Les aventuriers de la Fiole perdue.

16h-18h

Après le champêtre, la puanteur !

« Dommage que ta salle secrète soit pas dans un champs, hein. Le beau champs bleu de tout à l'heure, ç'aurait été si charmant ! »

Car ils pataugent de nouveau, l'air frais n'a finalement qu'accentué à la rouquine combien l'odeur est pestilentielle, ici. Elle en fronce le nez, toussote de temps en temps. Le jeux du chien a finit en même temps qu'elle remettait les pieds dans les égouts, trop occupée qu'elle est à protéger son panache roux de toutes les gouttelettes qui manquent de lui tomber dessus. Mais bon. Elle s'est déjà plainte la première fois, elle va pas recommencer maintenant, hein ? Elle essaye de se concentrer sur quelque chose.

Ah oui ! Un truc qu'il faut qu'elle parle.

« Dis. T'as aussi un compteur, hein ? Le sablier ? »

Elle se mord les lèvres un instant sous la réflexion.

« Les grains ont changé de sens, tout à l'heure, pendant le souvenir. J'ai remarqué ça quand je te faisais une tresse et ça m'a pas semblé important, mais p'tet que si ? »

Elle sort son réveil-pendentif, le braque sous le nez du yéti.

« Regarde ! Entre le moment où je suis arrivée et maintenant, il indique qu'à peine deux heures se sont écoulées. Mais c'est faux. Ça fait presque une journée que je suis ici. Il faisait tout juste nuit et là, on retourne vers la nuit encore. T'es arrivé quand, toi d'ailleurs ? »

Qu'il sache. La nuit, ici, c'est encore plus effrayant. Et Lou se dit, d'un coup, qu'elle n'aimerait certainement pas être dans les égouts pendant la nuit...

Et ils repartaient, deux Débilos en pleine quête !

Vodka haussa un sourcil à la réflexion de son amie sur le sablier et le décompte. Alors comme ça, le sable était remonté ? Naturellement, il le prit entre ses doigts pour l'observer, le retournant. Avec surprise, il constata que le sable continuait de couler dans le même sens. Etrange... vraiment étrange. Le yéti finit cependant par hausser les épaules, ne voulant pas trop s'attarder sur ce détail.

"Je suis arrivé... ce matin."

Ses yeux s'ouvrirent davantage sous le choc. Toutes ces aventures n'étaient arrivées qu'en... une journée ? Et une journée même pas finie ? De la folie. Un rire lui échappa alors qu'il s'enfonçait davantage dans les égouts, cherchant la pièce étrange.

"J'vais pas survivre plus de deux jours à ce rythme ! J'ai déjà failli me cramer, me noyer, me faire bouffer par une araignée géante... et le reste !"

Son sourire ne disparaissait pas. C'était si... insensé. Il préférait largement en rire qu'en pleurer.

Bientôt le tunnel se fait plus large, puis ils finissent par déboucher sur un embranchement. Le tunnel se sépare en deux. En haut, entre les deux entrées des sombres boyaux souterrains, se trouve une rune de couleur rouge sang. Quand ils se rapprochent, deux runes s'illuminent au dessus de chaque tunnel. Au dessus de l'antre de gauche, une rune magenta et une rune cyan sont côte à côte. A droite, une rune éclaire de la même couleur magenta, mais celle qui l'accompagne diffuse une lumière jaune.

Elle a une pensée noire. Une petite voix négative qui lui donne envie de rétorquer, avec humour que de toute façon, on est pas sensé survivre ici. C'est bien pour ça qu'ils vivent autant les Débilos, non ? Brûler la chandelle des deux côtés avant que quelqu'un d'autre ne s'occupe de la détruire. Mais Lou ne veut pas répondre ça. Pas plus qu'elle n'a envie de vraiment croire cette petite voix. Elle rigole elle aussi, écarte les bras et en sautillant, accompagne son ami dans la bonne humeur :

« Et moi j'ai croisé un T-Rex taille grandeur nature ! Il était mécanique, certes, mais c'était carrément impressionnant et... Oh. »

Un embranchement. Elle regarde les runes, fronce les sourcils.

« Tss. Pourrait pas y avoir plutôt des panneaux d'indication comme dans l'importe quelle ville ? »

Finalement, abstraction faite des ressemblances, Lou en arrive à une conclusion très simple : Jaune ou bleu ? Elle met ses mains sur ses hanches, regarde son yéti.

« Moi je vais prendre la bleu, en honneur à ma défunte robe d'arrivée. Tu me suis, tu prends la jaune, tu fais ce que tu veux ! Si on est séparé, et quoi qu'il arrive, je retournerai à la fontaine. »

Un sourire. Et en avant.

Vodka regarde les runes aussi, pensif. Bleu ou jaune hein ? Mais pourquoi la rose restait-elle rose de chaque coté ? La décision de son amie fut rapide et sans raisonnement. Il lui sourit un peu.

"On se retrouve à la fontaine alors. Je prends la jaune."

Pourquoi ? Et bien... les deux signes ne devraient-ils pas être les mêmes ? Comme pour le rose ? Dans ce cas, il manquait du bleu du côté jaune. C'était la couleur de la fiole non ? Ses pensées étaient peut-être fausses mais c'était ainsi... Leurs routes se séparaient mais ils se retrouveraient bien vite. Sans plus d'hésitation, le yéti s'élança à droite.

Spoiler:

La vérité, c’est qu’à Nulle Part, rien n’est fait au hasard. Tout est prémédité, chaque décision entraîne une certaine fatalité. Alors que Vodka se dirige droit vers le Repaire des Statues, le destin de Lou devient vite plus malheureux. La boue est agitée de remous tout autour d’elle. Quelque chose bouge. Quelque chose de rapide. Et en un instant tout son corps se retrouve enserré, lacéré par des ronces. Des épines s’enfoncent profondément dans sa peau faisant couler son sang. Elle est alors traînée sans ménagement, et expulsée littéralement sur les rails du métro.

Spoiler:

Spoiler:

Elle avait fait un signe de main au yéti et avait avancé. Elle espérait presque que son chemin à lui soit le bon, que cette foutue fiole soit rendue une bonne fois pour toute. Qu'il n'y aurait rien au bout du siens. Alors quand l'eau s'agite, quand en sort les ronces, elle a nœud dans le ventre, comprend presque.

« Ha ha. Mauvaise pioche ? »

Et elle sait instinctivement qu'elle allait avoir mal. Très mal. Et ça ne loupa pas, elle se retrouva en une secondes à peine, lacérée, déchirée. Lou ne cherche même pas à se défendre, ni à se débattre, consciente que la situation ne ferait qu'empirer. Et quand elle est emmenée, elle sent ses vêtements qui résistent vaillamment, oui, mais ça ne l'épargne pas pour autant. Ça lui arrache une larme de douleur.

Et elle est traînée, traînée...

... jusqu'aux rails

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