Les Débilos prennent le bain

Et le souvenir s'inscrit dans la mémoire de Vodka, pièce manquante d'un puzzle totalement éparpillé...

Vodka:

Il touche le souvenir, finalement. Son ami semble avoir hésité, comme craignant que ce soit encore une mauvaise nouvelle, mais il a touché. Lou comprend -du moins l’imagine-t-elle- ; un besoin de savoir qui il est, sans doute, ses liens d’avant, est-ce que ça vaut le coup maintenant. Elle espère que ça ne sera pas déprimant, c’est tout. Puis, si c’est le cas, le souriceau et elle seront là, non ? Alors, tout se passera bien. Elle sourit un instant, fait un pas vers Vodka... et se stoppe, regarde fixement le brun et d’un signe de doigts, montre la bouteille, elle mime de boire, lui fait des signes pour dire qu’elle le surveille.

En clair, t’as intérêt à boire et a pas tricher, elle s’en rendra compte. Les jeux, c’est du sérieux.

Puis elle trottine vers Vodka, lui attrape les mains et emmêle ses doigts aux siens. Elle lui sourit, prête à lui redonner le sourire si besoin. Qu’il sache qu’il n’est pas seul, quand il émergera.

Un Débilos ne sera jamais vraiment seul. Ça fait partit du pacte.

Ils sont inconscients. Car maintenant qu'ils ont ingérés les délicieux plats, leur ventre en réclameront toujours plus. Et doucement la transformation apparaît chez Lou. Des oreilles très fines et pointues, d'une couleur rousse flamboyante. Ainsi qu'une queue touffue et qui remonte. Sa taille diminue, elle a déjà perdu dix centimètres.

Bon, ça n'a pas raté. Aussitôt dit, Lou engloutit à son tour la nourriture qui leur tend les miettes sur le sol. Une fois de plus, il ignore la question concernant son nom. Trop absorbé par le souvenir qui est apparut devant Vodka -que celui-ci finit d'ailleurs par toucher- et par la transformation qui s'opère chez Lou alors que celle-ci tient les mains du blond. Évidemment qu'il avait raison, et que c'était bien la nourriture à quoi ils devaient ces effets étranges. Les paysans l'avaient sous-estimé, mais il comptait bien prouver à tout le monde qui avait le cerveau, dans le groupe. Devant le regard de Lou, il jette un œil à la bouteille qu'elle lui a mit dans les mains quelques instants plus tôt. Est-ce qu'il doit vraiment boire ça ? Il sait parfaitement ce qui se passe quand il boit trop. Mais la rouquine n'a pas l'air de plaisanter.

Alors doucement, il porte le goulot à ses lèvres, et le liquide envahit sa gorge, brûlant tout sur son passage, y compris ses appréhensions. Une deuxième gorgée ne tarda pas à suivre la première. Au pire du pire, il serait toujours dans un meilleur état que les deux loques effondrées dans le coffre de la voiture, alors pas de crainte. « Tu devrais voir ta tête. J'vous l'avait dit, que c'était cette bouffe ! » lança-t-il à Lou, tout en plaçant la bouteille dans les mains de Vodka -un p'tit coup pour le retour, ça ne ferait pas de mal !

Dieu a toujours raison.

Et à nouveau, dans une sensation qui devenait presque familière maintenant, le souvenir reprit sa place dans sa mémoire. Mikhaïl réalisait que d'autres personnes comptaient dans sa vie et cela lui faisait chaud au cœur. Il connaissait cette femme d'ailleurs... Il l'avait déjà vu. Elle lui avait sauvé la vie lors de sa noyade. Rouvrant les paupières, la surprise le saisit en voyant ses deux amis autour de lui. S'inquiétaient-ils qu'il ne déprime à nouveau ? Entouré comme il l'était, cela n'était vraiment pas une option. Un léger sourire s'étira sur ses lèvres et ses doigts serrèrent un peu plus fort ceux de la rouquin dans un remerciement silencieux. Celle-ci ne tarda pas à se transformer d'ailleurs ce qui lui arracha un rire avant de se retrouver la bouteille dans les mains.

"C'est vrai que là ! T'as rétréci en plus planche-à-pain ! Quoique c'est plutôt la renarde maintenant j'pense."

Portant le goulot à ses lèvres, il avala une gorgée rapidement suivie d'une autre avant de la remettre dans les mains de la seule femme éveillée du groupe. Quelle belle bande ils faisaient... Un yéti, un rongeur et une renarde... La pensée le fit de nouveau rire et il retourna s'installer vers la bouffe.

"Bon... Ca prend trop de temps d'être vraiment bourré, c'est pas une bouteille qui suffira et j'ai envie de voir en quoi je me transforme moi !"

Il avait vraiment envie de tester même si c'était stupide de sa part. De toute façon, l'intelligence n'était pas son point fort et son estomac réclamait davantage de nourriture donc il saisit une poignée pour la manger, souriant bêtement.

« Quoi ma tête ? Quoi ma taille ? » Lou touche, s'agite, s'interroge. Ses petites oreilles bougent au fil de ses émotions, sa queue frétille énergiquement. « Oh Put... ! »

Dans le bordel roux que sont ses cheveux s'est glissé un panache tout aussi roux. Et non, ça ne la fait pas rire. « Mais. C'est. Géniaaaaal !! » Ça l'émerveille par contre. Elle tourne sur elle même, touche, tire un poil et rigole, toute contente de sentir le picotement provoqué. Elle va vers Biscuit, admire son reflet dans un rétro et touche ses nouvelles oreilles. Non, et puis, ce panache ! Elle le saisit et l'enlace délicieusement.

« Et c'est super douuuuux ! Par contre, t'as aussi du poil dans les yeux, c'est une queue d'écureuil, ça monsieur ! Le renard, c'est blanc au bout. »

Et ça relève sa chemise à mort, dévoilant son popotin à qui veut le voir, note-t-elle. Ah, temps de s'habiller. Des affaires qu'elle a chipé, Lou prend un pantalon marron dont elle arrange le dos pour laisser passer son nouveau plumeau, elle enroule les jambes pour ne pas les faire traîner et passe une ceinture qu'elle serre à la taille. Toujours trop grand, elle ajoute des bretelles pour que ça tienne un peu mieux et reprend la pochette qu'elle avait à la cuisse et l'accroche de nouveau. Histoire de garder ses crochets, un truc cool du passé. Le ruban qui lui servait de serre tête, elle l'attache autour du col de sa chemise, puis chausse des baskets en toiles à ses pieds. Trop grandes aussi. Faudra faire avec, c’est mieux que pieds nus.

« La taille, c'est pas sympa, par contre, je suis déjà pas très grande, j'vais bientôt faire un mètre nain. Ou m'habiller dans le rayon enfant. »

Elle déchire aussi deux bandes de son ex-robe, non sans un espèce de pincements au cœur et va s'asseoir sur le bord de la fontaine, près de Vodka qui mange encore. Là, elle entreprend de s'attacher tranquillement les cheveux en deux tresses. Elle se concentre assez pour se taire, le temps de quelques secondes. Elle sent l'addiction qui lui tord le ventre, mais il n'y a rien qui énerve plus Lou que l'obligation, dut-elle venir de son propre corps. Alors, elle essaye de se changer les idées.

« Dîtes, si on est séparé, on se retrouve ici, ok ? Pour pas être séparés longtemps. Elle est pas mal cette fontaine... Quoi qu'un peu ennuyeuse, là, maintenant. On bouge ? »

Il avait l'impression d'être avec des enfants, dans un grand jeu de rôles, un jeu de rôles grandeur nature. Sauf que les costumes d'animaux ne s'enlèveraient plus jamais. Sauf que tout était vrai. Il observa d'un air inquiet ses oreilles dans une des vitres de la voiture. Bon sang, c'était pas de la blague. Quand aux petits crocs dans sa bouche... Comment faisaient donc ces deux idiots pour rire de la sorte ? Enfin, c'était bien pire que d'en rire : ils jouaient avec le feu. Voilà Vodka qui prenait de nouveau une bouchée de cette délicieuse nourriture. Attendez... Délicieuse ? Cette pensée empli le jeune homme d'horreur. C'est vrai que c'était bon. C'est vrai qu'il en avait fichtrement envie, lui aussi, de retourner se gaver. Non, impossible !

Les mains devant les yeux, il entreprit de rejoindre à l'aveugle Lou et Vodka sur le rebord de la fontaine. Il ne regarderait pas le nourriture, et n'en aurait donc pas envie. Le plan était parfait. Il écouta la rouquine se plaindre de sa taille, puis, plus sensé, leur parler de se retrouver s'ils se perdaient. « Pourquoi, tu veux te perdre ? ». Il n'avait pas vraiment réfléchit avant de parler. Lui, en tout cas, ne comptait pas les perdre, mais alors pas du tout. Il ramena ses genoux sous son menton, fixant pensivement le blond qui continuait de s'empiffrer. « Tu devrais arrêter, tu sais. Tu vas mal finir. Personne a envie de fréquenter un... un yéti. Enfin. Si on bouge, je vous suis ».

Peu importe où ils iraient.

Étirant ses membres poilus, l'ancien blondinet quitta le bord de la fontaine, balançant la fin de sa bouffe dans l'eau. Quoiqu'il en dise, Dieu avait raison et l'envie croissante pour cette nourriture lui déplaisait. Il était pas venu pour devenir accro... Approchant du petit brun, Vodka ouvrit les bras pour l'attraper et le câliner mais se stoppa dans son mouvement pour ne pas l'énerver.

"Mes calins sont ultra doux maintenant ! Mais tu veux pas tester j'parie ?"

Ricanant stupidement comme à son habitude, il glissa ensuite sa main dans sa poche pour en sortir la fameuse fiole bleue.

"J'dois ramener ça dans les égouts moi... Donc soit vous venez avec moi, soit on se retrouve ici demain. Comme vous préferez."

Il ne les forcerait pas à venir dans les égouts bien qu'il apprécierait leur présence lors de ce trajet fort en souvenirs et mauvaises odeurs.

Ils sont tout les trois, là, tranquilles. Lou se colle contre Dieu et tente de l'enrouler avec sa nouvelle queue panachée, langue tirée de concentration, mais c'est compliqué. Le nouvel appendice ne répond que par des tremblements, ses oreilles se couchent de concentration sans qu'elle ne s'en rende compte. Mais elle s'arrête quand les deux se mettent à parler.

« Je veux pas me perdre. Mais je veux pas vous perdre non-plus : trouver des amis, c'est vraiment pas évident ici. T'étais pas là, cette nuit ? J'étais dans un musée, avec un autre garçon, Vinci. Il était super gentil et soudain, on s'est tous endormi et aux réveil... j'étais sur une pelouse et sans Vinci... et sans chaussures. »

J'aimerai bien le retrouver aussi, pense-t-elle. Le retrouver ici. Elle regrette de ne pas avoir donné de point de rendez-vous à Vinci (les chaussures, elle s'en fiche), elle ne fera plus la même erreur. Une petite pointe sombre s’immisce en elle, doucement, mais ça va, Lou n'est pas fragile. Elle se reprend vite.

« Moi je veux bien un câlin-tout-doux-tout-touffu ! » elle écarte les bras, joyeuse. Dommage qu'il parle vite d'égout. « Des égouts. Ouaiiiiis, je rêve d'aller dans des égouts, surtout maintenant qu'on est propre. C'est vraiment une idée fixe, tss. T'as pensé à ta belle fourrure dans les égouts aussi, hein ? »

Tu le sens le sarcasme ? Pourtant, Ok, c'est une destination comme une autre et Lou est un peu curieuse face à cette fiole. Alors, elle prend la main de Dieu, attrape celle de Vodka et les lève de toute sa hauteur de petite bonne femme.

« On en est ! Les Débilos n'ont pas peur d'un peu de crasse ! Puis puis puis, on est bien plus débile à plus ! »

Vrouum vrouuuuum

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» Les Débilos font un bûcher funéraires Viking du pauvre.

Les Débilos prennent le bain

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