mais quiconque l'aurait vu aurait été persuadé qu'elle lévitait au dessus de la falaise. " Avance. Viens à moi. "

When darkness falls
And surrounds you
When you fall down
When you skid and you lost

Be brave
I'm coming to hold you now
When all your strives have gone
And you feel wrong
Like your life has slipped away

Follow me, you can follow me
And I, I will not desert you now

- Muse

Elle sait que la chute sera violente. Elle ne sait pas voler, elle n'est pas un oiseau. Dommage pour elle.
Elle sent sa jupe qui se soulève, on aurait dit Marylin Monroe, elle en était certaine, et cela la faisait rire, en quelque sorte. Oui, cela la faisait rire, même en pleine chute, même si elle savait qu'elle allait mourir -car c'était bien la mort qui l'attendait en bas- elle rigolait.
Avait-elle toujours était enclin à temps de rigolade ? Elle ne savait pas. Et cette pensée la fit encore plus rire, un gloussement s'échappa de sa gorge.
Elle se prit à songer que ses pensées allaient de plus en plus vite, c'était sans doute l'adrénaline, pas plus de deux secondes s'étaient passées depuis son saut.
Deux secondes.
Quand va-t-elle mourir ?
Trois secondes.
La fin est proche.
Quatre Secondes.
Elle sent quelque chose sous ses pieds. Elle a le réflexe de plier ses genoux, quand elle sentirait l'impact, elle roulerait sur le coté. Si elle devait mourir, autant limiter les dégâts, même dans le cercueil, elle voulait garder une certaines coquetterie. En tombant sur un côté, la casse serait plus ou moins limitée. Tant mieux.
Pourtant, la surface n'est pas rude, elle n'arrive pas à rouler sur le côté, comme elle l'avait prévu. Non, elle sent qu'elle s'enfonce, dans l'air, puis qu'elle rebondit. Elle n'ose pas ouvrir les yeux. Elle ne sent pas non plus l'eau. Elle ne sent rien, que de la douceur qui l'enveloppe. Qui la sauve ?
Elle n'ose pas ouvrir les yeux. Pourtant, elle les ouvre. Doucement, elle voit la nuit. Les étoiles et la Lune.
Elle voit le sol ? Quelque chose cloche.
Elle ne voit pas le sol, elle voit le vide. Sous ses pieds. Elle voit le noir, les pics rocheux, elle entend la furie de l'eau en contrebas.
Elle est dans le vide. Suspendue dans le vide. Elle sait que ce n'est pas normal, mais tout est anormal ici. Alors elle en rit, de nouveau.
Le rire est sans doute un moyen d'évacuer le stress pour elle. Ou alors, elle est vraiment conne.

" Avance. Viens à moi. "

Tiens, elle l'avait oubliée elle.
Elle secoua la tête, et regarda de nouveau en bas.
C'était la Voix qui l'avait sauvé, cela ne faisait aucun doute. Et elle n'avait pas envie de tomber, elle lui aurait bien désobéi, mais elle n'avait pas vraiment envie de rencontrer le sol. De rencontrer l'eau. Non, vraiment, autant lui obéir, autant se la fermer et avancer vers la Tour.
Elle avança, elle n'avait pas le choix à vrai dire. Elle avança, jusqu'à être à quelques mètres de la tour. Elle tendit sa main, n'osant pas toucher la Tour pour autant.
Elle posa sa main sur la Tour, sentant le contact froid de la pierre sous sa main. Elle ne put s'empêcher de frissonner, tout cela était donc bien réel ?

[ mon post ne fait pas avancer grand chose :/, désolée ]

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