Come on, let's dance

 12h - 14h

Le garçon passe la main dans ses vêtements, comme poru saisir quelque chose, devant cet étrange spectacle. Pendant un instant, son expression se fait surprise ; mais il récupère très un air neutre semblable au mien où à celui de Loki. On ne pouvait pas être dupe, un tel spectacle ne laissait pas grand monde indifférent. Mais nous jouons tous au plus fort.

« Car votre présence à vraiment changé quoi que ce soit à son destin ? »

J’hausse les sourcils. Son destin ? Il utilise de biens grands mots. Surtout qu’il ne sait pas de quoi il parle. Ici, il semble que quoi que l’on fasse, on ne peut pas avoir d’influence sur ce qu’il nous arrive. Mais je vais vite changer ça. Il est inutile de s’encombrer de compagnon, alors je laisse ce garçon s’en aller sans remord. Si déjà tout est tellement étrange qu’on a du mal à contrôler ce qu’il se passe autour de soi-même, je ne tenais vraiment pas à avoir à m’inquiéter pour d’autres. Le visage d’Ironie passa un instant dans mon esprit ; l’exception qui confirme la règle. Quant à Loki… Eh bien il n’a pas besoin qu’on veille sur lui, ce qui est parfait.
Je ne suis même pas surprise quand je croise d’ailleurs son regard froid. Je savais qu’il n’allait pas partir dans de grands élans mélodramatiques, aussi je n’ai aucun mal à prendre sur moi son ton glacial et son attitude toute aussi froide. Comme une vieille habitude. Et je le comprends, je comprends sa réaction ; il a ses affaires, j’ai les miennes. Si je n’y avais pas été obligée, jamais sans doute je ne lui aurai dit pour mon propre passé.
Cela dit, je retiens un soupir à grand peine quand je le vois s’éloigner, marchant vers une rue au hasard –personne ne sait où il va, dans cette Ville. Ou du moins, j’en doute-. Finalement, le soupir passe la barrière de mes lèvres. Ce n’est pas que je cours après la facilité, mais je ne dirais pas non à une solution simple et aisée pour quitter cette Ville maintenant et avec tous nos souvenirs, comme si de rien n’était.
Deux cadavres, le souvenir d’un mort.
Bon d’accord. Comme si de rien n’était est une bien grande expression vu tout ce à quoi j’ai eu droit en l’espace de quelques heures, depuis mon arrivée. Tous ces morts. Je me secoue. C’est inutile d’y penser maintenant.
Sans me presser, je suis Loki, d’une démarche féline à peine plus rapide que la sienne, juste assez pour revenir à sa hauteur au bout d’un moment. Je laisse mes pensées vagabonder d’une idée à l’autre, le temps de laisser à Loki le loisir d’être maussade avec cette rencontre avec son frère –qui n’avait pas semblé le réjouir-.
Alors qu’une nouvelle pensée me traversait l’esprit, je relevais la tête.

« Les souvenirs, commencé-je, le regard toujours droit devant moi sur la rue où se succédaient les maisons, ils me sont arriver quand je faisais ou disais quelque chose qui peut ressembler à mon passé. Est-ce que c’était ton cas aussi ? »

J’avais bien une idée derrière la tête. Il fallait juste qu’il ne soit pas toujours morose, sinon je ne m’y risquerais pas. Alors ma question était autant pour avoir une réponse que pour vérifier cela.

HS:

« Je pense ... Non. Je suis sûr que tu as raison. Mais ça ne nous mène pas à grand chose, isn't it ? »

Je retiens un sourire quand Loki me répond, mon idée prenant définitivement forme alors que nous continuons à avancer. Comme je sens son regard descendre vers moi, je résiste à cette envie. Mais l’éclat qui s’allume dans mes yeux, lui, je ne peux pas le cacher.
Il ne se rendait même pas compte de la perche qu’il me tendait, de la facilité qu’il me donnait. Je profitais qu’il soit tourné vers moi pour faire un pas plus long que l’autre et m’arrêter devant Loki, lui coupant la route.
Alors que je m’approchais dangereusement de lui, prête à refouler le moindre sentiment de la part de mon étrange et intuitive attitude anti-Loki –qui heureusement restait toujours muette pour le moment-, je réponds, un sourcil levé :

« I think it is, precisely. »

Même dressée sur la pointe des pieds, Loki restait un rien trop grand, et alors que je pouvais sentir nos vêtements s’effleurer, je passais une main derrière sa nuque pour attirer son visage jusqu’au mien. Comme dans un ancien songe, et tel un besoin vital insoupçonné, mes lèvres trouvèrent les siennes. C’était comme lorsque j’avais reçu des brides de mes souvenirs, lorsque je m’étais souvenu de mon prénom. Cette simple sensation me rappelait mon passé, presque autant que l’aurait fait une de ces étrange boules lumineuses. L’impression de retrouver quelque chose.

Spoiler: