« Poussé par une force invisible, j’étais, sur cette question plutôt existentielle, sorti de l’avion. Car oui. Il ne s’agissait pas d’une simple maquette ou que sais-je, mais d’un véritable Airbus A340. Ce n’était sans dire l’irritation qui me brûlait la gorge, car entre-nous, connaître le nom d’un avion et savoir qu’il possède exactement 275 places alors qu’à côté, on est incapable de se souvenir ne serait-ce de son prénom ou de son âge… C’est plutôt. Hm. Exaspérant. Enfin, passons. Adossé à la carcasse métallisée, je commençais par fouiller mes poches. Une carte téléphonique. Eh beh. Même pas fichu d’avoir un portable ? Je me l’étais fait voler ou quoi ? Mon petit nuage noir s’agrandissait à la vitesse de la lumière, jusqu’à ce que je tombe sur quelque chose de plutôt imprévu. Une arme. Étrangement, un sourire fleurit sur mon visage, entre le sinistre et l’enjoué. Comme si à la vue de cet objet, mon corps trouvait quelque chose de plus que familier. J’étais quoi dans la vie ? Dealer ? Surement pas. Vu mes fringues, plutôt du côté héro de la justice, non ? Filc, c’était un bon compromis. J’avais jamais été pour ce culte du grand et gentil prince arrivant sur son cheval blanc pour sauver le monde entier. Agir à demi dissimulé, c’était déjà plus stylé. Je caressais sa surface d’un air dégagé, sentant une certaine tension me parcourir. Le gardant à la main, je partais à la recherche d’un dernier indice dissimulé dans les profondeurs abyssales qu’étaient mes poches et y découvrais un trousseau de clés. Il y avait même un masque porte-clef. C’est plutôt sympa, ça, non ? Réprimant un énième sourire qui dissipait peu à peu mes grincements de dents, je le rangeais et me mettais à marcher. Ce lieu était blasant, l’inconnu très peu excitant et l’horizon loin et fatiguant. Mes manies d’homme enjoué revenaient au triple galop, et remettant l’arme en lieu sur, alias, pas dans ma main, je me mettais en marche. Houhou, quel humour.

…

Je foutais quoi ici, au juste ?